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Les noms de six victimes d'un barrage gravés dans la pierre et les coeurs

le vendredi 11 juin 2021
Modifié à 17 h 03 min le 22 juin 2021
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Le maire Pierre-Paul Routhier, Gilles Lefebvre, de Monuments Melocheville, et Christian Fournel ont dévoilé la plaque commémorative. (Photo Michel Thibault)

22 ans jour pour jour après le décès de sa fille Valérie, Christian Fournel est retourné sur les lieux de la tragédie où six jeunes ont péri entre 1944 et 1999.

En compagnie de sa sœur Ginette Dufresne, de sa conjointe Lise Roy, du maire Pierre-Paul Routhier et de Gilles Lefebvre, de Monuments Melocheville, il a dévoilé une plaque gravée des noms de Cécile Dumouchel, Christopher Brown, Paul Tissel, Paul Deschênes, Gordon Gardner et Valérie Fournel. Tous ont perdu la vie dans le piège mortel que cache le barrage entre le boulevard Salaberry Sud et l’île Chèvrefils. Tous ont succombé après avoir été aspirés dans l’étroit passage où s’engouffre la rivière avec une force effroyable.
« Une plaque commémorative est maintenant érigée en ces lieux, afin d’honorer leur mémoire pour qu’ils ou elles ne tombent dans l’oubli et que leurs noms soient gravés dans nos cœurs à jamais », a déclaré Christian Fournel aux gens réunis pour l’occasion.
« C’est important pour moi de commémorer la mémoire des six jeunes qui sont là, a-t-il dit en entrevue au journal. Pour, justement, dire aux gens que c’est dangereux. Il y a de nouveaux citoyens à Châteauguay qui ne connaissent pas l’histoire du parc, ils ne savent pas que des jeunes se sont noyés ici. »
En son nom et celui des familles, M. Fournel a adressé des remerciements à M. Lefebvre, qui a fabriqué la plaque et l’a donnée en cadeau. Il s’agissait d’un nouvel hommage puisqu’une première version en bronze a été volée en 2005 après son installation.
C’est son fils Francis Charlebois qui l’a informé de la disparition, a dit M. Lefebvre, et il tenait à la remplacer. « C’est important qu’il y ait une plaque ici qui informe du danger, qu’il y a des personnes qui ont voulu traverser et que ça a fini tragiquement », a-t-il expliqué au Soleil de Châteauguay.
M. Fournel a aussi signifié son appréciation au maire Routhier et à la Ville de Châteauguay, « pour avoir permis la réalisation de ce projet ».
M. Fournel a confié : « Mon vœu le plus cher est que les six victimes du barrage veillent à ce que l’endroit conserve tout son cachet naturel et qu’aucun autre événement tragique ne puisse assombrir ce lieu de sérénité ».

 


Mieux sécuriser
Le maire Routhier a salué le geste de M. Lefebvre et exprimé ses préoccupations à l’égard de la sécurité du barrage. S’adressant aux gens présents, il a indiqué que la Ville voulait « réactiver la situation du parc Valérie-Fournel ».
Il a rappelé qu’une citoyenne, Gail Catherine Walker, avait interpellé le conseil municipal en 2020, inquiète de voir des jeunes s’y aventurer. À la suite de son intervention, la Ville a installé des panneaux informant du risque de noyade et prolongé la clôture déjà présente sur place. « On a fait du mieux qu’on peut. On aurait aimé la prolonger jusqu’à l’eau mais les glaces l’auraient emportée », a expliqué le maire.
Il a indiqué que la Ville avait commandé une étude pour examiner le barrage et, entre autres, déterminer s’il est toujours nécessaire. Selon M. Fournel, il aurait été érigé pour empêcher les glaces d’endommager un moulin jadis présent dans l’île Chèvrefils.


 
Panneau explicatif
Le maire Routhier a retenu la suggestion de M. Fournel et du journaliste du Soleil de Châteauguay d’installer sur place un panneau expliquant le danger que recèle le barrage. « Parce qu’ici tout est beau. Une croix de chemin. La belle plaque. L’ouïe qui nous permet d’entendre l’eau qui coule. Mais il y a un danger ! Et le danger, il n’y a personne qui le sait, qui le voit », a souligné le premier magistrat.