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Motomarines volées à Léry : voleurs toujours au large

le mercredi 25 septembre 2024
Modifié à 17 h 12 min le 24 septembre 2024
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Lorsque Cynthia Larivière a mis sa nouvelle motomarine à l’eau à Léry au début de l’été, un voisin l’a avertie que c’était risqué qu’elle se la fasse voler, puisqu’une vague de vols sévit dans le secteur. Et c’est exactement ce qui est arrivé deux semaines plus tard. Des victimes disent avoir des preuves du responsable de ce vol et ne comprennent pas pourquoi il court toujours.

La Léryveraine comptait profiter du lac Saint-Louis cet été et pour ce faire, elle avait fait l’acquisition d’une motomarine usagée, très bien entretenue par le propriétaire précédent.

Elle la rangeait, barrée, sur un élévateur le long de son quai sur la berge du lac. Bien que son voisin l’avait mis en garde contre le risque de vol, elle était confiante puisqu’une perquisition avait eu lieu quelques semaines plus tôt à Saint-Mathieu en lien avec des vols de motomarine et qu’une personne avait été arrêtée.

Le quai de Mme Larivière avec l'élévateur. (Photo : gracieuseté)

Or, dans la nuit du 8 au 9 juillet, elle s’est fait voler sa moto aquatique. Comme elle est munie de caméras de surveillance, Cynthia Larivière a pu voir, après coup, comment ça s’est passé. «Il vient une première fois et vérifie le numéro de série. Ensuite il attend quelques minutes. Il revient avec une autre personne et ils ont pris environ 20 minutes et ont fait ce qu’ils avaient à faire», relate-t-elle, insultée de voir que ça ait eu l’air aussi facile.

Cartes fraudées

Comble de malheur, Mme Larivière avait oublié son portefeuille dans la motomarine. Au moment où elle découvre qu’elle s’est fait voler, elle commence à recevoir des notifications de transactions frauduleuses sur ses cartes de crédit. Certaines transactions ont été faites dans la nuit du vol au nom d’une compagnie de mécanique. En discutant avec ses voisins, Cynthia Larivière réalise que le propriétaire de cette compagnie est directement lié au nom d’un homme que ses voisins soupçonnent depuis des mois.

C’est que son voisin Francis Lafrenière s’est aussi fait voler sa motomarine en septembre 2023. Il l’avait achetée neuve en 2022. «J’avais décidé de ne pas assurer la machine, puisque mes enfants sont très jeunes, on fait juste se promener autour, explique-t-il en entrevue. Je me disais : elle est en avant de la maison, je ne me la ferai pas voler. Elle est dans ma face tous les jours. » Il l’a déclaré volée et s’est dit : « je vais remuer ciel et terre pour retrouver ma machine».

Des pièces volées revendues

En discutant avec d’autres personnes aussi victimes de vol du genre, il apprend l’existence d’un homme qui vend, entre autres, des pièces de motomarines sur Marketplace. Une semaine après son vol, Francis Lafrenière découvre que des haut-parleurs identiques à ceux qu’il avait installés sur sa motomarine sont à vendre sur ce site.

Il entre en contact avec l’homme en question et fait croire qu’il souhaite s’acheter une motomarine usagée. «Il me dit : j’en une à vendre, elle n’a même pas trente heures d’utilisation. Ce sont des motomarines volées qui n’ont pas été réclamées, alors ce n’est pas assurable», raconte M. Lafrenière, convaincu qu’il s’agit de sa propre motomarine.

Il tente de poursuivre les démarches pour «acheter la motomarine» et coincer le suspect, mais celui-ci le bloque tout à coup de toute communication. « J’ai l’impression qu’il a vu ma page Facebook et a vu mon bord de l’eau et a fait le lien de qui j’étais», croit le Lériverain. Il a continué ses démarches au fil des mois.

Finalement, lorsqu’il apprend qu’une perquisition est en cours à Saint-Mathieu en lien avec les vols de motomarines, Francis Lafrenière se présente sur les lieux. Il y découvrira cinq pièces de sa moto aquatique. Ce matériel saisi a été envoyé à la fourrière. «La fourrière me demande 2000 $. Je me suis fait voler ma machine et il faut que je paye 2000 $ pour récupérer ce qu’il en reste», déplore-t-il.

Déçue de la police

Quand Cynthia Larivière a réalisé que de la fraude avait été faite sur ses cartes de crédit, elle était convaincue que ce serait des preuves importantes pour arrêter un suspect. Mais elle se dit déçue du travail de la police jusqu’à maintenant. «Le nom de l’entreprise et tout concordait. Pour moi, ça faisait juste confirmer que c’est la même personne. La police a pris un mois et demi avant qu’ils décident d’ouvrir mon dossier», exprime-t-elle.

La motomarine volée de Cynthia Larivière. (Photo : gracieuseté)

  «J’ai l’impression qu’ils [les policiers] se disent : ils sont assurés. Mais ce n’est pas l’fun, ça scrappe un été et on laisse les bandits dans la rue», critique-t-elle.

Le Service de police de Châteauguay (SPC) rapporte sept vols de motomarines sur son territoire en 2023 et dix vols depuis le début de l’année 2024. Il n’y a pas eu d’arrestation jusqu’à maintenant.

Questionnée sur les délais d’avancement des dossiers, l’agente aux relations médias du SPC Erika Grondin reconnait que cela peut être long avant qu’ils soient complétés. «La police, comme partout, n’échappe pas à la pénurie de personnels. On a beaucoup de dossiers et c’est certain que les crimes contre la personne seront priorisés versus les vols par exemple», explique-t-elle. L’agente Grondin fait un parallèle avec les cas qui sont traités dans les urgences d’un hôpital.

La qualité de la preuve est aussi importante puisqu’elle doit être suffisamment forte pour que la Direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP) accepte de porter des accusations.

Deux arrestations

Dans le cas de la perquisition à Saint-Mathieu, un homme dans la vingtaine de Saint-Constant a été arrêté. La Régie intermunicipale de police Roussillon avait indiqué qu’il pourrait faire face à des accusations de recel et de possession d’outils de cambriolage en lien avec le vol d’une motomarine. À ce jour, il n’est pas encore accusé. Le dossier a été soumis au DPCP, mais ce dernier n’était pas en mesure de nous donner davantage d’information.

Perquisition à Kahnawake en juillet. (Photo : gracieuseté Peacekeepers Kahnawake)

Une autre arrestation a eu lieu, cette fois, à Kahnawake le 17 juillet, en lien avec le vol de deux motomarines. L’homme arrêté n’a pas encore été accusé.  Selon les informations des Peacekeepers de Kahnawake, le suspect doit retourner à la cour le 16 octobre et pourrait faire face à des accusations de possession de matériel volé de plus de 5 000 $.