Protection du corridor vert : Châteauguay prête à acheter des terrains à Léry
La pancarte apparue dans le décor sur le boulevard René-Lévesque. (Photo : Le Soleil –Marie-Josée Bétournay)
L’apparition récente d’une grande pancarte sur le boulevard René-Lévesque à Léry, annonçant la mise en vente de terrains d’une superficie de 6,6 millions de pieds carrés à l’intérieur du corridor vert Châteauguay-Léry, ne passe pas inaperçue. Le Journal a appris que la Ville de Châteauguay serait prête à les acheter pour les protéger, à condition que Léry accepte de céder cette partie de son territoire.
(rédigé en collaboration avec Marie-Josée Bétournay)
Ces terrains appartiennent actuellement à des propriétaires privés. Ces derniers ont approché la Ville de Châteauguay, souligne le maire Éric Allard. «On ne peut pas acheter des terrains qui sont à Léry. On ne peut pas le faire ni moralement ni légalement. Ça prend une loi privée», explique M. Allard en entrevue.
Châteauguay a tout de même continué les discussions avec les propriétaires puisqu’elle aimerait réussir à protéger cette part importante du corridor vert. La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) participe au dossier puisqu’elle a déjà commencé à acquérir des lots pour les protéger. Les parties en sont venues à un montage financier qui impliquerait la CMM, mais aussi la Ville de Châteauguay.
«Le montant exact reste à déterminer, précise le maire. On parle de quelques millions qu’on doit investir et nous, on voudrait annexer les terrains au centre écologique Fernand-Séguin.» Les lots convoités sont situés tout près du centre écologique.
Le maire de Châteauguay ajoute que la première condition pour que ce projet se concrétise est que Léry accepte de céder ces terrains pour qu’ils soient inclus dans le territoire de Châteauguay.
Volonté de protéger
Questionné par le Journal à savoir si Léry accepterait de céder les terrains à Châteauguay, le maire Kevin Boyle a répondu que «c’est prématuré» de se prononcer.
Le conseil municipal de Léry a envoyé une lettre, le 8 avril, au ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charrette, lui demandant de profiter de la nouvelle entente pour la protection de la biodiversité avec Ottawa pour acheter ces terrains. Il a l’intention de parler avec le ministre Benoit Charrette dans les plus brefs délais.
Vue aérienne des terrains convoités. (Photo : Le Soleil - Denis Germain)
Le maire de Châteauguay dit comprendre l’hésitation de sa voisine par rapport à son offre. «Si quelqu’un arrivait et me disait : accepterais-tu que je te prenne un bout de la ville de Châteauguay pour l’ajouter dans notre ville. La première réponse c’est non», illustre-t-il. Le contexte actuel est différent selon lui puisque Châteauguay n’a pas l’intention de développer les terrains, mais plutôt de les protéger à perpétuité. Si c’était Léry qui en faisait l’acquisition pour les protéger, Châteauguay serait aussi satisfaite.
«Tant et aussi longtemps qu’on n’a pas acquis ces terrains-là et qu’on ne les a pas protégés à perpétuité en utilisant un organisme comme Héritage Saint-Bernard, la possibilité [de développement] existe toujours, même si ce serait compliqué» - Éric Allard
La règlementation actuelle permettrait un développement sur environ 30 % de la superficie.
Poursuite de 44 M$
Les terrains visés sont l’objet d’un litige judiciaire entre la Ville de Léry, la MRC de Roussillon et les propriétaires depuis plus de 10 ans. Les propriétaires réclament 44M$ pour expropriation déguisée. Le maire de Léry Kevin Boyle a confirmé au Journal que les procédures judiciaires sont suspendues jusqu’au mois de juillet.
L’apparition de l’imposante pancarte sur le boulevard René-Lévesque suscite des craintes chez plusieurs citoyens qui craignent que ce terrain boisé soit développé.
Craintes citoyennes
L’abattage d’arbres sur les lots, à proximité de la pancarte, en inquiète plusieurs. Les arbres coupés sont le fruit de travaux d’élagage d’Hydro-Québec. «Ils sont dans notre secteur. Ils nous ont avisés des secteurs où ils allaient abattre pour protéger des lignes [électriques]. Peut-être qu’il y a eu un peu d’élagage pour l’installation de la pancarte», répond la directrice générale d’Héritage Saint-Bernard Marie-Hélène Dorais.
Le centre écologique Fernand-Séguin à Châteauguay. (Photo : Le Soleil - Denis Germain)
L’organisme engagé dans la protection de terrains dans le corridor veut d’ailleurs faire taire les rumeurs que le centre écologique Fernand-Séguin est à vendre. «Ce sont des terrains près du centre écologique Fernand-Seguin qui sont à vendre», précise Dominic Gendron directeur de la protection et de l’aménagement du territoire d’Héritage Saint-Bernard.
915 hectares
Le corridor vert couvre une superficie de 915 hectares entre Châteauguay et Léry. «On essaie de le protéger le plus que l’on peut», affirme le directeur de la protection et de l'aménagement du territoire d'Héritage Saint-Bernard. Pour l’organisme, cette portion du territoire comporte une «valeur écologique» et représente «un potentiel de développement de plein air très grand».
Dominic Gendron et Marie-Hélène Dorais d'Héritage Saint-Bernard montrent une carte représentant la superficie du corridor vert Châteauguay-Léry. Les différentes couleurs représentent les types de propriétaires ainsi que les zones protégées ou pas. Les zones brunes appartiennent à des propriétaires privés. (Photo : Le Soleil - Marie-Josée Bétournay)
La Communauté métropolitaine de Montréal s’est engagée à augmenter également l’objectif de protection du territoire du Grand Montréal à 30 % d’ici 2030. Résultat : la CMM est propriétaire de 47,1 hectares de terrains à l’intérieur du corridor vert. La Communauté métropolitaine de Montréal est sur le point d’acheter deux lots supplémentaires totalisant 10,6 hectares. L’annonce a été faite lors de la séance du conseil de Châteauguay, le 14 avril. Si achat il y a, la CMM serait propriétaire de 57,7 hectares à l’intérieur du corridor vert, informe M. Gendron.