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Un Constantin démystifie le langage de la Beauce

le mardi 05 octobre 2021
Modifié à 15 h 56 min le 05 octobre 2021
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Le livre de Maurice Lorent comprend près de 150 pages d’expressions beauceronnes. (Photo: gracieusté)

Auteur de l’ouvrage Le Parler de la Beauce paru en 1977, Maurice Lorent a réédité son œuvre pour la mettre au goût du jour.

Le Beauceron d’adoption qui habite Saint-Constant depuis cinq ans a été approché par la maison d’édition Bibliothèque québécoise. L’inventaire de la version originale étant épuisé, l’éditeur lui a demandé s’il souhaitait en offrir une nouvelle aux lecteurs, ce que le principal intéressé a accepté avec plaisir.

Son livre met en lumière les nombreuses expressions utilisées par les résidents de la région. Il a profité de l’occasion qui s’offrait à lui pour mettre à jour certaines d’entre elles et en rajouter d’autres qui reflètent le vocabulaire d’aujourd’hui.

Celui qui a vécu là-bas pendant plus de 50 ans explique que la population, qui était autrefois largement agricole, utilisait une forme de langage propre à sa culture.

«Beaucoup de mots et d’expressions ne sont toutefois plus autant employés de nos jours, car certaines de nos pratiques comme la religion ou l’agriculture, d’où les phrases étaient tirées, sont moins présentes, raconte l’homme de 77 ans. La Beauce est sortie d’un repli rural, et par le fait même, des mots ont disparu et les patois sont en régression.»

Le Français d’origine s’était installé en Beauce pour enseigner le français et la littérature au Petit séminaire de Saint-Georges, aujourd’hui appelé le Cégep Beauce-Appalaches. C’est à cette époque qu’il a rédigé son livre. Son intérêt venait du fait qu’il constatait des différences entre le langage beauceron et la langue française universelle, explique-t-il.

À titre d’exemple, celui qui a planché sur la réédition pendant la pandémie cite le surnom des Beaucerons, «les jarrets noirs». Il affirme que cette expression a une connotation à la fois ironique et moqueuse.  

«Elle vient du fait qu’ils devaient passer par les marécages pour vendre leurs produits à Lévis durant les années 30. Lorsqu’ils arrivaient au marché, ils étaient pleins de boues jusqu’à la ceinture», raconte-t-il.

Une référence dans le dictionnaire

Par ailleurs, le Constantin fait savoir qu’il a obtenu une attestation écrite de la Banque de données linguistiques de l’Université de Sherbrooke et de son dictionnaire USITO pour avoir popularisé le mot «pépine», qui désigne une pelle mécanique. Cette expression utilisée par plusieurs Québécois est désormais inscrite dans les dictionnaires et son origine y est expliquée.

Quelques expressions beauceronnes

-Jonglerie (méditation profonde);

-Ma femme a un pain dans le four (être enceinte);

-Rentourer (entourer d’une clôture);

-Le diable est aux vaches (l’orage est dans l’air);

-Palette de l’estomac (un sternum);

-Manger de l’avoine (quitté par son amoureux (se));

-Tirer une bûche (prendre une chaise);

-Parlailler (parler à tort et à travers);

-Peau-de-lièvre (gros flocon de neige);

-Être «chic and swell» (être bien habillé);

-Pigrette (personne au caractère irritant);

-Évreiller (donner en moyenne).