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Le terrain de l’ancienne piscine Soleil source de spéculations
le dimanche 06 mai 2018
Modifié à 21 h 33 min le 06 mai 2018

Un conseiller municipal de Châteauguay reproche à son prédécesseur d’avoir mal servi les intérêts des citoyens du secteur de l’ancienne piscine Soleil, rue Laramée. Le terrain où se situait jadis cette piscine est actuellement source de spéculations immobilières.
L’organisme à but non lucratif qui en était propriétaire depuis une trentaine d’années l’a vendu en juin 2016 pour une somme de 57 000$ à un promoteur privé qui promettait y développer des condos. Or peu après que la Ville a effectué le changement de zonage nécessaire à la réalisation du projet, le promoteur a revendu le lot pour une somme de 370 000$, rapporte le conseiller actuel du district, Éric Corbeil. «En date d’aujourd’hui, sa valeur est évaluée à 450 000$ par la Ville. Et une citoyenne du quartier m’a avisé que le propriétaire actuel demandait maintenant 558 000$! Je n’en croyais pas mes yeux! Les efforts déployés par l’ex-conseiller (Michel Pinard) ont profité presque exclusivement à enrichir un promoteur immobilier privé», écrit-il dans un communiqué qu’il a fait parvenir au Journal à la fin février.
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L’ancienne piscine Soleil a été laissée à l’abandon pendant de nombreuses années, suscitant la grogne des résidents du secteur.[/caption]
Une position «inconfortable»
Si M. Corbeil adresse ses reproches à son prédécesseur, c’est que ce dernier a joué le rôle de «facilitateur» dans le dossier de la vente du terrain de l’ancienne piscine communautaire. Ce, en rassemblant notamment une trentaine de membres de l’organisme qui gérait le site dans les années 70-80, et en les convoquant à une rencontre à laquelle il a participé. «Pourquoi M. Pinard s’est-il immiscé dans le processus de transaction entre un organisme et une entreprise privée? questionne M. Corbeil. Il ne pouvait ignorer qu’il devrait modifier le zonage du terrain par la suite en tant que conseiller. Il s’est placé dans une position très inconfortable», écrit-il. Le conseiller croit qu’il aurait été plus profitable que la Ville achète elle-même le terrain quand «son prix était très raisonnable» pour en faire un parc.
«Mal informé»
Questionné par le Journal, l’ancien conseiller Michel Pinard a réagi en disant que son successeur était «mal informé». «La piscine était à l’abandon depuis sept-huit ans, explique-t-il. Ses membres se sont dispersés à travers les années. Il y en avait pour environ 70 000$ de taxes foncières impayées, soutient-il. Et quand la Ville saisit une propriété pour défaut de paiement, la loi l’oblige de la vendre à l’encan, par le biais du Service public. Ce n’était donc pas possible pour la Ville d’acheter le terrain», dit celui qui aurait aussi préféré avoir un parc à cet endroit.
Site dangereux
Il y avait également une autre problématique : la piscine, laissée à l’abandon, était devenue un bassin d’eau stagnante comportant son lot de désagréments et de dangers à travers les années. «Les gens du quartier voulaient que je m’en occupe» clarifie l’ancien conseiller, qui dit avoir eu beaucoup de mal à retracer les anciens membres de la piscine Soleil afin que ceux-ci puissent se rassembler pour décider du sort du terrain. «La Ville et moi avons seulement joué le rôle de facilitateurs. Ça me déçoit autant de voir que le promoteur n’a pas réalisé le projet de condos qu’il avait promis» conclut-il.
Selon M. Pinard, le prix de vente du terrain en juin 2016, plus bas que son évaluation municipale, prenait en compte plusieurs éléments, dont les arrérages de taxes municipales et les frais reliés au retrait de la piscine du terrain, assumés par le promoteur.
Impossible de revenir en arrière
Selon le conseiller Éric Corbeil, la Ville ne peut plus revenir en arrière, en remodifiant par exemple le zonage du terrain pour en faire un parc. «Le projet de condos a déjà été approuvé par la Ville et les permis de construction ont été délivrés. La construction a même commencé. On aurait des problèmes juridiques si on revenait en arrière», explique-t-il.
