Actualités

Tumeur cérébrale: un traitement expérimental fait diminuer sa tumeur de plus de 75%

le mercredi 13 septembre 2017
Modifié à 0 h 00 min le 13 septembre 2017
Par Patricia Blackburn

pblackburn@gravitemedia.com

Karl Lefebvre, un garçon de huit ans de Châteauguay, est le premier au Québec à avoir subi un traitement expérimental de première ligne pour combattre une tumeur bénigne au cerveau. Une tumeur dont la taille a diminué de plus de 75% sans chirurgie, grâce au traitement.

L’histoire débute il y a deux ans, alors que Karl, âgé de 6 ans, tombe d’une balançoire. Il se plaint d’une douleur au bras, que ses parents attribuent à sa chute. Or la douleur persiste et l’enfant est dirigé par son médecin à l’hôpital de Montréal pour enfants (Children).

On lui fait subir une tomodensitométrie (scan) qui ne révélera pas ce à quoi les parents s’attendaient. «On nous a annoncé que la source de la douleur était un «gangliogliome», une tumeur bénigne au cerveau qui avait une taille de 14 cm, très difficile, sinon impossible à opérer», raconte Josée Grenon, la mère de Karl. Cette nouvelle a été un choc difficile à encaisser, poursuit-elle. J’étais détruite. Mon conjoint, lui, souhaitait pouvoir changer de place avec Karl», se remémore-t-elle.

Traitement expérimental

La famille a toutefois  été chanceuse dans sa malchance. Car deux médecins de l’hôpital, le Dr Jean-Pierre Farmer, neurochirurgien, et la Dr Nada Jabado, hémato-oncologue, ont proposé que Karl se soumette à un traitement expérimental. Traitement qui résulte d’une découverte récente du Dr Jabado, qui a constaté aux cours de ses recherches qu’une mutation présente dans un certain type de cancer de la peau (mélanome) est la même que celle qui est présente dans un sous-ensemble de tumeurs cérébrales («gangliogliomes»), explique-t-on dans Le Children magazine, une revue de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Les deux docteurs ont donc voulu essayer de traiter les enfants atteints de «gangliogliome» avec le médicament normalement administré aux patients atteints du cancer de la peau. Un médicament qui a déjà fait ses preuves.
Deux autres enfants ont subi le traitement avant Karl, mais en dernier recours. C’est-à-dire qu’avant de le recevoir, ils avaient déjà subi une chirurgie et des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie qui s’étaient avérés inefficaces. Karl a été le premier à suivre ce traitement «prometteur» en première ligne. Et dès les premiers mois, les médecins ont observé une diminution significative de la taille de sa tumeur. Près de deux ans plus tard, la tumeur a fondu à plus de 75% de sa taille initiale, nous dit Mme Grenon.

Presque sans effet secondaire

Le traitement consiste à avaler un simple comprimé deux fois par jour. Et il n’y aurait, selon la mère de Karl, pratiquement aucun effet secondaire. Le plus marquant des effets observés est celui des cheveux de Karl, qui sont soudainement devenus tout frisés.

«Je remercie la vie tous les jours, car ce traitement lui a permis de reprendre l’école et une vie normale très rapidement. Nous vivons maintenant en profitant du quotidien, en espérant que la tumeur reste stable», confie-t-elle avec un mélange d’émotions et de reconnaissance.

Quant à Karl, un grand gaillard spontané et vif d’esprit, sa plus grande appréhension à l’approche de la fin de son traitement, qui devrait cesser dans les prochains mois, est «de ne plus être aussi célèbre qu’avant». Car depuis les deux dernières années, il a fait l’objet de plusieurs articles dans les journaux et les revues médicales.

Reconnaissants pour un voyage à Walt Disney World

La vie publique de Karl n'est pas pour autant terminée. Il sera prochainement le porte-parole officiel de l’événement 48 HEURES VÉLO, qui sert à recueillir des fonds pour l’organisme Fais-Un-Vœu Québec (Make-A-Wish).

Sa famille et lui ont profité d’une voyage à Walt Disney World il y a quelques mois. Un voyage qui était le vœu de Karl, et qui a été réalisé par l’organisme pour lequel il sera porte-parole. «C’était tellement mémorable qu’après l’avoir vécu, on s’est dit qu’il fallait redonner au suivant, confie Mme Grenon. Nous avons donc accepté que Karl participe à l’événement de financement cette année. Nous trouvions important de raconter notre expérience pour que les gens sachent que les dons qu’ils font à l’organisme servent bien les enfants malades et leur famille», dit-elle.

Le 48 HEURES VÉLO est l’événement de collecte de fonds le plus important de l’organisation, qui précise que tous les fonds recueillis au Québec sont destinés à réaliser les vœux d’enfants du Québec. Il aura lieu cette année les 15-16-17 septembre à Mirabel.

Présent dans près de 50 pays, Make-A-Wish a réalisé plus de 415 000 vœux depuis sa création en 1980.