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75e anniversaire de la profession: une mère et sa fille infirmières auxiliaires à Châteauguay

Il y a 19 heures
Modifié à 16 h 01 min le 11 juillet 2025
Par Marie-Josée Bétournay, Initiative de journalisme local

mjbetournay@gravitemedia.com

La fille et la mère travaillent ensemble à l'hôpital Anna-Laberge depuis 2021. (Photo: Le Soleil - Denis Germain)

Johanne Huneault et sa fille Mélanie Vachon, toutes deux infirmières auxiliaires, travaillent en tandem sur l’unité des soins palliatifs de l’hôpital Anna-Laberge à Châteauguay depuis 2021. Le duo se trouve sous les projecteurs d’une capsule vidéo de la websérie Elles font la paire de leur ordre professionnel soulignant le 75e anniversaire de la profession.

Johanne et Mélanie sont au bon endroit. Sur l’unité, elles accompagnent des patients en fin de vie et leurs familles, les réconfortent et soutiennent via des soins appropriés, dont l’administration d’analgésiques pour soulager la douleur. La mère et la fille assistent également le médecin lors d’une aide médicale à mourir. Ce qui les distingue d’une infirmière? Johanne et Mélanie constatent des faits relatifs à un patient et en font part à l’infirmière qui l’évaluera et décidera de la suite des choses.

Durant leur quart de travail, elles se comprennent mutuellement. «On n’a pas besoin nécessairement de se parler pour savoir où l’on est rendues dans notre journée», mentionne Mélanie.

Mélanie et Johanne, durant une séance photo de l’Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec. (Photo : gracieuseté – Étienne Brière)

Les professionnelles de la santé font un don de soi à chaque patient. «Tu peux le cajoler, écouter son histoire, prendre le temps avec la famille, lui expliquer les processus à venir», énumère Mélanie. Le quotidien de la jeune femme de 24 ans se situe bien loin de celui vécu sur l’unité de médecine alors qu’elle était candidate à l’exercice de la profession d’infirmière auxiliaire, à la fin de son cours. En médecine, les tâches se succèdent d’un patient à l’autre. C’est le cas de la prise des signes vitaux, explique-t-elle.

Johanne offre beaucoup aux patients, mais ils lui procurent «bien des choses». Le partage se fait dans les deux sens. Côtoyer des gens en fin de vie demande plusieurs aptitudes. Outre la compassion et l’écoute, la mère et la fille évoquent la patience.  «Les patients perdent de la rapidité. L’administration des médicaments est plus lente. Leur parole est diminuée», explique Mélanie.

Pour les familles au chevet de leurs proches, Johanne explique devenir «leurs yeux et leurs oreilles» lorsqu’elles bénéficient d’un moment de répit. «Au moindre changement, on les appelle», mentionne-t-elle. «En ayant le temps avec la famille, on crée de beaux liens», ajoute Mélanie. Johanne se désole de voir des patients mourir seuls. Sa présence s’avère davantage importante.

Dans le sang

La profession d’infirmière auxiliaire coule dans le sang de Johanne et Mélanie. Diplômée en 2009, la mère a été portée vers cette profession en raison d’une situation familiale. Elle a pris soin de son père en phase terminale durant son adolescence. «J’allais le voir, je prenais soin de lui, je le promenais en fauteuil roulant à l’extérieur», relate-t-elle. Lorsque sa fille a fait sa rentrée à la maternelle, Johanne est retournée sur les bancs d’école afin de devenir infirmière auxiliaire «pour prendre soin des gens autant que [son] père avait besoin [d’elle]». Cette carrière, Johanne l’a choisie après avoir œuvré en coiffure.

Mélanie, de son côté, a été exposée rapidement à la profession d’infirmière auxiliaire. D’aussi loin qu’elle se souvienne, sa mère, dit-elle, a toujours parlé avec franchise de sa carrière. «Durant les soupers de famille, on se racontait notre journée. Les [jours] fériés, elle nous expliquait pourquoi elle devait travailler. Des gens avaient besoin d’elle», indique-t-elle. L’ouverture de sa mère aidant, Mélanie parle de la profession d’infirmière auxiliaire comme étant la plus belle. Aujourd’hui, elle œuvre dans le milieu de la santé «pour le besoin d’aller aider, [s]’accomplir, soigner à [son] tour», Mélanie. Un 3e membre de la famille, l’aînée de Johanne, est infirmière clinicienne à l’hôpital Anna-Laberge.

Une vocation avant une profession

Le milieu de la santé n’a pas toujours bonne presse. L’hôpital Anna-Laberge à Châteauguay ne fait pas exception. Pourquoi travailler dans un milieu aussi difficile? Le duo demeure en milieu hospitalier «pour les patients», dit Johanne. Parce que la profession se veut avant tout une vocation, poursuit Mélanie.

Leur quart de travail terminé, les deux femmes retournent à Saint-Rémi dans leur domicile respectif localisé à quelques pas de marche. Elles essaient de parler du boulot le moins souvent possible. Dans leurs moments libres, elles partagent des sorties mère-fille. Johanne, collègue de Mélanie à l’hôpital Anna-Laberge, change de chapeau. «Je reprends mon rôle de maman», lance-t-elle.