Économie

Projet de serres chauffées par des serveurs informatiques à Beauharnois

le jeudi 18 juillet 2019
Modifié à 13 h 04 min le 19 juillet 2019
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Un promoteur projette de construire des serres chauffées par des serveurs informatiques à Beauharnois. L’investissement se situerait entre 35 et 40 M $, affirme Benoit Laliberté, de la Corporation d’énergie thermique du Canada (CETAC), une filiale de United America Corporation. 150 emplois seraient créés par la construction. Les opérations feraient aussi travailler 150 personnes.
«C’est très durable et écologique» - Benoit Laliberté
«C’est unique au monde. Nous sommes en attente de brevet», précise l’homme d’affaires. Il attend aussi un permis de la Ville de Beauharnois pour aller de l’avant. La municipalité a indiqué au Soleil de Châteauguay qu’elle analysait le dossier. [caption id="attachment_66952" align="alignnone" width="444"] Benoit Laliberté (Photo gracieuseté)[/caption] Enjeu zonage agricole Le zonage du terrain où la compagnie souhaite opérer est agricole. Ce qui constitue un enjeu. United American Corporation a fait ses premiers pas à Sainte-Madeleine en 2018. M. Benoit fait part qu’il a reçu un avis d’infraction de la Commission de la protection du territoire agricole du Québec. La CPTAQ considère que les serveurs informatiques ne sont pas des activités agricoles. Elle exige que United American Corporation démantèle ses installations à Sainte-Madeleine. L’entreprise en a appelé devant le Tribunal administratif du Québec. Le juge administratif Mario St-Pierre a maintenu la décision de la CPTAQ en avril. Benoit Laliberté a plaidé que les serveurs informatiques devaient être vus comme des unités de chauffage des serres, au même titre que n’importe quel radiateur. Considérant entre autres la surface de près de 50 % occupé par les «BlockchainDomes» abritant les serveurs, le Tribunal a conclu que l’activité informatique n’était pas accessoire à la culture en serres. Il estime aussi que le système de puits canadiens utilisés par l’entreprise pour refroidir les serveurs «sont totalement inutiles à l’exploitation agricole et au chauffage des serres. Ils préjudicient la ressource sol disponible pour l’agriculture». Une décision que M. Laliberté conteste. Il a confirmé au journal qu’il poursuivait la bataille devant les tribunaux. «On ne tire pas de revenus de l’équipement informatique. Les gens payent l’électricité. On n’a pas de revenu autre qu’agricole. La loi est en notre faveur. Pour nous, on est conforme à la loi», dit-il. CPTAQ et Beauharnois Invitée par le journal à commenter le projet de M. Laliberté à Beauharnois, la CPTAQ a indiqué qu’elle ne pouvait exprimer son opinion favorable ou défavorable sur le projet «puisqu'elle se prononce uniquement sur des demandes qui lui sont présentées en bonne et due forme». M. Laliberté a précisé au Soleil de Châteauguay que les serres occuperaient 80 % de la superficie de son installation à Beauharnois et 20 % les dômes abritant les serveurs. Des tomates biologiques y seraient cultivées pour démarrer. «J’aimerais m’associer avec des cultivateurs locaux pour produire d’autres légumes bios comme des poivrons ou des concombres», note-t-il. Son concept permet de chauffer les serres à l’électricité à moindre coût, et d’utiliser la chaleur qui serait autrement dissipée dans l’atmosphère, fait-il valoir. Comment ça marche Les serres ont besoin de chaleur pour que des plantes y poussent. Les appareils informatiques en produisent. Et ils ont besoin d’être refroidis. Le concept de Benoit Laliberté est en gros comme suit. Des unités informatiques sont placées sous un dôme. Des tuyaux enfoncés dans la terre y puisent de l’air frais pour les refroidir. Ce sont les puits canadiens. L’air chaud généré par les appareils est acheminé aux serres par des tuyaux. Le système profite de l’effet de cheminée. Il permet de cultiver 12 mois par année, des légumes biologiques, affirme M. Laliberté. «Les serres sont alimentées en air chaud et sec qui tiennent à l’écart les bactéries et les insectes nuisibles. On évite l’utilisation de pesticides», souligne-t-il. Dans un document de présentation, l’entreprise fait valoir que son projet répond à deux demandes croissantes : pour les légumes biologiques et pour de l’espace pour les données.