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Le Manoir Parent ferme ses portes

le mardi 29 mars 2022
Modifié à 14 h 10 min le 29 mars 2022
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Le Manoir Parent est établi à Châteauguay depuis 34 ans. (Photo : Le Soleil -Erick Ouellet)

Établi depuis plus de 30 ans à Châteauguay, Le Manoir Parent fermera ses portes d’ici juin. La direction de cette résidence privée pour personnes âgées justifie sa décision par le retrait d’une unité de réadaptation du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO) qui la prive d’importants revenus. De son côté, le CISSSMO, réplique qu’il y avait des enjeux «de qualité des soins et de sécurité».

La direction du Manoir a fait l’annonce aux familles des résidents le mardi 22 mars. «Le retrait inattendu de l’UTRF (unité transitoire de récupération fonctionnelle) à l’automne 2021 a fait en sorte que plus de la moitié des chambres de l’établissement ont été libérées subitement et ont contraint l’entreprise à tenter d’équilibrer son budget avec moins de la moitié de ses revenus habituels», explique l’entreprise dans la lettre remise aux familles dont le Soleil de Châteauguay a obtenu une copie.

La direction affirme avoir «multiplié les démarches auprès du CISSSMO dans le but de rétablir un partenariat» en vain. Elle ajoute n’avoir d’autre alternative que celle de fermer l’établissement.

Problèmes non résolus, selon le CISSSMO

Situé sur le boulevard D’Anjou, le Manoir Parent compte 56 chambres, selon le registre du ministère de la Santé. Depuis plusieurs années, le CISSS de la Montérégie-Ouest avait un contrat avec la résidence pour une unité transitoire de récupération fonctionnelle (UTRF) de 30 lits. Cette unité sert notamment aux patients âgés qui sortent d’une hospitalisation, mais qui ont besoin de soins de réadaptation avant de retourner dans leur milieu de vie habituel.

«En raison de différents enjeux reliés à la qualité des soins et à la sécurité des usagers qui n’ont pas été résolus, et ce, malgré les plans d’intervention et l’accompagnement de nos équipes, nous avons dû mettre fin à ce contrat en septembre dernier», explique Catherine Brousseau, agente d’information au CISSSMO. Mme Brousseau évoque notamment des «bris architecturaux qui avaient été adressés» et des enjeux de main-d’œuvre.

Depuis la fermeture de cette unité, les usagers qui ont besoin de soins dits «post-aigus» sont dirigés vers d’autres sites de réadaptation ou reçoivent des soins à domicile, poursuit Mme Brousseau. Le CISSSMO ira en appel d’offres pour relocaliser l’UTRF «dans les meilleurs délais».

Coup dur pour les familles

Brigitte Gagné est très attristée d’apprendre que son père de 83 ans devra déménager prochainement. Il habite le Manoir depuis près de 5 ans.

«Il avait choisi cet endroit justement parce qu’il avait séjourné à l’UTRF dans le passé. C’était rassurant pour lui, puisqu’il connaissait déjà les gens sur place», raconte-t-elle.

Elle souligne que c’est une résidence qui n’avait pas eu de «grosses rénovations depuis très longtemps», mais son père y est bien et «les préposées sont des amours».

Elle est très triste lui et les autres résidents qui devront déménager. «Ils ont déjà vécu la COVID, confinés sans balcon. C’est gros pour eux tout ça», déplore-t-elle.

Sa famille a commencé les démarches pour lui trouver une nouvelle résidence. «Ce n’est pas facile. Soit il y a une liste d'attente ou le budget est trop élevé. Je m'imagine toutes ces personnes âgées. C’est vraiment triste. Comme plan b, je regarde pour qu'il habite avec moi temporairement», confie-t-elle.

Le Manoir Parent a indiqué aux familles que le CISSSMO a «le devoir» de les assister dans la relocalisation des résidents. Le CISSSMO confirme qu’il accompagnera «tous les résidents de cette résidence privée afin qu’ils trouvent un milieu adapté à leurs besoins».

Joint à plusieurs reprises par téléphone, le directeur n’a pas rappelé Le Soleil de Châteauguay.

De nombreuses fermetures

Il semble que la fermeture du Manoir Parent à Châteauguay ne soit pas un cas unique. Dans un reportage de La Presse publié le 28 mars, le Regroupement québécois des résidences pour ainés (RQRA) parle de 150 résidences privées pour ainés qui ont fermé leurs portes depuis janvier 2021.