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Une ferme laitière totalement informatisée et aux vaches en liberté

le lundi 21 janvier 2019
Modifié à 19 h 48 min le 21 janvier 2019
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

De plus en plus, la production laitière doit s’ajuster afin de garantir un produit de qualité et contrer la concurrence. À Saint-Stanislas-de-Kostka, David Cécyre a investi 3,2 M$ afin de maximiser sa ferme avec des équipements entièrement informatisés. Ces investissements ont vu la construction d’un nouveau bâtiment de quelque 45 000 pieds carrés complétée en octobre dernier, à la ferme de la route 236, maintenant dotée d’équipements à la fine pointe de la technologie. D’un troupeau de 170 têtes, l’entreprise agricole s’est développée à 230 vaches, dont 124 en lactation. Incidemment, la visite effectuée mardi nous a mis à l’évidence que la traite ne se faisait plus au petit banc et au seau de métal. «Je voulais que mon troupeau puisse vivre en liberté dans le bâtiment. De plus en plus, les consommateurs exigent une certaine éthique dans la production des aliments qu’ils achètent. Les gens sont davantage conscientisés à cet égard et j’ai remarqué que nos vaches étaient davantage productives en évoluant dans des conditions optimales», affirme David Cécyre.
David Cécyre assure le bien-être de son troupeau, avec l’aide de ses employés, Charles Couturier, Alexandrine Rajotte et Marc-André Roy. (Photo Journal Saint-François Pierre Langevin)
Dans le grand espace dans lequel elles évoluent, les vaches ont accès à quelque 230 logettes avec litière profonde où elles peuvent se nourrir et ruminer en paix, dans un environnement où la température est stable et contrôlée. Certains espaces sont réservés aux nouveaux nés et aux vaches qui viennent de leur donner naissance. La traite, à raison de deux ou trois fois par jour, s’effectue sur une base volontaire, alors que chaque bête se rend par elle-même à l’un des robots de traite disposés au centre du bâtiment. Dans l’habitacle prévu à cette fin, la trayeuse vient s’attacher automatiquement aux pis de la vache et dispose d’un dispositif autonettoyant pour assurer la salubrité de l’opération. L’appareil est calibré pour enregistrer la qualité du lait et stopper la traite au moment voulu. Cette façon de faire occasionne moins de stress chez l’animal, assure David Cécyre, car celui-ci n’est pas contraint à la traite, mais y consent selon ses besoins naturels.
La traite s’effectue par un système automatisé auquel chaque vache vient se brancher volontairement. (Photo Journal Saint-François Pierre Langevin)
Suivi en temps réel Pour les néophytes des dernières technologies agricoles, le logiciel de gestion du troupeau dont dispose la Ferme Cécyre se veut plutôt impressionnant. L’ordinateur relié à chacune des vaches via une puce électronique procure en temps réel des informations sur sa rumination, sa production laitière, ses déplacements et autres.
Un petit appareil robotisé s’assure de maintenir l’alimentation des bêtes. (Photo Journal Saint-François Pierre Langevin)
«Ces informations sont cruciales car elles nous permettent de reconnaître les problèmes qu’un animal peut avoir avant qu’on puisse s’en rendre compte par nous-mêmes. On peut donc intervenir plus rapidement en lui administrant une médication», explique le producteur. David Cécyre se réjouit de cette transformation majeure sur sa ferme laitière, malgré l’investissement que cela représente. Depuis sa mise en place le 8 octobre, sa production est passée de 34 à 37 litres par vache quotidiennement et il espère atteindre éventuellement 40 litres. Cette production est entreposée à température contrôlée, puis recueillie aux deux jours par un camion-citerne de la coopérative Agropur.
La vache Lucky 7. (Photo Journal Saint-François Pierre Langevin)
Selon lui, environ une dizaine de fermes laitières se sont dotées de ce type d’équipement dans le secteur Beauharnois-Huntingdon. Rester compétitif devant l’adversité Les pressions exercées sur les producteurs laitiers québécois, comme l’Accord États-Unis-Mexique-Canada ou le nouveau Guide alimentaire canadien n’inquiètent pas le producteur David Cécyre. Le nouvel accord de libre-échange négocié avec l’administration Trump permet dorénavant une plus grande part de marché (3,59%) aux producteurs laitiers américains, mais permet au Canada de maintenir son système de gestion de l’offre. Questionné à ce sujet, le producteur staniçois convient que les Américains ont des coûts de production moins élevés, mais il est d’avis que l’important pour les producteurs canadiens est de demeurer compétitifs, en offrant un produit de meilleure qualité.
[caption id="attachment_56478" align="alignleft" width="521"] Un logiciel est relié à chaque vache, et récupère diverses informations en temps réel sur l’animal.[/caption]
En ce sens, il n’a que des éloges face à la publicité diffusée par la Fédération des producteurs de lait. Quant au nouveau guide alimentaire canadien, qui laisse moins de place à la consommation de lait quotidienne, M. Cécyre estime que cela ne modifiera pas les habitudes des consommateurs de lait. «Je ne suis pas convaincu que les gens vont changer leurs habitudes alimentaires du jour au lendemain à cause du Guide. D’ailleurs, combien de gens buvaient leurs trois verres de lait par jour comme le recommandait l’ancien Guide ?», note-t-il. Ces deux dossiers ne faisaient pas encore la manchette lorsque le producteur a entrepris d’investir plus de 3 M$ dans la transformation de sa ferme, en novembre 2017. Néanmoins, celui-ci demeure confiant que sa production puisse encore trouver preneur et assurer l’apport en calcium de chaque consommateur.