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Ces plantes qui blessent

le samedi 27 octobre 2018
Modifié à 11 h 29 min le 12 août 2020
Par Patricia Blackburn

pblackburn@gravitemedia.com

Plusieurs plantes nuisibles présentes dans la région peuvent être dangereuses si leur sève entre en contact avec la peau. Un Châteauguois de 17 ans, Maxime Lefebvre, l’a appris à ses dépens. Alors qu’il jouait au minigolf à Mercier, il s’est brûlé à la main après être allé chercher sa balle, qui était tombée sur un terrain vague. «Une brûlure assez grave, avec des cloques d’eau, et  qui a pris plusieurs semaines à guérir», détaille sa mère, Danielle Fleurant. Le jeune homme ne pouvait toutefois pas identifier clairement la plante responsable de sa blessure. Une plante probablement de la famille des berces, croit-il. Une autre citoyenne de Châteauguay a quant à elle subi des brûlures à une jambe après avoir marché sur la tige d’un panais sauvage. Des molécules «photosensibles» [caption id="attachment_51542" align="alignright" width="249"] Claude Lavoie.[/caption] Claude Lavoie, professeur de biologie à la Faculté d’aménagement, d’architecture, d’art et de design de l’Université Laval, explique que le panais sauvage fait partie de la même famille que le céleri. Tout comme la berce laineuse, la berce commune, et la berce du Caucase, une plante plus grande dont la présence est étroitement surveillée par le ministère de l’Environnement. La sève de ces plantes contient des toxines « photosensibilisantes ». Lorsque celles-ci sont activées par la lumière, elles rendent la peau très sensible au soleil, causant des plaies, des ampoules et des brûlures. Les cicatrices peuvent persister pendant plusieurs mois, voire des années. Peu de cas rapportés aux autorités Selon M. Lavoie, le panais sauvage est très abondant partout au Québec. «Il y en a tellement, notamment dans les fossés et en bordure des routes, que je ne vois pas comment il serait possible de s’en débarrasser». D’autant que, selon lui, la plante constitue un risque «moyen» pour la santé publique, contrairement à la berce du Caucase, qui elle peut causer des brûlures très graves. Cette dernière plante serait toutefois peu présente en Montérégie, dit-il. [caption id="attachment_51547" align="alignleft" width="453"] Panais sauvage. (Photo: Gouvernement de l'Ontario)[/caption] «En laboratoire, on a pu voir que la molécule toxique présente dans la sève du panais sauvage avait une concentration aussi élevée que dans celle de la berce du Caucase, mentionne le biologiste. Mais dans la pratique, j’en doute fort. Car du panais sauvage, il y en a des millions. Et les cas de brûlures rapportées sont très rares», observe-t-il. Un fait confirmé par la Direction de la santé publique de la Montérégie, qui rapporte peu de signalements concernant les plantes nuisibles toxiques. «Les signalements reçus concernaient la berce du Caucase ou l’herbe à puce», indique-t-elle. Les villes de Châteauguay, Mercier et Léry n’ont aussi reçu, à ce jour, aucun signalement à cet égard. Savoir identifier les plantes toxiques Pour l’heure, la meilleure solution pour se protéger de ces plantes serait de savoir mieux les identifier. Ce qui, selon M. Lavoie, représente un grand défi. Il donne l’exemple de l’herbe à poux et de l’herbe à puce, que la majorité des gens ne savent pas encore reconnaître ou même différencier malgré les campagnes de sensibilisation mise en place par plusieurs municipalités. Quelques sites Internet, notamment l’outil «Sentinelle» du ministère de l’Environnement, donnent accès à des renseignements sur les plantes nuisibles comme la berce du Caucase et le panais sauvage. L’outil permet également de signaler la présence d’une de ces plantes sur le territoire.  Quelques villes, dont celle d’Ottawa et de Gatineau, ont émis des avis concernant ces plantes, soit avec des affiches installées aux endroits où elles se trouvent en abondance (notamment concernant le panais sauvage), soit avec une fiche descriptive sur le site Internet. Autres types de plantes nuisibles [caption id="attachment_51548" align="alignright" width="451"] Herbe à puce. (Photo: Ministère de l'Environnement)[/caption] L’herbe à puce, qui ne fait pas partie de la même famille que les berces et le panais sauvage, peut aussi causer des lésions cutanées. «Dans ce cas, on parle d’allergie plutôt que de brûlures», note M. Lavoie. L’herbe à poux, de son côté, peut être touchée sans risque. C’est plutôt son pollen qui cause des allergies, lorsque libéré dans l’air de la fin juillet jusqu’aux premières gelées. En cas de contact En cas de contact avec la sève de l’une de ces plantes, la Direction de la santé publique de la Montérégie  recommande de laver rapidement l’endroit touché avec du savon, puis de rincer abondamment à l’eau claire. La peau doit également être gardée à l’abri de la lumière. Comment se débarrasser des plantes Dans le cas des plantes de la famille des berces, la fauche n’est pas utile. La racine pivotante doit être retirée du sol avec une pelle. L’usage d’herbicide ne doit être considéré qu’en tout dernier recours, par exemple s’il y a infestation de la plante dans une cour d’école.  

Lutte à l’herbe à poux et à puce

La Ville de Châteauguay dit utiliser des méthodes écologiques préconisées par l’Association pulmonaire du Québec pour combattre l’herbe à poux sur son territoire. [caption id="attachment_51544" align="alignright" width="444"] De l'herbe à poux non coupé près d'une école primaire à Châteauguay.[/caption] « Cette méthode est la coupe, indique Marie-Claude Tremblay, directrice des communications pour la Ville de Châteauguay. Les terrains de la Ville sont régulièrement entretenus et les terrains vacants sont quant à eux fauchés deux fois par année, soit au début du mois de juin et à la mi-août (avant la floraison). La priorité est accordée aux terrains sportifs et espaces verts où la tonte est effectuée hebdomadairement. De plus, en période opportune, la Ville sensibilise la population au moyen de ses différents outils de communication concernant l’importance de la prévention» ajoute-t-elle. De son côté, la Ville de Mercier précise que l’herbe à poux et à puce sont désignées comme des «mauvaises herbes» dans le règlement sur les nuisances. «Nos règlements limitent également la hauteur des hautes herbes à 20 centimètres. La Direction urbanisme et environnement a réalisé une cinquantaine d’interventions cette année à propos de ces dispositions de nos règlements municipaux, indique Vincent Lanctôt, directeur des communications pour la Ville. Finalement, afin de contrer la prolifération de l’herbe à poux, la Direction des travaux publics et du génie fait régulièrement la coupe mécanisée des bordures de rue, des passages piétonniers, des espaces verts et de terrains vacants» ajoute-t-il.