Actualités
COVID-19

Une travailleuse de la santé qui manipule du matériel infecté se sent oubliée

le lundi 04 mai 2020
Modifié à 18 h 09 min le 04 mai 2020
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Alors que les médecins, infirmières et préposés aux bénéficiaires (PAB) sont honorés de toute part, Annick Lareau, préposée aux retraitements des dispositifs médicaux (PRDM) à l’hôpital Anna-Laberge, se sent oubliée. Elle fait face à tous les virus et infections incluant la COVID-19 et le faisait bien avant la pandémie.  Mme Lareau ne minimise en rien le travail de tous ceux qu’on appelle les anges gardiens depuis le début de la crise sanitaire et qui doivent s’adapter, notamment avec le port d’équipement de protection. Elle considère néanmoins que son emploi, méconnu, devrait être davantage reconnu. «Nous, les PRDM, on retraite tout ce qui est retraitable, donc des instruments qui vont se passer d’un patient à l’autre après une opération, par exemple», explique la résidente de Beauharnois. Elle ajoute voir beaucoup de publications sur les réseaux sociaux de travailleurs de la santé habillés de la tête aux pieds avec des commentaires disant que «ça n’a pas de bon sens». «Nous, c’est notre équipement à l’année. On fait face au VIH, à l’hépatite et à plein d’autres virus et jamais on n’entend parler de nous, c’est un peu frustrant. On fait face à beaucoup de risques et on a beaucoup de pression, encore plus avec la COVID-19 maintenant», indique-t-elle. Mme Lareau précise que ce sentiment, elle et ses collègues à travers la province le ressentaient bien avant la crise. «Ça fait des années qu’on se bat pour que notre métier soit reconnu», soutient-elle. Une formation collégiale est nécessaire pour obtenir un poste de PRDM, mais celle-ci n’est pas reconnue par le gouvernement. En termes de salaire, Mme Lareau déplore également le fait que le sien, au plus haut de cinq échelons, est de 21,55$ de l’heure. Il est inférieur à celui de préposées aux bénéficiaires, alors qu’il s’agit d’un enjeu soulevé sur la sphère publique depuis plusieurs semaines. «Comme nous ne sommes pas en contact direct avec les patients atteints, on ne peut pas avoir la prime de 8% qu’ont les infirmières et les PAB, par exemple, même si on est en contact direct avec le virus», dit-elle. Les PRDM ont néanmoins une prime de 4% présentement. «Les deux mains dedans» Ce n’est pas le cas présentement, mais s’il y a pénurie de masques N95, les PRDM seront responsables de nettoyer ceux qui sont déjà dans les hôpitaux. L’équipement est présentement gardé et certains masques ont déjà commencé à être traités s’il devient nécessaire de les redistribuer. Après l’inspection de chacun des masques, ceux-ci doivent être passés dans un stérilisateur. «On s’entend qu’on va avoir les deux mains dedans. On va devoir manipuler ces masques qui ont été en contact avec des patients positifs de la COVID-19. C’est déjà ça pour tout instrument ayant utilisé sur des cas en ce moment», laisse-t-elle savoir.