Un ancien monteur de lignes part en affaires avec un drone

Après 16 ans à travailler à 400 pieds dans les airs comme monteur de lignes de télécommunications, Gino Belley prend un nouvel envol.
Le résident de Sainte-Martine s’affaire à lancer sa propre entreprise spécialisée dans la photographie aérienne à l’aide d’un drone : DRONE V.I.P.
Il en est à l’étape de préparer un plan d’affaires avec le Soutien aux travailleurs autonomes à La Prairie. «Ce n’est pas facile. Mais si j’ai été capable de monter dans les tours, je vais être capable de le faire», affirme M. Belley en entrevue.
«C’était impossible»
L’homme n’a jamais oublié sa toute première journée de travail comme monteur de lignes, ou plus précisément, «technicien aérien», dit-il. «C’était à Toronto, un building de 40 étages. Ce qui représente environ 400 pieds. C’était pas compliqué ma job. J’avais juste à percer des trous pour installer un fil. Mais c’était inconcevable que j’aille-là. C’était impossible. Quelqu’un d’autre est allé à ma place», relate Gino Belley.
Avec les conseils de vétérans, il a vaincu sa peur. «J’ai été chanceux de travailler avec des vieux mentors. C’est une richesse. S’ils ne transmettent pas leur expérience à quelqu’un, c’est perdu», fait-il valoir.
Après un bout, il s’est habitué aux hauteurs. «C’était comme aller à vélo», assure-t-il.
Les défis du monteur de lignes
Le froid, le vent et l’isolement constituent les grands défis du travail de monteur de lignes, selon Gino Belley. «Quand il faut moins 30 en bas, il faut moins 40 en haut au grand vent. Il ne faut pas avoir un bout de peau exposé. Ça gèle», dit-il. Et l’installation d’antennes s’effectue souvent en zones éloignées et inhabitées. «C’est dur physiquement. Si tu n’as pas la passion, tu ne peux pas être monteur de lignes», affirme l’ancien technicien aérien.
Un besoin
Avec Drone V.I.P, Gino Belley dit vouloir combler un besoin des entreprises qui déploient les antennes de télécommunications. Actuellement, ces compagnies doivent faire des photos des installations qu’elles érigent en grimpant dedans. Un drone permettra de faciliter le travail et d’obtenir de meilleurs clichés, estime M. Belley. Il vise ce marché principalement mais accepte aussi déjà d’autres contrats dans d’autres domaines.
Piloter un drone
Pour son entreprise, Gino Belley a acquis un drone à 2500 $. «Il y en a jusqu’à 150 000 $», note-t-il. Avant de l’utiliser, il s’est exercé sur un modèle à 100 $. «J’avais joué avant avec des avions téléguidées. C’est quand même assez facile à piloter», affirme-t-il.
Très règlementé
On ne peut pas faire voler un drone capable de capter des images selon son bon plaisir. «Il y a beaucoup de règlementation. Il faut être professionnel», souligne Gino Belley. Pour effectuer un vol, une entreprise doit obtenir au préalable un certificat d’autorisation de Transport Canada, souligne-t-il. Une assurance responsabilité adéquate et le respect de la vie privée figurent aussi dans les paramètres à considérer.
Une industrie en pleine expansion
À peu près inexistant au pays en 2010, l’usage commercial de drones progresse à une vitesse exponentielle, selon des données de Transports Canada. Toute personne qui utilise un drone pour le travail ou la recherche doit obtenir au préalable un «Certificat d’opérations aériennes spécialisées» (CAOS) de l’organisme fédéral. Le permis est requis pour chaque vol.
En 2010, Transports Canada n’a émis que 66 de ces CAOS dans l’ensemble du pays. Par la suite, le nombre de certificats délivrés a bondi de plus en plus haut chaque année. En 2016, c’est 4756 certificats qui ont été délivrés. Le Québec a largement contribué à la poussée de croissance avec 1702 CAOS obtenus. Ce qui représente 36 % du total alors qu’il abrite 23 % de la population du Canada.
Plusieurs nouvelles entreprises
Une recherche dans le Registre des entreprises du Québec fournit aussi un bon indice du phénomène. Environ 160 compagnies dans la province ont le mot «Drone» dans leur raison sociale. Du nombre, 121 ont été inscrites entre 2014 et aujourd’hui, ce qui représente 75 %.
Il ne s’agit pas ici de toutes les entreprises utilisant des drones. Une compagnie pourrait en faire usage sans l’indiquer dans son nom. Mais ça donne une idée de la percée de l’appareil au niveau commercial.
Enquêtes sur des infractions
Le nombre d’enquêtes de Transports Canada sur des infractions potentielles impliquant des véhicules volants sans pilote à bord a progressé avec la popularité grandissante des appareils. Avant 2013, elles se comptaient sur les doigts d’une seule main pour l’ensemble du pays. Puis, de 6, en 2013, le nombre a grimpé à 61 en 2014. Il est passé à 97 en 2015 et 125 en 2016, selon Transports Canada.
«Sky is the limit»
L’industrie des drones connaît une croissance fulgurante et, comme disait l’autre, «sky is the limit». «Au rythme où il s’en vend, le ciel sera bientôt envahi de drones», prédisait le magazine Science & vie dans son édition de mai 2014. Les formes et les formats que peuvent prendre ces objets volants téléguidés sont multiples. Ainsi que les tâches qu’ils peuvent accomplir.
5 tâches à leur portée
- Surveillance de frontière, bateau, culture, criminels, etc.
- Inspection de ponts, d’usines, de zones sinistrées et plus encore
- Transport de colis, médicaments, pizza, ou autre
- Intervention contre la sécheresse, des insectes, les cambrioleurs…
- Relayer des images ou signaux de télécommunications
(Source : Science & vie)