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Un transport adapté qui ne l’est pas

le mercredi 27 juillet 2022
Modifié à 19 h 47 min le 30 juillet 2022
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Michel Sanscartier utilise le transport adapté trois jours par semaine pour se aller à ses traitements de dialyse. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)

Une dame arrive avec deux heures de retard à son traitement de dialyse. Un patient âgé fait des crises d’angoisse tant l’attente est longue pour le retour à la maison. D’autres attendent sans savoir l’heure réelle d’arrivée du transport. Bienvenue dans le quotidien des usagers du transport adapté à Châteauguay.

Le Soleil de Châteauguay avait rapporté en mars que des usagers subissaient d’importants retards depuis qu’exo a pris le relais du service, en février. Six mois plus tard, la situation ne s’est pas améliorée, assure Michel Sanscartier, un Châteauguois qui doit utiliser le service trois jours par semaine pour aller à ses traitements de dialyse au Centre de santé Desjardins à Châteauguay, situé à cinq kilomètres de son domicile.

Pour utiliser le transport adapté, l’usager doit faire une réservation à une heure précise. «Mais ils disent qu’ils ont droit à une demi-heure de jeu de retard», mentionne-t-il.

Dans son cas, il termine sa dialyse à 11h45. Il descend ensuite au rez-de-chaussée de l’immeuble pour attendre son transport qu’il a réservé pour 12h30. Or, ce dernier arrive en moyenne entre 13h15 et 13h30, selon lui.

«Quand on a fini la dialyse, on est fatigués et on a faim. On a hâte d’arriver à la maison. Mais on ne sait jamais à quelle heure le transport va arriver. Ça nous met hors de nous autres. Ils nous traitent comme du bétail!» déplore M. Sanscartier. Il s’apporte maintenant des collations et doit trainer ses médicaments avec lui pour éviter de les prendre en retard.

Des places vides

Le Journal est allé attendre avec lui un mercredi à la fin juin. Ce jour-là, l’autobus est arrivé à 12h45, soit «tôt», selon M. Sanscartier. Un autre patient a embarqué dans le même véhicule que lui, alors qu’une dame en fauteuil roulant est demeurée à l’extérieur du Centre Desjardins. La Merciéroise avait aussi réservé son transport pour 12h30. Bien qu’il restait plusieurs places dans l’autobus, c’est un autre véhicule qui est venu la chercher à 13h. «Avant, le bus allait à Châteauguay, puis à Mercier ensuite», raconte celle qui préfère taire son nom.

Comme plusieurs, elle a fait des plaintes sans succès. «On m’a dit: Vous savez madame, c’est un service public, ce n’est pas un service privé. En voulant dire si t’es pas contente, ben va voir ailleurs. On était beaucoup mieux avec l’autre», indique-t-elle.

Avant qu’exo prenne le relais du transport adapté, c’est l’organisme Transport accès qui desservait la région.

M. Sanscartier est embarqué dans un autobus avec un autre patient en dialyse, alors qu'une dame attendait toujours son transport. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)

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Pas assez de chauffeurs

Contacté à ce sujet, exo a dit être au courant du problème dans le secteur. «On a des enjeux de ponctualité en ce moment. On n’est pas heureux de ça, mentionne Jean-Maxime St-Hilaire, conseiller aux relations médias chez exo. On sait que c’est une clientèle qui a vraiment besoin de ce service-là.»

Selon M. St-Hilaire, la situation s’était améliorée au printemps après un début difficile. Il attribue les enjeux actuels de retards à une pénurie de chauffeurs sur l’ensemble du territoire d’exo. « Si au même moment plusieurs personnes demandent un service de transport adapté, c’est sûr qu’on n’a pas assez de chauffeurs ni de véhicules sur le terrain pour parfois arriver constamment à l’heure», indique-t-il.

Questionné à savoir pourquoi certains autobus repartent avec des places vides alors que des clients partent du même endroit, le porte-parole d’exo a expliqué que c’est un logiciel qui collige les informations et optimise les déplacements. 

«On travaille à tous les jours avec le transporteur pour trouver des manières de faire des nouvelles embauches pour améliorer la situation. C’est le nerf de la guerre», affirme-t-il.

Il assure que les plaintes sont traitées «jusqu’au bout». «Chaque fois qu’on est mis au courant d’une situation, un processus est mis en branle et ont fait le suivi», dit-il.