Manger local sans se ruiner?

Le coordonnateur de l’organisme Cultivons Châteauguay Gabriel April-Lalonde. (Photo : Le Soleil – Denis Germain)
Le coût du panier d’épicerie grimpe sans cesse. Malgré tout, l’envie d’y déposer des aliments d’ici persiste. Comment manger local sans se ruiner? Gabriel April-Lalonde, coordonnateur de l’organisme Cultivons Châteauguay, dans la ville du même nom, multiplie les astuces.
Réaliser son potager demeure la première. Produire ses aliments permet d’épargner. De l’achat d’un sachet de semences ou un plant, chacun au coût unitaire de 4 $, il est possible de récolter une valeur monétaire des légumes jusqu’à cinq fois plus élevée que l’investissement de départ, mentionne M. Lalonde.
Pas d’espace disponible pour créer un potager? Des jardins sont à la disponibilité des résidents dans plusieurs villes et municipalités. Cultivons Châteauguay gère 14 jardins communautaires sur la rue Cortina à Châteauguay, à proximité du parc Colpron. Les lots sont tous réservés en cette première année, mais l’organisme souhaite ajouter des parcelles pour la saison 2026.
Cultivons Châteauguay gère 14 jardins communautaires sur la rue Cortina à Châteauguay, à proximité du parc Colpron. (Photo : Le Soleil – Marie-Josée Bétournay)
Se tourner vers des fermes maraîchères et des organismes soutenant l’alimentation locale à peu de frais constitue une troisième option. Cultivons Châteauguay gère un jardin collectif sur l’avenue de la Verdure à Châteauguay depuis 2020. Gabriel April-Lalonde et l’équipe en place y cultivent des légumes et les vendent par la suite à des résidents vivant dans un désert alimentaire, à partir d’un kiosque à vélo. «On va rejoindre les gens dans des endroits plus vulnérables où il y a peu d’accès à des légumes frais. On a une tarification sociale, donc tout le monde peut se procurer nos légumes. Ça contribue à réduire l’insécurité alimentaire», mentionne-t-il. Les zones vulnérables sont ciblées à partir des données de la santé publique.
Les profits de la vente des légumes du jardin collectif demeurent dans la communauté. Cultivons Châteauguay organise des activités dans la région. C’est le cas de la Foire alimentaire Cultivons Châteauguay Ensemble qui réunit producteurs, artisans, transformateurs et organismes à la Maison LePailleur début mai à Châteauguay ainsi que la tenue d’ateliers dans les écoles. L’organisme, récipiendaire des Bourses d’initiatives en entrepreneuriat collectif 2025, réserve une partie de la somme reçue à la création d’outils pédagogiques.
Le jardin collectif de l’avenue de la Verdure joue un rôle rassembleur. Des passants y font une pause et voient à l’entretien des légumes du potager. «Les gens peuvent observer les employés, mettre la main à la terre. Ils contribuent à savoir d’où viennent leurs aliments. Ça crée un sentiment d’appartenance à sa communauté», note Gabriel April-Lalonde. La Maison sous les arbres et l’Élan des jeunes, deux organismes de Châteauguay, s’y rendent dans le cadre de leurs activités pour jardiner «sans pression», mettre «les mains dans la terre» et profiter «du bonheur».
Au moment des récoltes, le jardin collectif de Cultivons Châteauguay abonde de légumes de saison. Les surplus sont déposés dans les frigos partage de Châteauguay. Il en est de même des légumes produits par des jardiniers du territoire. «Quand ils ont des surplus, ils nous les apportent. On est capables de se déplacer et approvisionner les frigos partage ou les banques alimentaires», affirme M. Lalonde.
Un congélateur libre-service est acessible chez Entraide Mercier dans la ville du même nom. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)
Alimentation qui fait du bien
Manger, c’est nourrir son corps de nutriments. Pour le nutritionniste de formation, l’action va plus loin. L’alimentation qui fait du bien, peut-on lire sur le site de Cultivons Châteauguay, apporte d’autres bienfaits. «On veut manger ensemble lorsque c’est possible. Partager des repas, ça aide à faire du bien. Non seulement à remplir nos besoins physiologiques, mais psychologiques, notre besoin de liens sociaux», exprime M. Lalonde.
Les efforts derrière Cultivons Châteauguay se résument en une phrase : «On veut réunir la collectivité pour alléger le fardeau individuel». Un exemple? L’organisme contribue au bon rendement d’un jardin scolaire à l’école des Trois-Sources à Châteauguay. Les élèves entretiennent le potager durant l’année scolaire et Cultivons Châteauguay prend la relève durant la saison estivale. Résultat : «À la rentrée des classes, ils [les élèves] peuvent récolter des carottes, des courges», précise M. Lalonde.
Manger local demande du temps, de la gestion. Il faut prévoir son menu en fonction des rabais dans les supermarchés, s’attarder au rapport qualité-prix des aliments. Les projets de Cultivons Châteauguay, comme les jardins communautaires ainsi que les jardins collectif et scolaire, ramènent la saine alimentation «à un rapport collectif», à des «systèmes plutôt que de projets individuels».
Des options supplémentaires pour manger local :
Congélateurs libre-service : l’organisme Les Complices alimentaires donne une seconde vie à des fruits et légumes locaux. Comment? Via leur congélation et la vente à tarification variable.
Où trouver les congélateurs libre-service?
À Châteauguay : au Centre communautaire de Châteauguay et à la bibliothèque Raymond-Laberge.
À Mercier : chez Entraide Mercier
Frigos partage : l’organisme Sauve ta bouffe invite la population à déposer des aliments dans des frigos aménagés dans des endroits publics. Le but : permettre à toute personne de répondre au besoin de se nourrir.
Où retracer les frigos partage?
À Châteauguay : au Quartier des Femmes, Centre communautaire de Châteauguay et Carrefour Jeunesse-Emploi Châteauguay
À Mercier : chez Entraide Mercier
À Sainte-Martine : chez Action Familles
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