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Bruit et pickleball : l'ajout de terrains inquiète

le mercredi 11 juin 2025
Modifié à 9 h 56 min le 13 juin 2025
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Vue aérienne des futurs terrains de tennis, pickleball et espace de jeu pour hockey-balle au parc des Acadiens à Châteauguay. (Photo : Le Soleil - Denis Germain)

L’ajout de terrains de pickleball au parc des Acadiens à Châteauguay fera sans doute le bonheur de nombreux adeptes de ce sport de raquette, mais il inquiète des résidents du secteur, bien au fait des enjeux de cohabitation avec le voisinage causé par le bruit de la balle de plastique. De son côté, la Ville dit avoir fait un compromis en réduisant le nombre de terrains projetés.

Norman Stamp ne comprend pas que la Ville de Châteauguay ait choisi le parc des Acadiens, qui est entouré d’une vingtaine de résidences pour y aménager des terrains de pickleball extérieur.

«On comprend tout à fait les besoins en sports, les besoins pour les enfants. On a déménagé ici justement parce que les enfants jouaient dans le parc et parce qu’il y avait du tennis dans un coin du parc», explique le Châteauguois.

Le parc des Acadiens comptait jusqu’à tout récemment quatre terrains de tennis et un grand espace gazonné où les jeunes enfants s’initiaient au soccer pendant l’été.

Le chantier du parc des Acadiens à Châteauguay. (Photo : Le Soleil - Denis Germain)

Un investissement de 2 M$ est prévu au parc qui comprendra bientôt six terrains de pickleball, deux terrains de tennis pouvant aussi être utilisés pour le pickleball et un espace pour jouer au hockey-balle ou handball. À l’origine, 16 terrains de pickleball étaient prévus, mais les plans ont été revus à la baisse à la suite des craintes de bruit.

Difficile cohabitation

Depuis quelques années, plusieurs villes, autant au Québec, ailleurs au Canada et aux États-Unis doivent composer avec des plaintes de bruit du voisinage autour des terrains extérieurs de pickleball.

La Ville de Calgary, par exemple, a retiré cette année un terrain de pickleball situé trop près des résidences. Dans un reportage à CTV News, elle a expliqué que plusieurs plaintes de bruit excessif et le non-respect des règles en place l’a menée à cette décision. En Colombie-Britannique, la Ville de Victoria a banni le pickleball de certains parcs pour les mêmes raisons. Drummondville, Magog, Shawinigan sont d’autres exemples où des citoyens se sont exprimés publiquement sur le sujet. Dans certains cas, des limites d’heures ont été ajoutées pour favoriser la quiétude du quartier et des toiles acoustiques ont aussi été installées.

Norman Stamp (en rouge) en compagnie d'autres voisins qui s'opposent au pickleball dans le parc des Acadiens. (Photo : Le Soleil - Denis Germain)

«N’importe quelle recherche vous dira que les terrains de pickleball ne devraient pas être dans des secteurs résidentiels, exprime M. Stamp. Le niveau de bruit rend les gens fous. Ils doivent rester à l’intérieur, ils ne peuvent plus ouvrir leurs fenêtres pendant la journée.»

Le fait que la balle soit en plastique et qu’elle frappe une raquette «pleine» augmente le niveau sonore comparativement au tennis.

Le pickleball connait aussi un grand engouement de sorte que les terrains sont très utilisés.

Le Châteauguois déplore également qu’une partie de l’espace vert et des arbres ont été rasés pour aménager les terrains. D’imposants lampadaires ont aussi été ajoutés.

Une grande demande

Le maire de Châteauguay Eric Allard explique que le parc des Acadiens a été sélectionné puisqu’il est «central» et comptait déjà des sports de raquette.  «On a décidé d’y faire un remodelage et on a eu l’idée de centraliser les terrains de pickleball parce que la demande est exponentielle. Je trouve que c’est une excellente nouvelle. Ça veut dire que beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens qui se gardent en forme et ça fait du maillage social», explique-t-il en entrevue.

Questionné si d’autres parcs avaient pu être envisagés, le maire a répondu que c’est sensiblement toujours la même chose, les parcs sont généralement en milieux résidentiels. D’ailleurs, comme la ville a réduit le nombre de terrains prévus au parc des Acadiens, elle étudie la possibilité d’en ajouter dans d’autres parcs.

«Le ‘’pas dans ma cour’’ c’est extrêmement fort pour tout le monde. […] On veut tout le temps que ce soit silencieux autour de chez nous, mais en même temps on habite dans une communauté puis c’est le fun que tout le monde puisse avoir des activités et puisse y avoir accès», exprime le maire.

Il affirme que les craintes ont été entendues en diminuant le nombre de terrains et des écrans végétaux seront ajoutés pour aider à contenir le bruit. Il n’exclut pas la possibilité de limiter l’utilisation des terrains si cela devient un enjeu.

Pour Serge Rajotte, président de l’Association de pickleball de Châteauguay, l’ajout de terrains était attendu depuis plus de deux ans.  L’Association compte 280 membres et n’en accepte plus de nouveaux pour l’instant, justement en raison du manque d’infrastructures extérieures dans la municipalité. 60 % des membres habitent Châteauguay.

Le lieu principal de jeu de l'Association de pickleball de Châteauguay est à l'agora. (Photo : Le Soleil - archives)

Le terrain de jeu principal des membres est à l’Agora, qui compte six terrains. Il est aussi possible de jouer aux parcs Roger-Déziel et Isabelle.  M. Rajotte est conscient qu’il peut y avoir un enjeu avec les voisins, bien qu’il n’ait jamais reçu de plainte de résidents près des terrains de Roger-Déziel et Isabelle. «Ce n’est pas simple comme situation. D’un côté tu as des résidents qui veulent avoir la tranquillité et de l’autre côté tu as des gens qui veulent faire du sport et le sport prend de l’ampleur», exprime-t-il.  

M. Rajotte ajoute que l’Agora demeurera le lieu prioritaire de jeu des membres de l’Association notamment puisqu’il est loin de résidences, mais aussi puisque le site est couvert, ce qui est pratique, autant pour les jours de pluie que lors des grandes chaleurs estivales.