Opinion

Billet d'humeur : Vieillir à la maison

le mardi 07 septembre 2021
Modifié à 15 h 02 min le 07 septembre 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Oeil d'une personne âgée. (Photo: Depositphotos)

Rêvez-vous de pouvoir demeurer chez vous le plus longtemps possible?

Je n’ai pas la science infuse. Mais je peux vous dire qu’il y a déjà beaucoup de sable dans l’engrenage. Même si Québec a l’intention d’investir des millions $ supplémentaires en soins de santé à domicile. Qui accusent un sérieux retard.

Pourquoi je vous dis ça? Parce que je peux y mettre un visage. Celui de mon père.

Il manifeste le désir de demeurer dans sa maison le plus longtemps possible. Malgré ses pertes de motricité. Sa décision fait en sorte que moi et mes sœurs avons entrepris un véritable parcours du combattant ces derniers mois. Avec l’aide d’employées du CLSC. Je ne sais pas comment ma mère aurait pu s’en charger seule.  

«Il y a une dignité à vieillir comme on a vécu.»

- Pierre-Henri Simon

Au bout de démarches parfois trop administratives à notre goût, le verdict est tombé. Notre père a le droit à de l’aide au quotidien. Sur papier seulement. Parce que la travailleuse sociale a tôt fait de nous ramener sur terre. Le CLSC ne dispose pas d’un nombre d’employés suffisants – ou d’argent? – pour offrir le service. Du moins pas à courte échéance. Sans garantie de fréquence non plus.

Nous aurions dû nous en douter. Bien avant la pandémie, il avait été convenu que notre père fréquente un centre de jour à raison d’une journée par semaine. Pour donner du répit à ma mère, notamment. Il ne s’y est jamais rendu une seule fois.

Et que dire de l’offre de deux bains par semaine? Le délai nous a paru interminable.

La cerise sur le sundae? Quand nous avons appris que nous allions devoir devenir un employeur. Mener une entrevue. Pour embaucher nous-mêmes la personne qui prend désormais soin de lui une quinzaine d’heures par semaine. Payée via un programme du CLSC.

Il nous était interdit de se tourner vers une agence spécialisée en la matière. En pleine pénurie de main-d’œuvre! J’avoue avoir touché le fond.

Si le hasard n’avait pas mis madame Pauline sur notre route, je ne sais pas ce qui serait arrivé.

Lors de mes nuits d’insomnie, j’ai souvent fait des calculs. À savoir combien il en coûte à l’État que mon père demeure à la maison avec un peu d’aide. Versus en CHSLD. Chaque fois, j’en arrive à la conclusion que les économies sont plus importantes à le laisser vieillir chez lui. Mais c’est au prix d’efforts sans fin.