Actualités

VIDÉOS - Une fête d'anniversaire en l'honneur des enfants des pensionnats

le jeudi 30 septembre 2021
Modifié à 11 h 06 min le 01 octobre 2021
Par Paula Dayan-Perez

pdayan-perez@gravitemedia.com

Les anciens élèves des pensionnats, maintenant âgés de plus de 80 ans, ont eu droit à du gâteau, de la musique, des cadeaux. (Photo : Le Soleil – Paula Dayan-Perez)

Des ballons, du gâteau, de la musique dansante : une fête d’anniversaire pour les enfants qui ont survécu et pour ceux qui ne sont jamais rentrés à la maison. C’est ainsi que la communauté mohawk de Kahnawake a honoré les victimes des pensionnats pour Autochtones ce 30 septembre. 

«Lorsqu'ils étaient au pensionnat, leurs anniversaires n’étaient pas reconnus, ils ne mangeaient pas de gâteau ou recevaient de cadeaux, explique une des organisatrices de l’événement, Helen Jarvis Montour. Certains d'entre eux ne connaissaient même pas leur nom ou leur âge».

Mme Montour, elle-même fille d’un survivant, organise les cérémonies de la Journée du chandail orange avec June Skye-Stacey et Curran Jacobs depuis plusieurs années. Même si la communauté commémore les victimes des pensionnats pour Autochtones tous les 30 septembre depuis 2015, c’est aujourd’hui que le Canada s’est joint à eux avec la toute première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.

 

 

(Le Soleil de Châteauguay - Paula Dayan-Perez)" />

 

Cette année les organisatrices se sont inspirées d’une autre réserve autochtone dans l’ouest du pays.

«Nous devons célébrer les [survivants] au lieu d'être toujours tristes, affirme-t-elle. Bien sûr, nous n'oublierons pas. Ce ne sera jamais oublié. Mais aujourd'hui est un jour pour les célébrer, pour les honorer et les aimer. ‘Konnonrónhkhwa’, qui est écrit sur une pancarte en forme de cœur, entourée de ballons oranges, signifie ‘Nous vous aimons’.»

Konnonrónhkhwa, qui est écrit sur une pancarte en forme de cœur, signifie «Nous vous aimons». (Photo : Le Soleil – Paula Dayan-Perez)

Pour ce 30 septembre, environ 70 personnes se sont réunies dans le parc Orville Standup Memorial, sur la rive du fleuve Saint-Laurent à Kahnawake. La journée a débuté avec une cérémonie traditionnelle de tabac, suivie d’une chanson d’honneur et des témoignages de survivants.

«Je pense que [raconter nos histoires] fait ressortir les faits pour que les gens sachent ce que nous avons vécu. Nous avons été oubliés pendant longtemps», raconte au Soleil de Châteauguay Leonard McComber, qui a fréquenté un des pensionnats à Spanish, en Ontario.

Betty Deer partage ses souvenirs de son temps dans un pensionnat à Spanish. (Photo : Le Soleil – Paula Dayan-Perez)

Selon Mme Montour, environ 15 survivants habitent à Kahnawake en ce moment. Elle ajoute qu’il pourrait y en avoir plus car «certains n’en parlent pas».

Après les témoignages, la musique joyeuse a commencé à jouer sur les haut-parleurs. Les anciens élèves des pensionnats, maintenant âgés de plus de 80 ans, ont reçu leurs cadeaux d’anniversaire. La communauté leur a acheté des oursons, des cadres pour photos, des jetés de lit.

 

(Le Soleil de Châteauguay - Paula Dayan-Perez)" />

 

Une première Journée nationale de réconciliation au pays 

Le 3 juin 2021, le gouvernement fédéral a adopté ce nouveau férié pour «rendre hommage aux enfants disparus et aux survivants des pensionnats, leurs familles et leurs communautés», indique le site de Patrimoine Canadien. La date du 30 septembre a été choisie car depuis 2013, les communautés autochtones organisent La journée du chandail orange le même jour.

Les gens sont encouragés à porter la couleur orange en s’inspirant de l’histoire de Phyllis Webstad, une Secwepemc Nord (Shuswap) de la Première Nation Xgat'tem Stswecem'c qui avait six ans lors de son premier jour à l’école résidentielle St. Joseph’s Mission en Colombie-Britannique. Quand elle est arrivée au pensionnat, on lui a enlevé son chandail neuf de couleur orange qui était un cadeau de sa grand-mère.

«Ce chandail est maintenant devenu un symbole de la dépossession de la culture, de la liberté et de l’estime de soi dont ont été victimes les enfants autochtones pendant plusieurs générations», lit-on sur le site de Patrimoine Canadien.

Les survivants célèbrent leur fête d’anniversaire. (Photo : Le Soleil – Paula Dayan-Perez)

Photo : Le Soleil – Paula Dayan-Perez)

Une réception ambivalente

Helen Jarvis Montour est contente de voir que le gouvernement canadien a finalement décidé de commérer les victimes du système de pensionnats. Elle se questionne tout de même, «pourquoi ç’a pris aussi longtemps?»

«Je pense que maintenant ils doivent accepter le fait que les survivants ne sont pas des menteurs», commente-t-elle.

Pour sa part, Wayne Delormier, qui a été fréquenté le pensionnat à Spanish, demeure critique.

«C’est reconnu par le gouvernement fédéral, mais c'est à peu près tout ce qu'ils nous reconnaissent, déplore-t-il. Ils ne nous aident pas. Ils mettent toujours des obstacles devant nous pour nous rendre la vie plus difficile. Nous survivons, c'est ça mon point, de survivre. J'ai traversé beaucoup de choses. Je n'avais que 9 ans et pendant 5 ans, je ne suis pas rentré à la maison.»

Wayne Delormier, ancien élève du pensionnat à Spanish, en Ontario, et Helen Jarvis Montour, une des organisatrices de l’événement. (Photo : Le Soleil – Paula Dayan-Perez)

Les frères Clifford McComber et Leonard McComber ont frequenté un des pensionnats à Spanish, en Ontario. (Photo : Le Soleil – Paula Dayan-Perez)