chronique
Le point de vue de René Vézina

Taux d’intérêt : on s’est fait avoir !

le vendredi 28 avril 2023
Modifié à 15 h 51 min le 25 août 2023
Par René Vézina

redactiongm@gravitemedia.com

René Vézina (Photo gracieuseté)

Avertissement: si vous avez payé plus cher pour votre hypothèque, votre marge de crédit ou tout autre prêt que vous avez dû contracter au cours des derniers mois, vous risquez d’être fâchés à la suite de cette chronique.


Récapitulons. Statistique Canada a dévoilé, le 18 avril, son plus récent bilan pour l’inflation au Canada. Sur un an, de mars 2022 à 2023, elle se situe à 4,3 %, par rapport à 5,2 % en février. La baisse est importante et ce déclin est appelé à se poursuivre, selon la Banque du Canada, celle-là même qui nous a asséné des hausses de taux d’intérêt.
Pourquoi l’inflation est-elle en baisse? On évoque la diminution des coûts de l’énergie, en bonne partie parce que le prix du pétrole a glissé, et parce que le prix des denrées a lui aussi diminué. 


Mais ça n’a rien à voir avec les taux d’intérêt! Quand les banques centrales, comme celle du Canada, augmentent leur taux, c’est pour restreindre la demande et le crédit, de manière à calmer cette demande qui fait grimper les prix notamment pour les biens de consommation. Mais on vient de nous signaler que le déclin de l’inflation est essentiellement attribuable à l’énergie et à l’alimentation.


Qu’est-ce qui fait bondir les coûts du pétrole? Vous et moi? Pas du tout! L’invasion de l’Ukraine par la Russie, grande productrice d’hydrocarbures qui a ensuite été frappée de sanctions, y a été pour beaucoup.


Qu’est-ce qui a fait bondir les coûts de l’alimentation? Pas plus vous que moi. Les dérèglements climatiques ont restreint les productions à travers la planète, tant en Californie, en Australie et ailleurs, comme dans les Prairies canadiennes. Tout a fini par coûter plus cher.


Ce n’était pas parce que nous nous étions lancés dans une orgie de dépenses, à la pompe à essence ou au supermarché. 


Autrement dit, la baisse de l’inflation n’a pas grand-chose à voir avec des taux d’intérêt plus élevés. Nous avons payé plus cher pour avoir accès au crédit pour des facteurs sur lesquels nous n’avions pas de prise.


Nous avons payé plus cher pour rien.