Mère de la fillette de LaSalle : sa détention contestée

La mère de la fillette de LaSalle devrait savoir mardi où elle poursuit sa réhabilitation. (Photo Journal Saint-François : archives)
La Couronne et la défense ne s’entendent pas sur le lieu où la réhabilitation de la mère déclarée non criminellement responsable d’avoir abandonnée son enfant en bordure d’une autoroute en Ontario. (voir autre texte)
Les avocats présenteront leur argumentaire mardi à la lumière des témoignages entendus aujourd’hui.
«Notre cliente souhaite prioriser son état et ses traitements», a indiqué Me Justin Chenel en défense qui est en faveur d’une libération avec des modalités.
Me Lili Prévost-Gravel en poursuite favorise une détention à l’Institut psychiatrique avec des modalités de sortie.
Le juge Bertrand St-Arnaud a reconnu que l’état de la mère s’était significativement amélioré, mais demeurait précaire en raison de sa médication.
Il a été permis d’apprendre que la mère collaborait pleinement à sa médication et voulait s’impliquer dans un suivi thérapeutique.
Il lui reste cependant à recevoir des enseignements sur la maladie qui l’afflige.
Manque de recul
«En psychose, comme lors de l’événement au mois de juin, on ne répond plus à la logique, a laissé savoir la psychiatre Dre Marie-Michèle Boulanger. Elle a agi impulsivement. La mère n’est pas connue du système; on pense qu’elle a peut-être eu un autre épisode à 18 ou 19 ans, mais elle n’avait pas consulté avant le récent événement.»
Ce seul épisode représente un petit échantillon pour mettre en place des dispositions afin que les psychoses ne se répètent pas.
La mère se soumet à une médication par voie orale depuis quelques mois. Des ajustements ont eu lieu sur cet élément ce qui devient un élément «stresseur». D’autres ajustements ne sont pas impossibles et la psychiatre admet qu’il serait ainsi plus facile de procéder à l’hôpital pour observer tout changement à son état.
Le stress est à proscrire pour une personne sujette à des événements psychotiques.
Surtout que la psychiatre a convenu que la mère était une personne très intelligente qui pourrait cacher l’apparition de symptômes s’ils survenaient de nouveau.
L’experte a avoué se sentir un peu «cowboy», quand elle a suggéré des sorties sans accompagnement. Mais encore, elles devront faire l’objet d’un accord du comité de sortie.
Dossier médiatisé
La médiatisation de cette histoire a fait le tour du Québec, de l’Ontario et même d’ailleurs. La mère a acquis un statut inattendu qui ont attiré l’attention, notamment sur son compte TikTok où elle était active. Les gens ont écrit des propos haineux à son sujet.
«Elle voyait la possibilité de faire de l’éducation sur la santé mentale parce qu’elle avait beaucoup de follower (gens qui la suivent), a dit Dre Boulanger. Je ne la laisserai pas ouvrir son compte TikTok. On va avoir à googler son nom avec elle.»
Depuis trois mois, la mère est dans une «bulle protégée». Les gens en psychose vivent aussi un genre de dénis. Si bien qu’un retour dans la société pourrait signifier un stress majeur.
En 7 ans, la psychiatre n’a pas vu un cas comme celui-ci qui a attiré autant l’attention.
Les parents impliqués
Le père de la dame non-criminellement responsable a démontré de l’intérêt à accueillir sa fille chez lui. Ce qui a surpris la psychiatre puisque sa patiente n’a jamais évoqué cette possibilité. Dre Boulanger est d’autant plus inquiète que le père est d’avis que la psychose de sa fille est un événement unique.
Quant à la mère, elle juge avoir amélioré sa relation avec sa fille depuis l’incident du mois de juin. Mais elle est aussi d’avis que l’Institut Pinel prend bien soin de la femme de 35 ans et que sa réhabilitation doit se faire de façon graduelle.