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VIDÉOS - Infirmières en colère

le vendredi 12 mai 2023
Modifié à 16 h 51 min le 12 mai 2023
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Dominic Caisse, président par intérim au SPSMO, sent ses membres solidaires devant la situation qui est survenue à l'Hôpital du Suroît. Sandrine Bertrand et Emmanuelle Derepentigny, cette dernière ayant démissionné du CISSSMO depuis, ont dénoncé le manque de personnel vendredi midi. (Photo Le Soleil de Châteauguay : Eric Tremblay)

Pour le Syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie, l’employeur punit plutôt que d’agir. Une trentaine de membres ont réagi vendredi à l’extérieur de l’Hôpital du Suroît pour dénoncer la suspension imposée à cinq infirmières.

Le 18 mars, les infirmières ont remarqué qu’il manquerait de personnel pour prendre la relève du quart de nuit. La réaction a été d’effectuer un sit-in alors que trois employés d’agence privée quittaient l’établissement. «Elles ne méritent pas d’être punies ainsi alors qu’elles ne voulaient qu’une chose, être en nombre suffisant pour pouvoir offrir des soins sécuritaires, a indiqué Dominic Caisse, président par intérim du SPSMO. On lance des signaux d’alarme, parce qu’elles ne veulent pas travailler dans des conditions dangereuses pour elles et les patients.»

Parmi la trentaine d’infirmières qui étaient devant l’urgence du Suroît, on retrouvait Emmanuelle Derepentigny. Employée de l’Hôpital du Suroît depuis deux semaines, elle s’est retrouvée dans les événements du 18 mars. Elle avance qu’il y avait 15 patients pour une infirmière et une infirmière auxiliaire; une autre infirmière avait 16 patients à sa charge unique. Habituellement, le ratio est de 8 patients pour une infirmière et une infirmière auxiliaire.

Elle fait partie des employées suspendues. Mme Derepentingy n’en est pas restée là; elle a quitté l’emploi. «Compte tenu des sanctions imposées à moi et mes collègues, j’ai choisi de démissionner du CISSSMO, a-t-elle affirmé. Je trouve que ce n’est pas adéquat et inacceptable de laisser des patients dans des conditions où il peut y avoir des erreurs graves par manque de personnel.»


M. Caisse a avancé que les 5 professionnelles en soins étaient en colère contre les propos de l’employeur à leur endroit. Pour lui, le CISSSMO a sacrifié ces cinq employés. 

Le malaise dépasse aussi ces cinq infirmières. Sandrine Bertrand, qui n’était pas présente le 18 mars, a aussi dénoncé la situation qui prévaut à l’Hôpital du Suroît. «Je suis d’avis que la population doit savoir qu’on travaille dans des conditions dangereuses, a-t-elle laissé entendre. Je ne peux pas comprendre que ça prend 3 heures pour trouver quelqu’un pour prêter main forte.»

À cet effet, Dominic Caisse se demande où était la coordination de l’Hôpital. À son avis, si elle avait été sur place, il n’y aurait pas eu de sit-in.

30 patients laissés à eux-mêmes

Le CISSSMO réfute les allégations de la partie syndicale. Jade St-Jean, conseillère-cadre aux communications externes, relations médias et ministérielles, soutient que le geste des infirmières a laissé 30 patients à l’unité de chirurgie sans soins pendant 3 heures.

«Il y a eu des impacts à différents niveaux pour les patients qui sont en post-chirurgie puisque pendant ce temps, il n’y a pas eu de gestion de douleur, d’évaluation des patients, d’administration des médicaments, ni de surveillance quant à la condition des patients, a-t-elle expliqué. De plus, cette situation a engendré le report d’une chirurgie orthopédique.»   

«L’employeur se devait d’agir, a-t-elle poursuivi pour justifier les sanctions. Le CISSSMO est ouvert à trouver des solutions à la pénurie de personnel. Celle-ci est très présente. On cherche des solutions communes; il faut s’asseoir ensemble et on leur tend la main.»

Différentes offensives sont menées pour dénicher des travailleurs et les retenir. 

Toutefois, le temps supplémentaire obligatoire (TSO) est encore en vigueur, trop selon la partie syndicale. Mme St-Jean soutient qu’il s’agit d’une solution de dernier recours, et que son utilisation a diminué.

La conseillère aux communications soutient aussi que deux coordonnateurs, des gestionnaires, étaient présents le 18 mars pour gérer la situation.

Malgré tout, la population reçoit des soins sécuritaires à l’Hôpital du Suroît avance Mme St-Jean.