VIDÉOS - Les marchés tropicaux en expansion à Châteauguay
Gisèle Kayembe Fontaine et son mari Jonathan Fontaine ont ouvert leur magasin épicerie Fontaine d'Afrique et des Antilles en juin 2021.(Photo : Le Soleil – Denis Germain)
Avez-vous déjà goûté le jus de goyave, ou savouré des champignons djon djon d’Haïti, des piments du Rwanda? Pour déguster ces produits provenant des pays ensoleillés, les gourmands n'ont plus à aller plus loin que Châteauguay, où le marché des aliments antillais et africains est en pleine expansion.
Gisèle Kayembe Fontaine et son mari Jonathan Fontaine parcourent environ 120 km par jour, aller-retour, de leur résidence à Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix jusqu’à leur magasin sur le boulevard D’Anjou à Châteauguay. Mme Kayembe Fontaine raconte qu'avant d'ouvrir son épicerie Fontaine d'Afrique et des Antilles, en juin 2021, elle devait toujours se rendre à Montréal ou à Longueuil pour trouver certains types de produits. La dame d’origine congolaise a compris, en consultant d’autres membres des communautés immigrantes en Montérégie, que plusieurs se trouvaient dans la même situation.
Elle voulait offrir la possibilité aux gens «de se procurer les saveurs de chez eux».
«C’est vrai que quand on quitte un pays, moi je suis bien placée pour le dire, ce n’est déjà pas facile, exprime Mme Kayembe Fontaine. Et se sentir loin de chez soi, des gens qu’on aime, de la nourriture… Ça arrive à tout le monde de sentir une odeur et ça te rappelle quelque chose de ton enfance. Moi, ce sont des choses qui me parlent.»
Une étude de marché a dévoilé que le meilleur endroit pour ouvrir une épicerie africaine en Montérégie était à Châteauguay. Selon les derniers chiffres disponibles de Statistiques Canada, 6 % de la population de Châteauguay était d’origine africaine et 5,4 % d’origine caribéenne en 2016.
L’entrepreneure souligne toutefois que ses produits ne sont pas réservés aux Africains et Antillais.
«Notre boutique est aussi ouverte aux aventureux, aux gens qui veulent goûter autre chose, qui veulent découvrir. C’est pour ça que moi j’aime dire, ‘ma boutique c’est un voyage’», illustre-t-elle.
Trouver du réconfort dans son assiette
Brandon Peters, co-propriétaire du Marché Long Mango, situé sur le boulevard Saint-Jean-Baptiste, connaît l’importance de savourer la nourriture de chez soi. Sa mère et lui ont acheté le magasin en 2016, alors que celui-ci existait depuis déjà neuf ans. Ils offrent des produits provenant d’Afrique, des Antilles, d’Asie, entre autres.
«Nous sommes là pour fournir tout ce qui n’est pas accessible dans les grandes épiceries. Des choses qui doivent être importées, des choses qui nous ramènent à nos racines, explique M. Peters, dont la famille est originaire de la Grenade, aux Antilles. J'ai l'impression que c'est essentiel, se sentir chez soi.»
Il trouve que l’alimentation peut être une source de réconfort pour ceux qui ont dû quitter leur pays. Mais aussi, l’offre d’une variété de produits ne peut qu’être positive pour l’économie locale, soutient-il.
«Tout ce qu’on trouve à Montréal, on devrait l'avoir à Châteauguay. Nous devrions essayer de garder les gens à Châteauguay et l'argent à l’intérieur de la communauté», indique M. Peters.
Un supermarché à venir
La demande grandissante pour les aliments des pays chauds a su attirer l’attention d’ambitieux promoteurs. Avec une superficie d’environ 10 000 pieds carrés, le supermarché Idia devrait ouvrir ses portes en avril 2022 dans l’ancien site de la Plaza du Dollar et Plus sur Saint-Jean-Baptiste, à Châteauguay.
Alors que le magasin devrait vendre «un peu de tout», il se spécialisera dans les produits provenant d’Afrique, des Antilles et d’Asie.
Le supermarché Idia devrait ouvrir ses portes dans l’ancien site de la Plaza du Dollar et Plus sur Saint-Jean-Baptiste, à Châteauguay. (Photo : Le Soleil – Valérie Lessard)
«Lorsqu’on parle de la communauté afro-caribéenne, des Noirs au Québec, on parle beaucoup des villes comme Montréal, de Laval, mais Châteauguay est quand même la deuxième plus grande agglomération de notre communauté au Québec», explique le futur gérant du magasin, Eric Britto. En faisant des études de marché, les promoteurs se sont rendu compte que les consommateurs de ce type de produit traversaient le pont Mercier pour faire leur épicerie.
M. Britto prévoit embaucher une vingtaine d’employés pour s’occuper du magasin. Dans les années à venir, les propriétaires aimeraient créer des franchises du supermarché Idia comme le font les marchés Adonis.