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VIDÉO - De trois à six en une minute

le jeudi 25 novembre 2021
Modifié à 0 h 00 min le 26 novembre 2021
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Guillaume Desparois et Stéphanie Bergeron, avec leurs enfants Axelle, Maxence, Éliane et Noémie. (Photo: Le Reflet - Denis Germain)

Depuis le 23 juin, Stéphanie Bergeron et Guillaume Desparois voient triple. L’arrivée d’Axelle, Éliane et Noémie, nées prématurément à 32 semaines, a chambardé la vie du couple de Saint-Constant qui tente toujours de s’adapter à sa nouvelle réalité cinq mois plus tard.

 

 

En ce matin du 17 novembre, Axelle et Éliane sont assoupies à la maison, pendant que leur sœur vit sa première journée à la garderie à Sainte-Catherine. Sylvie, une aide à domicile, veille sur les deux poupons, le temps que les parents s’entretiennent avec l’auteure de ces lignes.

«C’est un bonheur de m’occuper d’elles», affirme celle qui permet au couple de retrouver son souffle grâce à ses visites hebdomadaires.

«C’est toute une épopée que nous vivons, mais nos filles nous apportent tellement d’amour, enchaîne Mme Bergeron. C’est le peu de sommeil des derniers mois qui est plus difficile.»

La maman de 28 ans a su dès le début de sa deuxième grossesse que celle-ci était différente de la première. La faim arrivait plus rapidement, la fatigue ne la lâchait pas. L’idée qu’elle soit enceinte de deux bébés lui a immédiatement traversé l’esprit, étant elle-même jumelle identique. Son hypothèse s’est confirmée lors de sa première échographie.

«Le médecin m’a dit qu’il entendait deux cœurs. J’étais très émotive, car je me disais que c’était beaucoup de travail s’occuper de jumeaux», raconte-t-elle.

Le couple n’était pas au bout de ses surprises. Quelques semaines plus tard, lors d’un nouveau rendez-vous, la maman a appris qu’elle ne portait pas deux bébés dans son ventre, mais trois.

«Ma première réaction a été de me demander comment j'allaiterais trois enfants avec seulement deux seins!, lance Mme Bergeron en riant. Puis, je ne savais pas comment j’allais annoncer la nouvelle à Guillaume.»

Ce dernier est tombé en état de choc.

«Mes mains tremblaient. Je me suis mis à penser à toutes les dépenses que ça allait engendrer, à la voiture qu’il allait falloir changer. J’ai vu ça comme une montagne impossible à surmonter», confie le Constantin de 34 ans.  

La famille de sa conjointe étant familière avec l’arrivée de jumeaux, elle a su désamorcer la situation sur le coup. Le sentiment de panique ne s’est toutefois pas dissipé, admet-il.  

Au terme d’une grossesse difficile nécessitant des suivis aux deux semaines à l’Hôpital Sainte-Justine et la visite régulière d’une infirmière pour prendre les signes vitaux des fœtus, Mme Bergeron a donné naissance par césarienne à ses trois filles en moins d’une minute, le 23 juin.

«Je n’ai pas pu les prendre dans mes bras, car elles devaient être transférées immédiatement aux soins intensifs et placées sous incubateur, raconte la maman qui a peiné à se remettre de l’opération. Guillaume me montrait des photos d’elles. C’est lorsque je les ai vues en vrai, couchées dans leur lit, que j’ai réalisé que j’avais eu trois bébés d’un coup.»

Routine

Le retour à la maison a été difficile pour le couple qui a cherché de l’aide et a réorganisé son quotidien. Il a retenu les services de deux intervenantes à domicile qui s’occupent des poupons quelques heures par semaine.

De plus, grâce à des dons de leurs proches, ils n’ont pas eu encore à acheter de couches. L’épicerie est livrée à leur porte, de même que les fournitures nécessaires pour les enfants.

«Les seuls moments où on magasine en personne, c’est lorsqu’on a un rendez-vous à l’hôpital. On profite du fait que nous devons sortir de toute façon de la maison. Sinon, ce serait trop compliqué», relate Mme Bergeron.

Cette dernière et son conjoint ont inscrit leurs filles à la garderie, à raison d’un enfant par jour, pour survivre à la routine quotidienne.

«Elles mangent une à la suite de l’autre pour qu’elles n’aient pas faim en même temps et qu’elles ne pleurent donc pas en même temps, explique-t-elle. En tout et partout, ça prend 1h30 pour les nourrir et changer leurs couches et on le fait aux trois heures.»

Le couple ne cache pas que sa relation en paie le prix, parce qu’il n’a ni le temps ni l’énergie de s’y attarder, explique-t-il.  

«Il faut aussi accepter que nous ne sommes pas des parents parfaits, que la maison n’est pas toujours rangée», ajoute Mme Bergeron.  

Le congé de maternité de la maman se terminera à l’été prochain, tandis que le papa a pris des semaines supplémentaires pour l’accompagner.

Par ailleurs, les deux Constantins ont lancé leur propre campagne de financement sur la plateforme Gofundme pour s’assurer de couvrir toutes les dépenses désormais multipliées par trois.

«Nos filles ne sont pas difficiles, mais elles viennent quand même par groupe de trois!» -Stéphanie Bergeron

Les triplettes de Saint-Constant

Stéphanie Bergeron, Guillaume Desparois, leur fils Maxence et leurs filles Axelle, Éliane et Noémie ne passent pas inaperçus partout où ils vont. Les commentaires non désirés fusent de toutes parts.

«Est-ce qu’elles sont toutes à vous? Ça doit être difficile. Oh! C’est la maman des triplettes! Aux yeux des gens, je n’ai plus de nom», soutient la Constantine.

Celle-ci dit appréhender les réactions des élèves, parents et professeurs lorsque ses filles iront à l’école.