Opinion

Et si toutes les personnes en mesure de travailler avaient la chance de se faire valoir ?

le mercredi 21 septembre 2022
Modifié à 13 h 47 min le 16 septembre 2022
Par René Vézina

redactiongm@gravitemedia.com

Est-ce que la hausse marquée du coût de la vie va finir par s’atténuer?

C’est une des questions, sinon la grande question qui s’impose durant la campagne électorale. La plupart des citoyens sont affectés par l’effritement rapide de leur pouvoir d’achat, surtout que l’inflation était restée sous contrôle pendant de longues années… et voici qu’elle vient de se rappeler brutalement à nos mémoires.

Mais un autre enjeu demeure, qui ne fait pas autant les manchettes, peut-être parce que dans ce cas, on en parle depuis un bon moment: la rareté de la main-d’œuvre et ses conséquences sur les organisations et l’économie du Québec tout entier.

Les plus récentes analyses font état de 1,4 million de postes à pourvoir d’ici 2030. C’est énorme. Et il n’existe pas de solutions miracles, alors que le taux de chômage au Québec est revenu à des creux historiques au sortir de la pandémie.

Compter sur les immigrants? Encore faudrait-il les trouver, les intégrer efficacement, parvenir à les répartir là où on a besoin de renfort… et pour commencer, s’entendre sur le nombre des nouveaux arrivants qu’on veut admettre ici.

Demander aux gens de prolonger leur vie active en repoussant l’âge de la retraite? Oui, mais il faudra modifier en profondeur les réflexes des employeurs et des travailleurs eux-mêmes.

Miser sur l’automatisation? D’accord, en comprenant que ça ne se fera pas du jour au lendemain et qu’on ne peut pas installer des robots partout.

Par contre, il existe des bassins de travailleurs encore sous-utilisés, soit parce que leurs compétences sont mal exploitées ou qu’ils ne correspondent tout simplement pas aux standards conventionnels du marché du travail. Pensons aux personnes handicapées, aux personnes qui ont quitté l’école trop tôt, à des membres des Premières Nations qui n’ont pas véritablement l’occasion de se faire valoir. Dans ce cas, on parle maintenant d’employabilité, c’est-à-dire la possibilité de joindre la place de travail en réalisant son plein potentiel.

Heureusement, des organismes s’activent à faire la jonction entre les profils de ces personnes disponibles et les besoins du marché de l’emploi. Au-delà de 5 000 professionnels sont justement à l’œuvre, au Québec, dans plus de 400 organismes spécialisés pour offrir du soutien à quelque 200 000 personnes.

C’est entre autres ce qui a été mis en lumière, le 6 septembre à Montréal, lors d’un débat électoral qui réunissait des représentants des principaux partis politiques, sauf de la CAQ qui avait décliné l’invitation. L’événement était organisé conjointement par sept grands réseaux nationaux d’employabilité.

On y a entre autres discuté d’intégration, de régionalisation, de mise en valeur des groupes sous-représentés dans le marché, mais aussi du financement nécessaire au bon fonctionnement de ces services publics d’emploi qui se démènent pour aider tant les individus que les employeurs en manque de personnel.

La situation ne se réglera pas demain matin, mais le seul fait de débattre régulièrement du grand enjeu de rareté de main-d’œuvre, au Québec, nous donne certainement plus de chances de trouver des solutions.