Réfugiés afghans à Sainte-Catherine : de l'horreur au bonheur
Exilés après avoir fui la guerre en Afghanistan, Ali Ahmad Mohammadi et sa famille ne trouvent pas les mots pour exprimer leur reconnaissance envers Michel et Thérèse Rodier, du regroupement Solidarité syrienne du Roussillon. Ces derniers les hébergent dans leur demeure à Sainte-Catherine depuis le 29 février.
Le quinquagénaire a vécu l’enfer dans son pays natal après que les talibans aient pris le contrôle de l’Afghanistan, il y a trois ans. L’armée américaine, qui occupait les lieux depuis 1999, a quitté le territoire en 2021, puis le groupe terroriste a repris le pouvoir.
«Ce ne sont pas de bonnes personnes, commente-t-il en anglais au domicile des bons Samaritains. J’ai dû fuir au Pakistan avec ma famille pendant trois ans.»
Il n’avait pas d’autres choix que de quitter son pays, puisque «sa tête était mise à prix», selon François Deragon, président de Solidarité syrienne du Roussillon. Étant issu d’une groupe minoritaire ethnique, les Hazaras, M. Mohammadi a été victime de persécution.
«Plusieurs groupes ethniques font partie de la population de l’Afghanistan, entre autres les Pachtounes où l’on retrouve les talibans, ainsi que les Tadjiks, les Hazaras et les Ouzbeks. Les groupes minoritaires ont subi beaucoup de sévices de la part des talibans», a expliqué M. Deragon
Ali Ahmad Mohammadi, son fils Mahdi Mohammadi et sa femme Fatima Rezaei sont arrivés au Québec le 29 février. (Photo: Le Reflet - Denis Germain)
M. Mohammadi avait déjà vécu l’horreur de la persécution des talibans, plus jeune, alors qu’il avait été fait prisonnier du groupe terroriste dans une petite caverne avec une soixantaine de ses confrères.
«Sans avertissement, ils ont commencé à tirer sur 30 personnes de notre groupe, se souvient-il. En me cachant avec un ami, j’ai réussi à m’enfuir.»
Le réfugié afghan a dû vivre dans les montagnes pendant des jours afin de fuir ses pourchasseurs. Maintenant que son cauchemar est chose du passé, M. Mohammadi est heureux de pouvoir vivre en paix dans sa nouvelle terre d’accueil.
«Je suis content d’être dans une démocratie où je peux m’exprimer librement, sans subir les conséquences que j’ai vécues», se réjouit celui qui remercie le ciel que son fils n’aura pas à subir les mêmes tragédies.
Aider son prochain
Lorsque M. Deragon a approché la famille Rodier pour héberger Ali Ahmad Mohammadi, sa femme et son fils, cette dernière n’a pas hésité à accepter.
«On est très chanceux ici [au Québec], car nous ne connaissons pas la guerre, fait valoir Michel Rodier. Si la même situation nous arrivait, on aimerait que quelqu’un puisse s’occuper de nous comme ça.»
Son collègue de Solidarité syrienne du Roussillon, Richard Bellefleur, est ému à la pensée des misères vécues par M. Mohammadi et sa famille.
«On tient à aider, et ça vient du fond de notre cœur, plaide M. Deragon en consolant son collègue. On veut tendre la main. Et ce n’est pas juste nous, mais aussi nos connaissances qui veulent venir en aide.»
Étant donné que la famille Mohammadi est arrivée au pays avec pour seuls effets personnels des vêtements, les Rodier ont commencé à acheter des biens essentiels. Ils sont maintenant à la recherche d’un logement pour la famille.
Ali Ahmad Mohammadi prévoit de son côté apprendre le français pour bien s’intégrer à sa nouvelle communauté.
«J’ai étudié en mathématiques et physique, mais j’ai beaucoup aidé les étudiants en Afghanistan, indique M. Mohammadi. Je leur montrais les logiciels de base, comme Excel, Word et PowerPoint.»
Il a également espoir de rapatrier le reste de sa famille qui est toujours réfugiée au Pakistan.
Parcours du combattant
Le regroupement Solidarité syrienne du Roussillon a auparavant essayé d’accueillir deux familles syriennes, sans succès, puis une famille ukrainienne dont la demande a été acceptée et qui s’est installée dans la MRC de Roussillon aussi. Pour la famille Mohammadi, le comité n’a pas eu d’embûches à la faire venir au Québec, puisqu’elle avait déjà les papiers nécessaires en main lorsqu’elle a touché terre au Canada.