Accident sur D'Anjou : la communauté ébranlée
Un mémorial a été érigé à l'endroit où il est décédé. On y voit son fameux panier d'épicerie dans lequel il transportait ses biens. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)
La mort tragique de Matthew Lamarre survenue le 21 avril a ébranlé la communauté de Châteauguay. Une chaise, plusieurs bouquets de fleurs et son fameux panier d’épicerie font office de mémorial devant l’épicerie Super C. Sa photo est affichée près de la caisse du restaurant Tim Hortons où il avait ses habitudes et d’autres bouquets ont également été déposées sur le banc du magasin Aubainerie.
Le quinquagénaire a été happé mortellement par un véhicule sur le boulevard D’Anjou tôt le matin. Jonathan Allard, qui a l’habitude de commencer sa journée avec un café au Tim Hortons juste en face, a vu le drame se produire devant ses yeux. «Le gars avait la pédale dans le fond à partir du boulevard Saint-Joseph», raconte-t-il. Le véhicule a fauché M. Lamarre, un lampadaire et d’autres véhicules qui se trouvaient dans le stationnement du centre régional.
«Il était sur le bord de la lumière, il attendait au bord de la rue pour traverser et venir prendre son café», souligne M. Allard. C’est lui qui a appelé les services d’urgence qui sont arrivés rapidement par la suite.
Un habitué du Tim Hortons
Comme bien des habitués du Tim Hortons, Jonathan Allard connaissait Matthew Lamarre puisqu’il le côtoyait au restaurant. «Tous les matins on se parlait. C’était un bon gars. Il achalait personne», confie-t-il.
Sa photo figure près d'une caisse du restaurant Tim Hortons sur le boulevard D'Anjou. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)
Alain Thibeault était un bon ami de Matthew. Ce matin-là, M. Thibeault était au gym Buzzfit à quelques mètres seulement du drame. «J’ai vu qu’il y avait un accident. Je ne voulais pas trop voir ça. Quand j’ai traversé pour aller au Tim Hortons, comme d’habitude j’ai dit bonjour aux gens et c’est là qu’on m’a annoncé que c’était Mathieu», raconte-t-il au Journal, assis à la banquette du restaurant où il s’assoyait avec son ami.
Alain Thibeault partageait cette banquette avec Matthew Lamarre presque tous les jours. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)
M. Lamarre vivait dans la rue depuis plusieurs années; plusieurs disent que c’était par choix. «Il refusait l’aide qu’on lui offrait. Il voulait un appartement en particulier sur Maple et rien d’autre», explique Alain Thibeault. Au fil des cafés, il s’est lié d’amitié avec cet homme qui prenait le temps de l’écouter et de le comprendre. «On a passé Noël ensemble. Je l’ai invité chez moi. Il venait écouter le Canadien chez moi», raconte-t-il. Il le décrit comme un être très intelligent qui se sentait différent.
D’une grande gentillesse
La présence de cet homme qui avait ses quartiers sur le boulevard D’Anjou a touché beaucoup de gens au fil du temps. Il suffit de voir les centaines de témoignages qui ont été publiés sur le web depuis son décès.
«C’était facile de lui parler. On pensait l’aider en lui parlant, mais c’est lui qui nous aidait! Il avait une belle philosophie de vie.» -Maryse Leclaire
Plusieurs citoyens ont raconté lui avoir offert de l’argent ou de la nourriture au fil du temps. Il lui arrivait souvent de refuser poliment, soulignant qu’il n’avait besoin de rien.
Les habitués du Tim Hortons n'avaient que de bons mots à l'égard de M. Lamarre. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)
Claude Bergeron et ses amis le côtoyaient aussi au Tim Hortons et ils n’avaient que de bons mots pour lui. «C’est une personne exceptionnelle. Il n’était pas méchant pour cinq cennes», mentionne M. Bergeron. Il a passé la journée dans le secteur le jour de l’accident. «Je voyais des messieurs et des mesdames arriver ici et ils pleuraient. C’est écœurant comme le monde aimait ce gars-là», poursuit-il.
D’ailleurs, lors du passage du Soleil de Châteauguay au mémorial le 24 avril, Chantal et sa fille Clover venaient d’y déposer un arrangement floral. Elles ne le connaissaient pas personnellement, mais le croisaient à l’occasion et échangeaient avec lui et souhaitaient lui rendre hommage.
Toujours sous enquête
Les circonstances qui ont mené à ce drame font toujours l'objet d'une enquête du Service de police de Châteauguay. «Aucune piste n’est écartée pour le moment», précise Erika Grondin, agente aux relations médias au service de police. Selon l’agente Grondin, plusieurs vérifications restent à faire. Le conducteur du véhicule impliqué a été blessé dans l’accident, mais on ne craint pas pour sa vie. Le coroner Me Donald Nicole effectue aussi une investigation sur le décès de M. Lamarre.