Nouvelle directrice: prendre sa place au sein de la police

Pour la première fois de son histoire, le Service de police de Châteauguay (SPC) sera dirigé par une femme. Ginette Séguin entrera officiellement en poste le 20 avril; elle deviendra ainsi l’une des rares femmes au Québec à occuper cette haute fonction.

La passion pour l’uniforme bleu a commencé très tôt dans la vie de Mme Séguin. « C’est rare que l’on dise ça mais dès l’âge de sept ans environ, c’était clair pour moi que j’allais être une policière », a-t-elle confié au journal.

La femme de 51 ans admet qu’elle vient d’un milieu de vie difficile et qu’elle a vécu plusieurs épreuves au cours de sa jeunesse. « Je viens de Hochelaga-Maisonneuve à Montréal et les policiers, je l’ai vu souvent intervenir chez nous. C’est là que j’ai remarqué qu’ils pouvaient faire une différence auprès des gens ».

Se tailler une place

Lorsqu’elle a étudié à l’École nationale de police du Québec, il y avait encore très peu de femmes dans ce milieu : sur 224 futurs policiers, 24 seulement étaient des femmes, explique Mme Séguin. Cela n’a pas été quelque chose d’intimidant pour autant, mentionne celle qui a souvent occupé des postes dans un univers presque qu’exclusivement masculin. Après ses études, elle a travaillé dans le métro de Montréal et chez Hydro-Québec avant d’être finalement engagé à la Sureté du Québec (SQ).

C’est à Havre-Saint-Pierre, sur la Côte-Nord, qu’elle a débuté sa carrière de policière et ses affectations l’ont ensuite amenée à travailler à plusieurs endroits dont l’Abitibi et Montréal pendant presque trois décennies. Elle y a occupé des postes de commandante, d’inspectrice-chef et de directrice de plusieurs districts et départements.

Une opportunité châteauguoise

Après avoir pris sa retraite de la Sureté du Québec, celle qui habite à Mercier depuis 26 ans s’est jointe au Service de police de Châteauguay en 2021 à titre d’inspectrice des services auxiliaires et développement organisationnel.

« J’adore travailler avec la relève, sur les formations, le développement de la planification stratégique et sur le volet communautaire. J’avais déjà touché un peu à tout ça dans ma carrière et lorsque le concours pour le poste de directeur du service de police a ouvert, j’ai décidé de postuler! » raconte celle qui prendra finalement la relève de Stéphane Fleury, en poste pendant 10 ans à titre de directeur du SPC.

Une vision communautaire

À l’heure actuelle, il est primordial pour la nouvelle directrice que la police apprenne et continue à dialoguer et à communiquer intelligemment avec les gens sur le terrain.

« On ne peut pas se faire aimer de tous c’est sûr mais les gens doivent être capable d’enlever le mur de l’uniforme, il faut qu’il y ait un rapprochement qui se crée afin de connaître la personne derrière le gilet pare-balles », souhaite-t-elle.

D’après la policière, les citoyens revendiquent de plus en plus le droit de faire partie de la solution et cela va être un défi de taille. « Je veux que nos citoyens nous disent ce qu’ils veulent voir exactement comme police ici. Il faut que notre institution soit le portrait de la population d’aujourd’hui avec toutes ses communautés différentes et ses identités de genre, il ne faut pas arrêter d’évoluer puisque tout change si rapidement ».

Mme Séguin promet aussi de prendre soin de ses policiers et policières. Elle reconnait que ce n’est pas un métier facile et qu’ils n’ont pas toujours des situations agréables à vivre au quotidien.

Les femmes en plus grand nombre

Ginette Séguin estime qu’il est nécessaire d’encourager les femmes qui veulent devenir policières. « Quand je suis rentrée à la SQ, j’étais la 160e femme sur 3200 policiers. Il faut afficher rapidement ses couleurs, change-toi pas pour devenir comme un homme, on a toutes nos qualités et gardons-les comme ça ».

Selon l’agente Nadia Grondin, agente sociocommunautaire au SPC, il y a, en ce moment, 25% des membres du corps policier qui sont des femmes.

De son côté, Nathalie Bastien, adjointe administrative à l’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ) a remarqué qu’il y a une tendance à la hausse depuis quelques années de femmes qui deviennent directrice.

Au Québec, la première à atteindre ce poste fut Linda Ouimet au Service de police de la Ville de Blainville; elle a pris sa retraite en 2017 après 30 ans de service. En ce moment, en plus de Mme Séguin à Châteauguay, le plus grand corps policier du Québec, la Sûreté du Québec, est dirigé par une femme de même que la police de Repentigny.