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Une élève rapproche jeunes de Châteauguay et de Kahnawake
le samedi 26 janvier 2019
Modifié à 15 h 19 min le 28 septembre 2019
(English Follows ) Aya Ajridi, une élève de cinquième secondaire du programme international de l’école secondaire Louis-Philippe-Paré à Châteauguay, a réuni, le temps d’un après-midi, des élèves de son école à ceux de l’école secondaire Kahnawake Survival School. Une activité, dit-elle, pour rapprocher la communauté mohawk de celle non autochtone de Châteauguay.
« Plus de 25 ans après la crise d’Oka, on ne peut pas dire que les tensions sont réglées. Il n’y a jamais vraiment eu d’échange entre elles autant sur le plan commercial que dans la vie sociale. On est exposé aux problèmes des adultes et si ce n’est pas nous [les jeunes] qui faisons le changement, personne ne va le faire », a lancé la jeune de 16 ans, qui espère que son initiative se reproduise malgré son entrée au cégep l’an prochain.
À l’été 1990 jusqu’au 26 septembre, des Mohawks ont bloqué des routes, dont le pont Mercier, pour s’opposer à l’agrandissement du golf d’Oka sur des terres ancestrales revendiquées par la communauté autochtone.
Aya Ajridi explique que le sujet de la relation avec les Autochtones n’est pas traité à la maison. Née au Québec de parents marocains, elle s’est sentie interpellée par l’enjeu pendant son cours d’histoire.
« On n’en parle pas. C’est comme si l’on est aveugle face à ça. On évite le sujet, c’est comme si c’était un peu tabou », a-t-elle confié.
Le 17 janvier, à l’auditorium Serge-Boisvert de l’école Louis-Philippe-Paré, Mohawks et communauté estudiantine châteauguoise ont fait un échange culturel notamment à travers danse et musique.
[caption id="attachment_56518" align="alignright" width="374"] Les élèves de LPP ont voulu faire découvrir le succès Dégénération de Mes Aïeux à leurs invités de Kahnawake.[/caption]
Des représentants de Kahnawake ont interprété des chants traditionnels, tandis que les élèves de LPP ont entonné la chanson Dégénération de Mes Aïeux, accompagné de la traduction anglaise.
Aya Ajridi a même composé et interprété un rap dans lequel elle appelle à la réconciliation entre les deux peuples en y rappelant des faits historiques.
Tendre la main
Daisy Lahache et Okwari White, deux étudiants de Kahnawake, ont apprécié l’initiative. Ils expliquent ne pas se soucier des préjugés subsistants de l’époque de la crise d’Oka.
«Les étudiants sont vraiment accueillants», de dire la jeune Lahache. « On vous regarde comme n’importe quel être humain. Nous avons eu de belles rencontres avec des gens et aussi de plus négatives, comme pour toutes les nationalités. Va où tu dois aller, sois poli et respectueux et ça te sera retourné. »
Les deux amis veulent également tendre la main à la communauté châteauguoise.
« On ne peut pas oublier ce qui s’est passé, ça doit être su. On doit partager notre opinion et nos sentiments par rapport ce qui s’est passé au lieu de conserver une rancune. On ne peut pas haïr quelqu’un pendant si longtemps », a renchéri Okwari White.
Réconciliation par l’enseignement
Enseignante d’histoire en quatrième secondaire à l’école LPP, Marie-Claude Pouliot se fait un devoir de parler de réconciliation avec les Autochtones dans ses cours. Ce sont ses élèves qui ont profité de l’activité organisée par Aya Ajridi.
Mme Pouliot ajoute que plusieurs faits historiques font que les tensions résistent aujourd’hui.
« La Loi sur les Indiens en 1876, les pensionnats autochtones, la crise d’Oka. Il y a aussi beaucoup de préjugés d’un bord et de l’autre et des deux côtés il n’y a pas tout le temps les vrais faits qui sont donnés ce qui accentue les préjugés. Une fois que tu connais bien l’histoire de l’autre, tu peux plus la comprendre et là il y a des frustrations qui tombent », dit-elle.
Mme Pouliot insiste pour dire qu’« il y a le mot humanité à la base et que toutes les communautés devraient apprendre à se connaître pour mieux se rapprocher. »