Absolution inconditionnelle pour le policier qui a tabassé le chef présumé des Rock Machine

Le juge Michel Mercier a accordé l'absolution inconditionnelle au policier Bruno Landry, de la SQ de Beauharnois-Salaberry, qui a tabassé le chef présumé des Rock Machine Jean-François Émard en octobre 2014.
Bruno Landry a roué Émard de coups lors d'un interrogatoire en cellule à Salaberry-de-Valleyfield en octobre 2014. Ce après que le détenu lui ait lancé des insultes concernant ses performances sexuelles. Le policier rattaché au poste de la Sûreté du Québec de la MRC de Beauharnois-Salaberry a plaidé coupable à une accusation de voie de fait.
Selon les témoignages présenté en cour, Bruno Landry était réputé avoir une bonne maîtrise de soi.
«Comment expliquer quelques secondes de rage, de perte de contrôle de ses émotions par celui qui est connu par ses qualités de calme lors de situations délicates, qui démontre de l’initiative et peut prendre en charge une situation plus complexe, tel qu’indiqué sur sa fiche d’évaluation 2011-2012», indique le juge Mercier dans sa sentence prononcée le 7 septembre.
Landry a expliqué au tribunal qu'il avait vécu plusieurs événements stressants avant sa crise de colère.
«Une collègue prénommée Chrystelle qui était entrée dans les forces policières en même temps que lui, en 2011, s’est tuée dans un accident routier en février 2012 et c’est lui qui l’a découverte dans le cadre de son travail, agonisante et ensanglantée dans son véhicule de patrouille, cela l’a beaucoup marqué», écrit le juge Mercier.
«En juin 2012, appelé sur les lieux d’un accident, il tente des manœuvres de réanimation, mais la dame décède et c’est lui qui annonce le décès à la famille, pousuit le juge. On apprend aussi qu’en septembre 2012, une collègue de travail, Katia Kadoucie, décède suite à un accident de la route alors qu’elle répondait à un appel de service. En février 2013, alors qu’il couvre un accident de la route impliquant l’épouse et un bébé de six mois d’un de ses collègues de travail prénommé David, suite à cet accident, l’enfant décède. Également, sa conjointe policière avec qui il a fait vie commune de 2007 à 2014 lui avoue avoir eu une relation avec un autre de ses collègues et qu’elle veut mettre fin à leur union.»
Ses gestes à l'égard du détenu ne sont pas de nature à diminuer son stress, note le juge Mercier. «Il se retrouve en effet victime à son tour de menaces de mort puisqu’on l’informe qu’il y a un contrat sur sa tête par la bande des Rock Machine», indique le magistrat.
Bruno Landry a exprimé des regrets dont le tribunal a tenu compte. «Ses remords nous ont apparu sincères. Il ne cherche pas d’excuse et reconnaît qu’il lui incombait de ne pas céder à la provocation et assume la responsabilité des gestes qu’il a posés», exprime Michel Mercier.
Celui-ci a aussi considéré le fait que le policier a pris des mesures pour «réduire le risque de dérapage dans le futur». Et que son écart avait duré sept secondes.
Couverture médiatique
La couverture médiatique a aussi pesé dans la balance. «On peut donc considérer que dans la mesure où le crime en l’espèce est relativement mineur et non prémédité, l’ampleur de la couverture médiatique a contribué à punir l’accusé plus sévèrement qu’un autre individu. Si ce dernier n’avait pas été policier, l’affaire n’aurait évidemment reçu aucune publicité. Je considère qu’il faut tenir compte du stigmate indélébile que cette couverture a infligé à l’accusé et la dénonciation dans le public de l’infraction qu’il a commise», fait part le juge Mercier. Il précise : «D’entrée de jeu, il y a lieu de mentionner qu’une personne publique qui commet une infraction assume nécessairement un tel risque. Une juste couverture médiatique a pour effet de garantir que ceux qui sont privilégiés n’échappent pas à la rigueur de la justice.»
La sentence fait en sorte que Bruno Landry s'en tire sans dossier criminel.