Aliments Long Phung : l’ambition de la deuxième génération

My Hanh Pham propose le produit phare des Aliments Long Phung à Sainte-Catherine : la saucisse vietnamienne. (Photo : Le Reflet - Denis Germain)
Dans un bâtiment d’apparence un peu anodine sur la rue centrale à Sainte-Catherine, les Aliments Long Phung produisent chaque jour environ 1000 kg de saucisses vietnamiennes destinées aux différents marchés asiatiques du Canada. Cette entreprise qui a commencé il y a plus de 30 ans dans la maison familiale de Saint-Isidore est désormais dirigée par les cinq enfants du fondateur et elle a de l’ambition puisqu’elle vient d’acquérir un terrain à Sainte-Catherine pour y construire une nouvelle usine agrandie.
Tout a commencé lorsque The Long Pham a immigré du Vietnam au Canada pour ses études en 1967. Grand amateur de saucisse vietnamienne – cette charcuterie traditionnelle qui peut ressembler au jambon, mais avec le goût typique de la sauce de poisson –, il n’arrivait pas à en trouver au Québec. «Ma grand-mère lui en envoyait en avion, en canne, comme cadeau. Ses amis le taquinaient avec ça», raconte My Hanh Pham, directrice des ventes et du marketing des Aliments Long Phung.
De la maison familiale à l’usine
M. Pham a rencontré sa conjointe au Canada après qu’elle ait immigré comme boat people pendant la guerre du Vietnam. Ils ont fondé une famille de cinq enfants à Saint-Isidore et éventuellement, le père a souhaité transmettre cette tradition culinaire à ses enfants. Il a commencé en produisant des saucisses vietnamiennes de façon artisanale chez lui. Comme il ne connaissait pas toutes les lois qui encadrent ce type de production, il s’est fait avertir par des inspecteurs. «On a été accompagnés là-dedans. Au lieu de juste nous dire : vous n’avez pas le droit de faire ça, arrêtez. Ils nous ont montré les bonnes étapes à faire pour le faire correctement», explique My Lien Pham, fille ainée et aujourd’hui présidente de la compagnie.
En 1988, la production est donc passée de Saint-Isidore au local actuel de Sainte-Catherine, qui était d’ailleurs un salon de quilles jadis. Les charcuteries des Aliments Long Phung sont présentes aujourd’hui dans 250 points de vente au Canada. L’entreprise compte deux autres usines : une aux États-Unis et une au Vietnam. Ces produits sont surtout connus dans les familles d’origine asiatique puisque ça fait partie de l’identité culinaire vietnamienne.
La production de saucisses vietnamiennes dans l'usine à Sainte-Catherine. (Photo : Le Reflet - Denis Germain)
Un projet de 5 M$
Depuis que les cinq enfants ont pris la relève de l’entreprise en 2011, la deuxième génération a plusieurs idées de grandeur. «On dit souvent que nos parents sont des Vietnamiens québécois, mais nous on est des Québécois vietnamiens. On a beaucoup d’idées, mais on est un peu restreint avec cette usine-là qui a une seule ligne de production», mentionne My Lien Pham. Ils ont donc fait l’acquisition d’un terrain à la fin mars dans le parc industriel de Sainte-Catherine où une nouvelle usine sera construite d’ici 2026. Le projet est évalué à 5 M$. Les Pham ont exploré différents sites pour leur projet, mais Sainte-Catherine demeurait stratégique, en étant près de l’autoroute et de la métropole où se trouve une bonne partie de leur marché.
Trois des cinq enfants de la famille Pham : My Hanh Pham, directrice des ventes et marketing, The Minh Pham, directeur des opérations et My Phuong Pham, vice-présidente des Aliments Long Phung. (Photo : Le Reflet - Denis Germain)
Les Aliments Long Phung ont fait appel récemment à l’organisme Commerce international Québec Montérégie-Ouest pour les accompagner dans leurs projets d’expansion et d’exportation. «Un de nos objectifs, c’était de ramener toutes nos opérations au Canada en 2026 et de réexporter aux États-Unis. Mais avec le contexte actuel des tarifs et tout en ce moment, on va prendre une petite pause, mais quand même aller de l’avant avec l’usine de Sainte-Catherine», mentionne My Hanh Pham. Elle disait à la blague vouloir ramener son frère qui s’occupe des opérations aux États-Unis à la maison pour justifier le rapatriement des opérations, mais c’était aussi pour faire des économies d’échelle et d’investir à un seul endroit dans une nouvelle usine modernisée.
L’entreprise souhaite également diversifier ses marchés. «On va diversifier pour aller chercher d’autres marchés dont le marché asiatique où le porc canadien est très réputé», poursuit Mme Pham.
Quant au marché québécois et canadien, hors de la communauté asiatique, la famille Pham reconnait que c’est plus difficile à percer. «La cuisine vietnamienne n’est pas évidente [à reproduire]. Ce n’est pas : un, deux, trois, quatre et c’est prêt», souligne My Lien Pham. Le prêt-à-manger serait une avenue plus facile pour attirer une clientèle non initiée.
Sa sœur donne l’exemple des sushis japonais. «Les sushis ont été tellement adoptés par les Québécois qu’en 20 ans, ça a été adopté dans votre diète. Peut-être que dans 20 ans, la cuisine vietnamienne en fera aussi partie», exprime My Hanh Pham.