10 questions à Michel Thibault à l’aube de sa retraite
Michel Thibault (à droite) en compagnie de son frère Stéphane et de sa chienne Banffy, devenue célèbre à Châteauguay. (Photo : Andrew Clark)
Tel qu’il l’a lui-même annoncé récemment, le journaliste du Soleil de Châteauguay Michel Thibault a pris sa retraite, le 2 juillet, au terme d’une brillante carrière de presque 30 ans dans la presse hebdomadaire. L’occasion était parfaite ici pour qu’il se glisse à son tour dans la peau de l’interviewé.
Q Pourquoi et comment es-tu devenu journaliste ?
R Plus jeune, j’ai étudié en sciences, en droit, en histoire de l’art. J’ai changé souvent d’orientation. À 30 ans, je n’étais pas encore branché. J’adorais le chroniqueur de La Presse Pierre Foglia. Je me suis dit que ça pourrait être intéressant de faire son métier, que ça me permettrait de toucher à une foule de sujets. J’ai posé ma candidature au Soleil de Châteauguay pour faire de la pige. La directrice générale de l’époque, Jeanne-d’Arc Germain, m’a accordé une chance. Ma carrière était lancée.
Q Qu’est-ce que tu aimais dans ton métier ?
R M’informer, chercher, questionner pour renseigner les citoyens le mieux possible sur les enjeux qui les touchent de près. Mais surtout rencontrer les gens pour partager leur histoire.
Q Quels sont les moments marquants - ou une histoire marquante - dans ta carrière ?
R La tragédie qui a coûté la vie à Valérie Fournel au barrage de la rivière en juin 1999. Quand un drame pareil survient, toute la communauté est ébranlée, et elle reste marquée. Vingt-deux ans plus tard, le souvenir est toujours bien présent et il faisait encore l’actualité ce printemps.
Q Tu as couvert la Crise du verglas, la pandémie de la COVID-19, le référendum de 1995, etc. Y a-t-il des événements que tu t’es senti privilégié de couvrir ?
R Je me sens surtout privilégié d’avoir pu rencontrer des gens qui sortent de l’ordinaire. Par exemple, en 2008, j’ai interviewé un gardien d’éléphant en compagnie de sa protégée. Toute une expérience! Je me rappelle encore sa trompe qui m’a scanné des pieds à la tête à mon arrivée!
Q Y a-t-il des sujets plus difficiles à traiter ?
R Les dossiers impliquant des personnes visées par des plaintes d’intérêt public. C’est très délicat, car il en va de la réputation de gens. Il faut redoubler de prudence dans la vérification des faits. Et ce n’est pas agréable de contacter quelqu’un dans une mauvaise situation pour obtenir ses réactions. Surtout quand on risque de le croiser à l’épicerie.
Q D’autres plus faciles ?
R Beaucoup de nouvelles proviennent de villes ou d’organismes sous la forme de communiqués. Ils contiennent l’essentiel de l’information. C’est assez simple à traiter.
Q De quoi es-tu le plus fier dans ton travail ?
R Avec toute l’équipe du journal, d’avoir créé un dialogue avec la communauté, un lieu de partage. Je suis aussi satisfait d’avoir contribué à améliorer des choses en informant la population sur plusieurs enjeux.
Q Qu’est-ce qui va te manquer le plus ?
R Les personnes avec qui je travaille au quotidien depuis tant d’années; la famille de Gravité Média.
Q Ordinateur, appareil photo numérique, médias sociaux, hebdomadaire au quotidien sur le Web; le métier de journaliste a beaucoup changé en presque 30 ans. Tu en penses quoi ?
R Les nouveaux outils sont fabuleux pour trouver rapidement de l’information, et la transmettre. On fait maintenant des nouvelles en continu et ça comporte des défis. Il y a le risque de se tromper, mais aussi que le lecteur ne la voit pas passer dans son fil Facebook, car c’est là où beaucoup de gens s’abreuvent en information. Or, si une personne n’a pas magasiné un égout récemment, Facebook ne lui montrera pas un reportage sur le sujet qui touche sa ville. Je caricature ici, mais à peine. Aussi, la technologie change continuellement. Dans 100 ans, existera-t-il encore des appareils pour lire le journal sur internet? Je ne crois pas. Mais il y aura encore des yeux pour déchiffrer l’édition papier.
Q Que souhaites-tu au journal Le Soleil de Châteauguay ?
R De poursuivre encore longtemps sa noble mission avec une équipe renouvelée. Et beaucoup de pages pour informer les citoyens et raconter leurs exploits, leurs préoccupations, leur quotidien.