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Un studio veut produire un film avec des soldes inutilisées de cartes de crédit prépayées

le mercredi 01 décembre 2021
Modifié à 0 h 00 min le 02 décembre 2021
Par Vanessa Picotte

vpicotte@gravitemedia.com

Evelyne Girard et Donald Gagnon (Photo : Gracieuseté)

Un studio de Longueuil a imaginé une méthode des plus originale pour financer son prochain long métrage : solliciter la population pour qu’elle fasse don de ses soldes inutilisés de cartes de crédit prépayées.

Avec cette idée, le Studio Lucidius défie les conventions du sociofinancement, qui est de plus en plus populaire pour développer des initiatives culturelles.

«Comme nous n’avons pas encore accès à l’aide financière de la SODEC [Société de développement des entreprises culturelles] et de Téléfilm Canada, nous devions développer des idées pour financer notre film, explique le producteur Donald Gagnon. Nous avons regardé du côté du placement de produits et d’autres solutions, mais nous nous sommes rappelé l’histoire du trombone rouge.»

Rappelons qu’en 2005, Kyle McDonald avait réussi, à la suite d’une série d’échanges, à obtenir une maison contre un trombone rouge. Une histoire qui avait défrayé la manchette à de nombreuses reprises.

«Pourquoi ne pourrions-nous pas réussir à financer un long métrage à partir d’argent non dépensé sur des cartes de crédit prépayées?» s’est donc questionné l’équipe de Studio Lucidius, situé dans l’arr. du Vieux-Longueuil.

Millions de dollars inutilisés

Donald Gagnon souligne que selon les données de la National Retail Federation des États-Unis, «plus de 45 G$ circulent sur les soldes des cartes-cadeaux inutilisées depuis quelques années».

«Ces soldes de quelques dollars risquent de se retrouver aux poubelles ou dans un coin de tiroir», soutient le producteur.

À la lumière de ces données, son équipe a voulu saisir l’occasion de récolter les fonds manquants pour concrétiser son film L’esprit libre.

Grâce à cette initiative qui sort de l’ordinaire, l’équipe souhaite récolter 150 000$, somme qui servira entre autres à payer adéquatement les acteurs et les artisans embauchés pour le film.

Anxiété et crises de panique

Le long métrage L’esprit libre abordera la thématique de la santé mentale en racontant l’histoire d’Amy, une jeune libraire qui rêve d’être écrivaine. Donald Gagnon décrit le film comme une «comédie dramatique sympathique».

Il raconte que les élans créatifs du personnage principal sont freinés par des crises de panique et de l’anxiété. Dans un certain déni, elle ne souhaite jamais en parler, même lorsque ses proches tentent une ouverture vers le dialogue.

«L’anxiété touche une grande partie de la population. J’ai donc choisi de traiter du sujet sous forme de comédie, pour mettre un peu de légèreté, de douceur et d’espoir sur cette thématique si sensible», explique l’auteure et réalisatrice Evelyne Girard.

D’ailleurs, en juillet 2021, le scénario de L’esprit Libre a remporté le Premier prix du Meilleur scénario au Paris Play International Film Festival.

Si l’équipe de Studio Lucidius réussit à amasser les fonds nécessaires pour la production du film, elle remettra les profits de sa diffusion à l’organisme Revivre, qui vient en aide aux personnes vivant avec un trouble anxieux, dépressif ou bipolaire et leurs proches.

La production ralentie par la pandémie

Le tournage était prévu pour l’été 2020, mais la pandémie en a voulu autrement. Les pressions financières et restrictions sanitaires ont forcé le studio à mettre le projet sur pause.

Il en a été de même de la campagne de financement, alors que les premiers dons de cartes avaient été reçus en février 2020.

«Le projet n’est pas mort, assure Donald Gagnon. Nous avons arrêté toute promotion dès le début de la pandémie, mais nous souhaitons redémarrer le projet à présent.»

«Nous restons optimistes, car nous savons qu’une comédie sur la thématique de la santé mentale est plus pertinente que jamais», ajoute-t-il.

Pour donner : unfilma3dollars.lucidius.ca.

Avec la collaboration de Michel Hersir.

L’impact d’une contribution

• 1$ : actrice principale pendant 30 secondes

• 4$ : figurant pendant 10 minutes

• 10$ : location d’un camion pendant 24 minutes

• 50$ : preneur de son pendant 90 minutes

• 300$ : directeur de production pour une journée

• 1000$ : coiffure pour cinq jours de tournage

• 3000$ : location d’équipement de tournage pour une journée

• 10 000$ : postproduction (montage son/image) pendant 11 jours

• 75 000$ : tous les comédiens pour l’entièreté du tournage

• 150 000$ : le film peut être réalisé

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