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VIDÉO - Des élèves de l’école Lucille-Teasdale portent la jupe pour dénoncer le harcèlement et les agressions

le mardi 13 octobre 2020
Modifié à 10 h 59 min le 13 octobre 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Vingt-quatre heures avant le port du masque obligatoire dans les écoles secondaires, c’est le port de la jupe par des dizaines d’élèves – garçons et filles – qui a attiré l’attention à l’École internationale Lucille-Teasdale à Brossard. Par ce sympathique geste d’éclat, ils souhaitaient dénoncer entre autres le harcèlement et les agressions faites aux femmes. De la 1re à la 5e secondaire, de nombreux jeunes ont troqué, le temps d’une journée, les pantalons pour la jupe. «Il y a plus de filles que de gars, mais c’est comprenable. Ce n’est pas tout le monde qui pouvait trouver une jupe, ou en demander une à quelqu’un», constate Simon Lefebvre-Gagnon, élève de 5e secondaire à l’origine du mouvement Moi aussi, je porte ma jupe dans son école. Selon le jeune homme, un mouvement semblable serait né dans une autre école de la Rive-Sud, après que des filles se soient fait reprocher de porter trop courte la jupe de leur uniforme. Il s’est depuis répandu dans d’autres écoles. [caption id="attachment_100975" align="alignleft" width="295"] Simon Lefebvre-Gagnon[/caption] Simon a souhaité donner une portée et un message plus large au mouvement Moi aussi, je porte ma jupe. «On veut dénoncer le harcèlement, les agressions sexuelles et la pression que l’on met constamment sur les filles concernant leur tenue vestimentaire. Et ça, c’est l’affaire de tous», explique-t-il. Un événement survenu récemment à Strasbourg, en France, a aussi été pour lui une étincelle sur l’importance de mobiliser la communauté sur cet enjeu. Une étudiante a affirmé avoir été frappée par trois hommes qui l’ont insultée parce qu’elle portait une jupe. L’affaire a fait le tour des médias français. «C’est impensable d’avoir ce genre d’événement qui se produit dans notre société actuelle, juge Simon. Ce mouvement ne s’applique donc pas juste aux femmes; il y a aussi une grande responsabilité qui est de la part des hommes.» D’où cet appel à tous de porter la jupe, symbole du mouvement.   Vidéo Avec l’accord de son enseignante et de la direction de l’école, Simon Lefebvre-Gagnon a fait le tour des classes mardi afin de présenter cette initiative. «Je voyais que les gens étaient enthousiastes, certains ont applaudi et ont dit qu’ils allaient soutenir le mouvement.» Une vidéo qu’il a publiée mardi sur les réseaux sociaux afin de lancer cet appel à tous a été vue 2000 fois. Aucun doute qu’elle a également contribué à la forte réponse positive des élèves de Lucille-Teasdale. À un point où le mouvement aurait dépassé les murs de l’école secondaire de Brossard, d’autres jeunes s’étant engagés à porter la jupe. https://www.dailymotion.com/video/x7wozor D’autres écoles impliquées Au Collège Charles-LeMoyne, des élèves ont participé à un mouvement semblable ce mercredi, en portant la jupe, en solidarité entre autres à l’égard de leurs collègues LGBT. «Depuis quelques jours, il y a un mouvement dans des écoles québécoises de garçons qui décident de porter la jupe à l'école en solidarité aux élèves LGBT (lesbienne, gai, bisexuel, transgenre)  contre les rôles de genre stéréotypés et contre l'hypersexualisation des filles, a écrit l’établissement scolaire, dans un communiqué et sur sa page Facebook. Des garçons du Collège ont participé à ce mouvement aujourd'hui en portant la jupe. Le CCL désire les appuyer dans cette démarche positive et les féliciter pour leur geste de solidarité!» La direction générale affirme aussi s’engager à rencontrer les représentants des élèves pour discuter des «gestes concrets» que pourrait poser le Collège à cet égard. Par ailleurs, des articles du Sac de chips du Journal de Montréal ainsi que du site nightlife.ca ont rapporté hier la publication sur Instagram d’une photo et d’une vidéo de plusieurs élèves qui portaient la jupe de l’uniforme de l’école, pour dénoncer ce code vestimentaire. «Le code vestimentaire c'est la chose la moins sensée que j'aies jamais vu pour vrai faudrait changer s't’affaire la. TOUT LE MONDE PEUT S'HABILLER COMME ILS LE VEULENT», a écrit un jeune homme sur Instagram. Selon une autre publication sur le célèbre réseau social, des élèves auraient fait de même dans une autre école de la Rive-Sud. «La société́ traite les femmes comme si elles étaient responsables des actions que les autres portent sur elles alors que la réalité est bien différente, écrit un élève. Ce n’est pas la longueur de leur jupe qui devrait décider de si les garçons sont aptes à écouter en classe. Ce n’est pas parce qu’une fille porte des shorts courts que les hommes ont le droit de lui parler mal dans la rue. La responsabilité de ces actes appartient à ceux qui ont posé le geste et non à ceux qui l’ont subi.» Cette publication a d’ailleurs été remarquée par le cinéaste Xavier Dolan. «Vous êtes le summum du cool. J’aurais aimé ça voir des jeunes comme vous autour de moi au secondaire», a-t-il commenté. Manon Massé, de Québec solidaire, a aussi salué le geste. «Ça fait longtemps à Québec solidaire qu’on dit qu’il faut arrêter de dire aux femmes comment s’habiller. […] On a besoin d’alliés pour avancer, alors merci la gang, lâchez pas!»