Économie

Thibert : une entreprise en croissance soutenue

le samedi 28 septembre 2019
Modifié à 16 h 30 min le 19 août 2019
Par Patricia Blackburn

pblackburn@gravitemedia.com

Tout a commencé il y a un peu plus de 40 ans, dans un petit appartement du boulevard Vanier à Châteauguay. Robert Thibert s’est lancé dans la distribution d’un seul produit destiné au marché québécois. L’entreprise, qui se spécialise entre autres dans la distribution de pièces automobiles et la conception de roues, gère aujourd’hui 500 employés dans des bureaux répartis d’un bout à l’autre du Canada. Christian Thibert, fils du fondateur, qui a repris la présidence de l’entreprise il y a quatre ans, vise maintenant une expansion aux États-Unis. Pouvez-vous nous raconter comment tout a commencé pour Thibert? Mon père a commencé la distribution de pièces en 1976, avec un seul produit : un garde-boue en caoutchouc. À cette époque-là, tout était en plastique et cassait l’hiver. Ce produit était donc plus adapté à notre climat.  Il a ajouté progressivement d’autres produits à sa ligne. Depuis, la compagnie connait une croissance continue. On a maintenant 500 employés, des bureaux partout au Canada, en plus d’un centre de distribution récemment ouvert aux États-Unis, dans l’état de New York. On est aussi le franchiseur pour le Docteur du Pare-Brise, compagnie qu’on a fondée il y 30 ans. De quelle manière la compagnie se distingue-t-elle de ses concurrents ? Notre force, c’est notre chaîne d’approvisionnement en Asie et notre logistique d’entreposage et de distribution. Nos représentants (les équipes de ventes et d’acheteurs) constituent un autre de nos forts atouts. Qu’est-ce qui explique, selon vous, cette croissance continue de l’entreprise depuis plus de quarante ans ? Nous travaillons dans un domaine qui se transforme continuellement. Il a donc fallu s’adapter aux divers changements qu’on a traversés et qu’on traverse encore. D’abord, tous nos produits ont un cycle de vie. Les démarreurs à distance, par exemple, qui ont été populaires il y a quelques années, le sont moins aujourd’hui. C’est maintenant la voiture électrique qui gagne du terrain. L’arrivée des lumières DEL est un autre exemple. Ensuite, il y a eu des adaptations au niveau du marché. La première grande adaptation qu’on a dû faire s’est produite il y a environ 20 ans, avec l’approvisionnement de nos pièces en Asie. Ç'a été un très gros choc. Au début, presque personne là-bas ne parlait anglais, ce qui rendait la communication extrêmement difficile. Internet était peu développé, on fonctionnait encore par fax… Aujourd’hui, c’est plus facile, les nouvelles générations en Chine parlent généralement l’anglais, et les usines ont beaucoup changé. Avant, c’était très manuel. Maintenant, c’est robotisé. Ils ont un contrôle de qualité des produits aussi élevé qu’ailleurs. Et ce n’est pas fini. Actuellement, on doit s’adapter à une autre réalité :  celle du commerce en ligne, tel Amazon, qui a tout, mais vraiment tout changé. On a dû s’adapter au niveau de la rapidité, de l’entreposage. On a été forcé d’ouvrir la fin de semaine, en plus de mettre sur pied une équipe de TI. Quels sont les prochains défis pour l’entreprise? L’accès aux États-Unis. On vise trois à cinq nouveaux endroits d’ici les prochaines années. On a encore beaucoup à faire, parce qu’on arrive dans un marché où la concurrence est plus grande. Ici, on est considéré comme un gros joueur, là-bas, nous sommes parmi les plus petits ou les moyens. Mais on mise sur nos marques maison, comme notre modèle RTX dans la roue, pour se démarquer. Puis il y a l’effet nouveauté. On arrive sur le marché comme le petit nouveau, bien qu’on ait déjà beaucoup d’expérience… Le changement récent du nom de l’entreprise pour «Thibert», plutôt que «Robert Thibert», a été fait dans cette visée. C’est un nom qui fait plus international, selon nous. Et qu’en est-il de l’effet «Trump» sur vos affaires? Trump? Ça vient mettre du piquant dans nos journées. Mais en règle générale, on est tous (nous et nos concurrents) pris avec les mêmes défis lorsqu’une nouvelle règle est imposée. Aux douanes par exemple, s’il y a une hausse de tarif, tout le monde doit composer avec cette hausse de la même manière.

Inspirée par l’hiver

Après avoir développé son marché avec un garde-boue en caoutchouc plus résistant à l’hiver, Thibert mise une fois de plus, 43 ans plus tard, sur le climat québécois pour se diversifier. L’entreprise vient d’investir dans une compagnie qui commercialisera un nouveau type de thermopompes plus résistant au climat nordique. [caption id="attachment_68285" align="alignright" width="293"] Le fondateur de l’entreprise Thibert, Robert Thibert, avec sa conjointe Guylaine Robert, lors du lancement et de la certification de la thermopompe Ultra Heat de TOSOT, à Montréal le 20 juin.[/caption] «En fait, spécifie le président de Thibert, Christian Thibert, nous prendrons en charge l’entreposage et la distribution du produit. Mais une compagnie indépendante, Bathica, vient d’être créée pour s’occuper spécifiquement de la vente de ces thermopompes murales», précise-t-il.  M. Thibert est l’un des trois actionnaires de cette nouvelle compagnie, avec Sébastien Barbeau et Guillaume Caillé, ce dernier assumant la présidence. Cette association avec Bathica ajoute une corde de plus à l’arc de Thibert. «Nous vendions déjà des thermopompes à l’occasion, notamment pour nos clients de véhicules récréatifs, indique M. Thibert. On voulait pousser cette ligne. Pour nous, c’est un moyen de diversifier notre réseau de distribution ». Quant à la similitude entre ce nouveau produit, plus adapté froid, et le garde-boue qui est à l’origine de la fondation de l’entreprise par Robert Thibert il y a 43 ans, Christian Thibert indique qu’il s’agit d’un «heureux hasard». «Je n’y avais même pas pensé!» a-t-il réagi.  

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