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Communauté Mikinak à Beauharnois : faussement autochtone

le jeudi 01 novembre 2018
Modifié à 13 h 46 min le 01 novembre 2018
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Installée depuis bientôt trois ans à Beauharnois, la communauté Mikinak aurait permis à des centaines de membres de profiter illégalement d’un statut d’autochtone. C’est ce que révèle un dossier du quotidien La Presse publié jeudi à propos de la Confédération des peuples autochtones du Canada qui est dans la mire des autorités policières. «Je demande toujours aux gens pourquoi ils veulent leur carte [de la CPAC], soulignait Canard Blanc en décembre 2015. Quand ils me disent que c’est pour ne plus payer de taxes, je leur indique la porte. » Canard Blanc, c’est Lise Brisebois. Elle a été la chef de la communauté à Beauharnois lors de son implantation. Celle-ci est décédée cet été. Selon son mari, Gilles Gagné, tous deux ont été exclus de la CPAC lorsqu’ils ont compris que le grand chef de la CPAC ne défendait pas les mêmes valeurs autochtones qu’eux. Dans l’article d’Isabelle Hachey, on apprend que plusieurs membres ont utilisé leur carte pour être exemptés de taxes. Le grand chef, Guillaume Carle, et la CPAC n’auraient aucune reconnaissance à Ottawa ni auprès de l’Assemblée des Premières Nations. L’organisation serait en fait un organisme sans but lucratif. En janvier 2016, M. Carle avait présidé la première réunion des Mikinak de la Montérégie. Il s’était alors présenté comme le défenseur des droits autochtones. «Vous êtes ici pour partager dans une collectivité, avait-il indiqué à la centaine de personnes présentes. Vous avez décidé de continuer le travail de vos ancêtres. » Pour obtenir la carte, vendue au coût de 80 $, il fallait prouver ses origines. On proposait un test d’ADN ou de faire la généalogie. Les deux coûtaient 250 $. Pour la généalogie, on aurait demandé le numéro d’assurance sociale, le numéro de permis de conduire et le baptistaire. «J’ai peur qu’on ait vendu ses informations pour faire de la fraude d’identité», avait expliqué un ancien membre rencontré l’an dernier. Un autre ancien membre était également déçu. «Je me suis fait avoir, a raconté cette personne. Je me disais que ça allait être le fun de découvrir sur mes origines. J’ai eu une claque sur la gueule. » La Sûreté du Québec, la Gendarmerie royale du Canada et l’Agence du revenu du Canada enquêteraient. Beauharnois étant sous la juridiction de la Police de Châteauguay, Gravité Média l’avait saisi d’informations il y a un an. «Ça avance tranquillement, avait répondu un lieutenant-détective. Le dossier est toujours actif et on demande l’assistance à d’autres paliers. L’ampleur est remarquable. » Incidemment, les enquêtes menées par la GRC, la SQ et Revenu Canada pourraient mener au dépôt d’accusations. [caption id="attachment_52409" align="alignleft" width="1024"] Le grand chef de la CPAC, Guillaume Carle, a présidé la première réunion des Mikinak à Beauharnois en janvier 2016. (Photo Pierre Langevin)[/caption]