Étudiants : passer l’été sans emploi
Au Carrefour jeunesse emploi Beauharnois-Salaberry, les jeunes peuvent consulter les offres d’emploi. (Photo : Le Soleil – Marie-Josée Bétournay)
De plus en plus de jeunes passent leur été sans emploi. Leurs recherches demeurent infructueuses; les employeurs ayant apporté plusieurs changements après la pandémie de la COVID-19, en 2020.
Ce constat, les carrefours jeunesse emploi Beauharnois-Salaberry et Châteauguay y font face tous les jours. «J’ai envoyé mon CV partout, je n’ai aucun retour.» Le personnel du Carrefour jeunesse emploi Beauharnois-Salaberry, à Salaberry-de-Valleyfield, entend ces mots à répétition chez les jeunes de 14 à 16 ans. Le Carrefour Jeunesse emploi de Châteauguay, dans la ville du même nom, rencontre des adolescents découragés faute d’occuper un travail.
«Resserrement du marché de l’emploi»
La directrice générale du Carrefour jeunesse emploi Beauharnois-Salaberry Lyne Charlebois associe les refus des employeurs à deux facteurs. D’abord, elle parle d’un «resserrement du marché de l’emploi» à la suite de la pandémie de la COVID-19. Durant cette période, des entrepreneurs se sont heurtés à une pénurie de main-d’œuvre. «Particulièrement dans les domaines de la restauration et du commerce de détail, les entreprises ont revu leurs heures d’ouverture, […] transformé leur mission en devenant des restos déjeuners. Ce genre de modification a amené un changement au niveau de la demande. Il y a moins de demandes de travailleurs à temps partiel», explique-t-elle.
Lyne Charlebois prend place devant la baie Saint-François, à distance de marche du Carrefour jeunesse emploi Beauharnois-Salaberry. (Photo : Le Soleil – Marie-Josée Bétournay)
Puis, la rotation du personnel demande aux employeurs de multiplier les processus d’embauche. Pour éviter cette démarche, certains d’entre eux multiplient les efforts pour garder leur personnel. «Ils vont ajuster les horaires de travail pour garder leurs employés. Ils vont être plus accommodants et garder leurs équipes plutôt que d’être dans la dynamique d’embauche. Mon équipe est complète et je fais en sorte de la garder satisfaite», relate Mme Charlebois.
Le taux de chômage en témoigne. La directrice générale du Carrefour jeunesse emploi Beauharnois-Salaberry note un taux deux fois plus élevé chez les 35 ans et moins au Québec comparativement à l’ensemble de la population.
Sans emploi malgré un «beau profil»
La directrice du Carrefour jeunesse emploi Châteauguay Michèle Lazure voit une baisse des emplois d’été depuis deux ou trois ans. Les jeunes sans expérience sont touchés, mais également ceux avec un «beau profil, une belle volonté et qui se présentent bien». «Les jeunes de 14-15-16 ans ont de la difficulté, mais les plus vieux aussi. Ceux qui sont au cégep ont de la difficulté à décrocher un emploi. Certains ont une expérience de travail», exprime-t-elle.
La période de recrutement chez les entrepreneurs s’entame bien avant la fin des classes. Michèle Lazure remarque que des jeunes frappent à la porte du Carrefour au début du mois de juin afin de s’outiller en vue d’obtenir un emploi d’été. Elle l’a vécu en 2024. C’est l’effet de surprise. «C’est un peu tard. Normalement, tu dois commencer tes recherches en avril-mai», avoue-t-elle. Pour sensibiliser les jeunes à cette approche, le Carrefour jeunesse-emploi Châteauguay a organisé des ateliers en 2024; des ateliers auxquels les étudiants ont «bien répondus». Cette année, en mai, l’organisation est allée à la rencontre des jeunes de l’école Louis-Philippe-Paré à Châteauguay sur les bancs d’école. L’invitation : participer aux ateliers curriculum vitae et entrevue après les classes. «Il y a eu peu de participation», précise la directrice du Carrefour, même si les jeunes bénéficiaient d’un transport scolaire.
Chaque semaine, le Carrefour jeunesse emploi Beauharnois-Salaberry répond à des jeunes à la recherche d'un emploi d’été. D’une façon générale, les demandes de services en matière d’employabilité, incluant celles pour les emplois d’été, grimpent depuis la pandémie, souligne Mme Charlebois. Du 1er mai au 12 juillet 2025, les demandes ont augmenté de 43 % comparativement à la même période l’année dernière, chez les 25 ans et moins, passant de 100 à 143.
Les carrefours soutiennent les jeunes de 15 à 35 ans à la recherche d’un emploi. Rédaction du curriculum vitae, présentation chez un employeur, pratique d’une entrevue d’embauche constituent des outils. «C’est d’avoir de bonnes stratégies en fait de recherche d’emploi», résume Mme Lazure.
En date du 19 juin, le gouvernement fédéral, via le programme Emploi d'été Canada, a pourvu 234 postes chez des organismes et municipalités de la circonscription de Châteauguay-Les Jardins-de-Napierville. Ces emplois s’adressent à des jeunes de 15 à 30 ans. D’autres postes demeurent «sûrement» non comblés, précise Antoine Bourassa, adjoint aux communications au bureau de la députée Nathalie Provost. «Le nombre de postes disponible n'est pas public», poursuit-il.