Effaroucheurs d’oiseaux en zone agricole: des coups de canons qui dérangent

Depuis deux mois, plusieurs résidents du quartier des musiciens à Châteauguay se plaignent du bruit occasionné par des canons effaroucheurs utilisés par un agriculteur de Mercier pour faire fuir les oiseaux de ses champs en culture. Les mairesses des deux villes concernées ont successivement réagi, le 17 août. Nathalie Simon pour demander à Mercier de réglementer ce type de bruit. Lise Michaud lui a répondu qu’elle n’avait pas le pouvoir de le faire.
Les détonations sont entendues tôt le matin et en soirée, ont rapporté des citoyens sur les pages Facebook de Spotted Châteauguay et Châteauguay Community-Communauté de Châteauguay. «C’est vraiment dérangeant». «Mon chien court se cacher dans le sous-sol à chaque fois», écrivent des internautes.
Répondant aux plaintes des résidents du quartier, la Ville de Châteauguay, dans un communiqué le 17 août, demande à Mercier de réglementer l’utilisation de ces canons effaroucheurs. « Les nuisances se gèrent par règlement. Nous ne pouvons réglementer dans une autre municipalité, mais nous offrons notre collaboration à la Ville de Mercier pour trouver une solution acceptable pour tous», déclare la mairesse Nathalie Simon. Elle cite en exemple la Ville de Saint-Philippe, qui s’est dotée en 2012 d’une politique encadrant l’utilisation des canons effaroucheurs.
La Ville de Mercier a répondu qu’il lui était impossible de réglementer ce type de bruit, puisque « la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles a préséance sur les règlements municipaux et permet aux agriculteurs d’utiliser de tels dispositifs», réplique-t-elle dans un communiqué le 17 août.
L’agriculteur rencontré
Mercier ajoute que l’agriculteur visé par les plaintes avait déjà été rencontré par la direction de l’urbanisme et de l’environnement de la Ville et par le service de police à la fin juillet. «L’agriculteur a accepté de limiter l’utilisation de ses canons, de 6h à 8h et de 19h à 21h» indique-t-elle en ajoutant que cette nouvelle règle est respectée depuis le début du mois d’août.
À ce propos, la mairesse Lise Michaud dit mal comprendre la sortie médiatique de la Ville de Châteauguay puisque, selon elle, «les mesures d’atténuation effectives dans ce dossier sont déjà entreprises depuis plus de deux semaines et celles-ci sont plus restrictives que celles imposées par la ville de Saint-Philippe qui laisse les agriculteurs utiliser les canons de 7h à 21 h», fait-elle valoir.
«Les agriculteurs n’utilisent pas les canons pour leur plaisir» -UPA Montérégie
L’usage des canons effaroucheurs par les agriculteurs sert à protéger les récoltes de maïs et de petits fruits des ravages que peuvent causer certains oiseaux, rappelle la directrice de l’aménagement du territoire de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie, Danielle Inkel.
«Ils (les agriculteurs) ne font pas fonctionner les canons pour leur plaisir», mentionne-t-elle en précisant que certaines périodes de l’année sont plus critiques. «Quand le maïs est prêt à être manger, des oiseaux peuvent ravager les récoltes en quelques jours, illustre-t-elle. Il ne faut même pas qu’ils goûtent, sinon c’est trop tard.»
Ces canons effaroucheurs auraient fait leur preuve, selon l’UPA, puisqu’ils constituent l’un des moyens les plus efficaces de protéger les récoltes.
Éduquer les gens
Selon Mme Inkel, des situations comme celle qui caractérise actuellement un secteur de Châteauguay se sont déjà produites dans le passé. À Saint-Philippe et à Saint-Jacques-le-mineur, entre autres, donne-t-elle comme exemples. «Le problème se règle généralement en éduquant les gens. On organise des rencontres pour les informer de l’utilité de ces appareils pour les agriculteurs. Car on ne peut pas les empêcher de les utiliser sans compromettre leurs récoltes», dit-elle. Elle spécifie d’ailleurs que les canons effaroucheurs sont exclus des règlements sur les nuisances sonores des municipalités, puisque leur usage est protégé par la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles.
Extrait de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (RLRQ c P-41.1)
79.17. En zone agricole, nul n’encourt de responsabilité à l’égard d’un tiers en raison des poussières, bruits ou odeurs qui résultent d’activités agricoles, ni ne peut être empêché par ce tiers d’exercer de telles activités si celles-ci sont exercées, sous réserve de l’article 100.