Actualités

Trois questions sur la vaccination à Kahnawake

le vendredi 14 mai 2021
Modifié à 15 h 45 min le 26 mai 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Alors que le Québec continue sa ruée vers la vaccination de masse, la communauté de Kahnawake a déjà complété sa première phase d’inoculation. Environ 74% de sa population adulte et 70% des jeunes de 16-17 ans ont reçu leur première dose du vaccin. Tous les intervenants de première ligne qui travaillent sur le territoire ont reçu leurs deux doses. Le Soleil de Châteauguay s’est entretenu avec Lisa Westaway, la directrice générale du Centre hospitalier Kateri-Memorial et membre du Comité d’action contre la COVID-19 de Kahnawake, pour savoir comment cette première phase s’est déroulée. Les réponses ont été éditées pour faciliter la lecture. [caption id="attachment_104115" align="alignleft" width="444"] Lisa Westaway, la directrice générale du Centre hospitalier Kateri-Memorial et membre du Comité d’action contre la COVID-19 de Kahnawake.[/caption] Quelle a été votre impression de cette première phase de vaccination ? La première phase a super bien été. C’est certain qu’au début, il y avait un petit peu de réticence dans la communauté. Par contre, on a eu un très beau plan de communication, un plan d’éducation et de transfert de connaissances. À cause du niveau de risque, on a beaucoup travaillé d’une façon communautaire. Toutes nos organisations travaillent ensemble pour créer une équipe spéciale d’urgence pour vraiment éduquer et faire des mises à jour sur ce qui se passe. On aussi a créé notre propre Santé publique locale. Donc, on a vraiment fait toute la gestion des cas nous-mêmes. En termes de communication, c’est essentiel parce que notre première langue c’est l’anglais. Être capable de communiquer en anglais, c’est très important, donc on a fait ça nous-mêmes. Quels sont les facteurs de risque pour la communauté ? Des maladies chroniques non contrôlées comme le diabète, les problèmes cardiaques. Nos taux de diabète sont trois fois plus hauts que dans la population québécoise. Ça nous met beaucoup à risque. On a un très haut taux de pauvreté. L’organisation de notre logement est quand même aussi très différente: des liens très proches entre les multiples générations de familles ; les gens qui habitent très proche   un de l’autre ou des multiples générations qui habitent ensemble. Nos liens parentaux sont très différents de la communauté générale, on voit notre famille trois fois par jour parfois. Les petits-enfants sont souvent chez les grands-parents. Donc, ça, ça augmente la possibilité du taux de transmission du virus. On a aussi un haut taux de problèmes psychosociaux, et notre pourcentage de personnes de 70 ans et plus est très haut comparé à la population générale aussi. Donc, on a un haut taux de personnes vulnérables. Aussi, on a trois résidences, un CHSLD, un RI puis un RPA. Dans une très petite communauté de 8 000 personnes, c’est quand même beaucoup. Le fait que ce travail de la protection de la communauté, c’est aussi une protection de notre culture et de notre langue, parce que la culture et la langue sont vraiment chez les personnes les plus âgées. C’est eux qui détiennent cette connaissance pour la transférer aux plus jeunes, donc c’est très important de les protéger pour cette raison-là aussi. Pouvez-vous me parler un peu plus de la décision de vacciner les jeunes ? On voit dans la province qu’il y a beaucoup d’éclosions dans les écoles. On voulait donner toutes les chances possibles à notre communauté de les protéger. Comme je l’ai mentionné, nos jeunes sont souvent avec leurs grands-parents, donc un jeune qui a la COVID, ç’a un impact durable sur la communauté à cause des liens très proches entre les familles de multiples générations. À lire: Kahnawake passera en zone orange