CAS #8 / TIFFANY MORRISON

Le 17 juin 2006, Tiffany Morrison, une jeune femme mohawk de 24 ans, mère d’un enfant et résidente de la communauté de Kahnawake, sort dans un bar de LaSalle, à seulement quelques kilomètres de chez elle, de l’autre côté du pont Mercier. Elle quitte les lieux en taxi, accompagnée d’un homme de sa communauté. Elle ne reviendra jamais.

La disparition est rapidement jugée suspecte par sa famille. Mais les Peacekeepers de Kahnawake, chargés de la sécurité sur le territoire, ne prennent pas immédiatement l’affaire au sérieux, pensant à une fugue temporaire. Pourtant, Tiffany n’avait pas l’habitude de disparaître sans donner de nouvelles, surtout en laissant derrière elle sa petite fille.

Le compagnon de taxi de Tiffany n’a jamais spontanément signalé avoir été avec elle. Il n’a révélé cette information qu’après avoir été interrogé par les policiers. Il affirme être descendu du taxi en premier, laissant Tiffany seule avec le chauffeur, dont l’identité n’a jamais été établie. La version de cet homme soulève de nombreuses questions, notamment l’itinéraire du taxi, incohérent avec les domiciles respectifs des deux passagers.

Pendant quatre ans, aucune trace de Tiffany n’est retrouvée, malgré la mobilisation de la famille, l’affichage public et une récompense initiale de 10 000 $, augmentée à 75 000 $. Le 31 mai 2010, un travailleur de la construction fait une découverte choquante : des ossements sont retrouvés sous un pilier du pont Mercier, à seulement 800 mètres de chez elle. Ils sont identifiés comme ceux de Tiffany. La cause de la mort n’a jamais été rendue publique, mais il est confirmé qu’elle a été assassinée.

Le dossier est alors transféré à la Sûreté du Québec, mais l’enquête piétine. L’identité du chauffeur de taxi reste inconnue. L’autre passager refuse de passer un polygraphe, évoquant des raisons culturelles liées à la Longhouse mohawk.

Le combat pour la vérité est porté depuis le début par Mélanie Morrison, sœur de Tiffany. Elle devient l’une des voix les plus actives à l’échelle canadienne dans la lutte pour la reconnaissance et la justice pour les femmes autochtones disparues et assassinées. Son militantisme contribue à l’émergence de la Commission nationale d’enquête sur cette crise humanitaire et sociale.

L’affaire Tiffany Morrison incarne la négligence systémique qui entoure les dossiers de femmes autochtones au Canada. 18 ans plus tard, elle attend toujours une résolution.

« We want answers, now. » — Mélanie Morrison, sœur de Tiffany Morrison

🕰️ Chronologie des faits

Date    Événement

17 juin 2006        Tiffany Morrison sort dans un bar à LaSalle. Elle prend un taxi.
18 juin 2006        Sa disparition est signalée aux Peacekeepers.
2006–2010          Campagnes d’affichage, mobilisation familiale, enquête au ralenti.
31 mai 2010        Ossements retrouvés près du pont Mercier. Identifiés comme ceux de Tiffany.
2010                    La Sûreté du Québec reprend l’enquête.
2010–2024           Aucune arrestation. Le dossier demeure non résolu.

Toute information sur cette affaire peut être transmise en toute confidentialité à la Sûreté du Québec au 1 800 659 4264.