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Médaille pour acte méritoire: deux frères honorés pour une intervention qui permet d’éviter le pire

le jeudi 22 juillet 2021
Modifié à 11 h 21 min le 22 juillet 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Martin et Marc Montpetit (Photo: Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

Ç’aurait pu faire les manchettes. Une tragédie, des morts, des blessés. Mais les médias n’ont pas eu à rapporter ce genre d’horreur le 15 novembre 2019, grâce à l’intervention des pompiers Martin et Marc Montpetit – ainsi qu’à celle de leur équipe, diront-ils – dans un immeuble à logements de la rue Caribou, dans l’arr. du Vieux-Longueuil.

Les deux frères jumeaux membres du Service de sécurité incendie de l’agglomération de Longueuil (SSIAL) ont récemment reçu une médaille pour acte méritoire du ministère de la Sécurité publique.

Rencontrés à la caserne de la rue Brébeuf, ils racontent l’événement qui leur a valu cet honneur.

«Un appel a été donné au 911. Quelqu’un a dit : "il va y avoir un feu et un mort"», lance Martin Montpetit, lieutenant.
Un homme menaçait d’incendier son appartement et de s’enlever la vie. Une fois sur les lieux, les pompiers ont constaté une forte odeur d’essence. Rapidement, l’immeuble de 36 logements a été évacué.

Les policiers ont tenté d’entrer en contact avec l’homme en détresse, en vain. L’odeur d’essence étant encore plus forte près de l’appartement, les pompiers ont activé un jet de protection à l’aide d’une lance à eau.

C’est de la porte-patio de l’appartement voisin que Martin Montpetit a vu que l’homme s’était pendu. «On voyait sa main qui balançait», détaille-t-il.

Une autre équipe a défoncé la porte, qui avait été barricadée par des planches de bois.

À l’intérieur du logement, Martin a demandé à un collègue un outil pour sectionner le fil de métal, et son frère Marc a entamé les manœuvres de réanimation. L’homme est décédé après son transport à l’hôpital.

«Son plan était fait»

Outre la forte odeur d’essence – il y en avait partout dans l’appartement –, un autre élément ne pouvait passer inaperçu : les nombreuses inscriptions qui tapissaient les murs.

«Il avait fait son plan. Il avait écrit un décompte : "10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 0… dodo". Ça nous a marqués», témoigne Martin Montpetit.

«Il avait écrit tout ce qu’il voulait faire : verser de l’essence dans la cage d’escalier…», ajoute Marc Montpetit.

Les pompiers se réjouissent que le combustible répandu ait été du diesel, moins inflammable que l’essence. «Il avait une torche dans les mains, qui est tombée par terre...», laisse entendre le lieutenant.

Travail d’équipe et sang-froid

Assister à une telle scène ne donne-t-il pas froid dans le dos?

«Non. On a fait ce qu’on avait à faire. On était protégé, on avait nos jets, dit simplement Marc Montpetit. On a travaillé en équipe, comme on le fait toujours. Cette médaille-là revient à tous.»

Le directeur général du SSIAL Jean Melançon insiste néanmoins sur le travail accompli.

«Ils devaient analyser la situation rapidement, comprendre ce qui se passe, poser les bons gestes. C’est tout à leur honneur.»
Jean Melançon, directeur du SSIAL

Martin et Marc Montpetit entourant le directeur du SSIAL Jean Melançon 

Un «gros salon de psy»

Forcément, une intervention de cet ordre peut laisser des traces. Et les pompiers n’hésitent pas à discuter entre eux lorsqu’ils vivent ou assistent à des événements troublants.

«La caserne, c’est comme une deuxième famille, une deuxième maison. Donc oui, je peux en parler à mon frère, mais aussi aux autres collègues. On se parle beaucoup, c’est un gros salon de psy!» affirme en riant Martin Montpetit.
Le SSIAL a entre autres mis en place un programme de pair aidant, pour que chaque pompier qui le souhaite ait un collègue à qui se confier. 

«Il y a des cas de choc post-traumatique. Ça peut arriver après un cas, ou parfois, c’est la succession d’une multitude d’événements», soutient M. Melançon.

Passion commune

Malgré tout, Martin Montpetit affirme qu’il pratique le plus beau métier du monde. Pompier depuis 21 ans, il se souvient de l’étincelle qui a fait naître son intérêt pour la profession.

«Quand j’étais enfant, il y avait eu un gros feu sur le chemin de Chambly. J’avais vu les pompiers et je m’étais dit : c’est le métier idéal», relate celui qui a aussi été nageur de compétition, tout comme son frère.

«Et j’ai transmis ma passion à mon frère», ajoute-t-il.

Marc Montpetit est quant à lui pompier depuis 17 ans.

Et comme si être à l’emploi du quatrième plus gros service incendie du Québec ne suffisait pas, tous deux sont pompiers à temps partiel dans leur ville de résidence : Marc à Saint-Catherine/Saint-Constant, Martin à Léry.
«Des pompiers dévoués et professionnels comme eux, il y en a plein. Les gens de l’agglomération peuvent se sentir en sécurité», conclut le directeur Jean Melançon.

 

 

Célébration maison

En raison des circonstances que l’on connaît, Marc et Martin Montpetit n’ont pu recevoir leur médaille pour acte méritoire au Salon rouge de l’Assemblée nationale, comme il est habituellement d’usage.

L’honneur a tout de même été souligné à l’interne, avec l’équipe du SSIAL.

C’est le Service de sécurité incendie qui a soumis la candidature de Martin et Marc Montpetit pour cette décoration, laquelle devait répondre à quelques critères.

Le candidat doit par exemple avoir accompli un acte d’héroïsme ou encore avoir fait preuve de leadership ou d’un dépassement de soi remarquable. La description des événements doit démonter le caractère exceptionnel de l’acte accompli et le risque que comportait cet acte.