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Les nouveaux papas sont-ils plus présents?

le vendredi 19 juin 2015
Modifié à 0 h 00 min le 19 juin 2015
Par Valérie Gagnon

vgagnon@gravitemedia.com

À la naissance de son enfant, le père a droit à cinq semaines de congé. Depuis mai, le Conseil du statut de la femme recommande d’allonger le congé de paternité à huit semaines. Des pères de la région ont fait part de leur opinion à ce sujet.

« La présence du père, c’est important plus que tout », confie Nicolas Crète, jeune père de 31 ans, de Saint-Urbain-Premier.

« Il est assez impliqué, il change autant de couches que moi », commente sa conjointe Mélanie Lepage. Selon le trentenaire, la génération actuelle de nouveaux papas est plus présente auprès des enfants tandis que  les pères de la génération précédente travaillaient plusieurs heures, donc ils étaient moins près de leurs poupons.

Bernard Crète, 68 ans, père de Nicolas, remarque que son fils est plus impliqué auprès de ses jeunes enfants. Considérez-vous avoir été présent lors des premiers mois de naissance de vos enfants?

« Oui, mais un peu moins que Nicolas. Je me levais à cinq heures le matin pour aller travailler, témoigne-t-il. J’étais un peu moins impliqué, mais quand ils étaient plus vieux, lorsqu’ils avaient deux ans, j’étais bien impliqué, mais bébé; non », soutient-il.

Est-ce que cinq semaines de congé de paternité sont convenables?

«Ce n’est jamais assez long, mais plusieurs mixent avec leurs semaines de vacances », remarque Nicolas Crète, travailleur autonome.

Père plus présent

« Ce qu’on sait, c’est que l’homme passe de plus en plus de temps dans les tâches domestiques, mais ils n’ont pas augmenté le temps accordé aux soins aux enfants, mais ils le font plus depuis 1992 », assure Olivier Lamalice, chercheur et auteur de l’étude Pour un partage équitable du congé parental du Conseil du Statut de la femme. Dans le cadre de cette recherche, il a observé que les parents parlent très peu du congé parental. Peu de pères passent de longues périodes seules avec leur enfant. « Il y a encore ce stéréotype où la mère est considérée comme étant le parent principal et le père, un soutien. Cette façon de fonctionner est encore très présente », ajoute-t-il. Cette tendance s’expliquerait par une implication plus accrue de l’homme au niveau professionnel. Du côté féminin, de plus en plus de jeunes femmes ont des carrières et ont moins de temps pour elles-mêmes. En moyenne, elles ont 1 h 30 de moins de temps libre pour elle par jour, fait savoir le chercheur.

Le phénomène de la femme au travail est un facteur important, rapporte Raymond Villeneuve, directeur du Regroupement pour la valorisation de la paternité.

« Les femmes souhaitent une parentalité plus partagées et les hommes veulent avoir des liens avec l’enfant, ils ne veulent pas juste être le pourvoyeur et amener la paye à la maison », soutient-il. Dans les années 1970, une femme sur quatre était au travail tandis qu’au début des années 2000, trois sur quatre sont sur le marché du travail. « Ça reconditionne la famille », observe M. Villeneuve.

 

Congé parental en chiffres

5

Semaines attribuées au congé de paternité

32

Nombre total de semaines dont les parents peuvent bénéficier et se partager

18

Semaines attribuées au congé de maternité

(Source : Loi sur l’assurance parentale du Québec)

 

Recommandations pratico-pratiques

À la suite de son étude, M. Lamalice a émis huit recommandations pour ainsi favoriser le partage des rôles entre la mère et le père. L’une serait de revoir le contenu des cours prénataux et d’y intégrer des notions ajustées aux pères et créer un moment d’échanges entre eux. Une autre recommandation serait de remettre à jour le guide Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans. Ce livre au contenu médical devrait avoir un volet sur la parentalité plus tôt dans le document afin de répondre aux questionnements et inquiétudes des parents. Réservé trois semaines de plus au père afin d’accroître la présence seule à la maison est un aspect à considérer pour améliorer le rôle de l’homme au sein de la famille.