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Un blessé grave du carambolage sur l'A15 se souvient

le vendredi 19 février 2021
Modifié à 13 h 49 min le 19 février 2021
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Le 19 février 2020, Anthony Crête, contremaître pour une entreprise de toiture, quittait son chantier de Longueuil pour se rendre à celui de Saint-Constant. Il roulait sur l’autoroute 15 en compagnie de son collègue, loin de se douter qu’il se retrouverait gravement blessé à l’Hôpital Charles-Le Moyne quelques heures plus tard. À lire aussi : Des patients du carambolage de l’A-15 traités à l’hôpital Anna-Laberge Sur l’autoroute, le Constantin a dépassé un camion de pompiers dont les gyrophares étaient allumés. La visibilité était instable. «À cause du vent et de la poudrerie, on voyait bien et ensuite on ne voyait rien, se souvient M. Crête. Ç’a fait ça quatre fois. La quatrième fois, j’ai vu la vanne de 53 pieds à 10 pieds devant moi. Je suis rentré dedans à 100 km/h. Je n’ai rien pu faire.» Il se rappelle d’un véhicule à côté du sien, où étaient assis une dame et un enfant. «Si je lui rentrais dedans, je pense que je tuais les deux», dit-il. Une fois le camion immobilisé, le collègue de M. Crête s’est précipité à l’extérieur. «Il y a trois autres véhicules qui nous ont rentrés dedans. Il a failli se faire frapper», relate l’homme de 32 ans. [caption id="attachment_104225" align="alignright" width="363"] Le camion conduit par Anthony Crête était complètement embouti dans le vanne de 53 pieds, empêchant le Constantin de sortir. (Photo gracieuseté)[/caption] Coincé au froid De son côté, Anthony Crête était coincé dans son camion. «J’avais le moteur sur mes jambes, raconte-t-il. J’essayais d’arracher le dash avec mes mains, mais il n’y avait rien à faire.» Alors que son camion n’avait plus de fenêtres pour le protéger du vent, M. Crête a été coincé au froid pendant une heure et quart. Il a été un des premiers évacués par les pompiers, qui ont dû utiliser des pinces de désincarcération, et une des premières victimes du carambolage à arriver à l’Hôpital Charles-Le Moyne, fait-il savoir. «J’avais les os du tibia qui sortait de ma jambe gauche, se remémore-t-il. À droite, j’avais une lacération au mollet, tous les muscles étaient déchirés.»
«Je savais que c’était grave parce que je ne sentais pas le bas de mes jambes. Je pensais à mes enfants. J’essayais de rester calme.» -Anthony Crête
«C’est un combat chaque jour» Anthony Crête a subi deux chirurgies; une pour installer des tiges de métal dans sa jambe gauche, l’autre pour recoudre les muscles de sa jambe droite. Il a passé une semaine à l’hôpital avant d’être renvoyé chez lui en raison de la COVID-19, qui faisait son arrivée dans la province. Au lendemain de l’accident, les ambulanciers qui l’avaient traité d’urgence sont allés lui rendre visite à l’hôpital. «Ils m’ont dit que pour eux, c’était presque un miracle que je sois encore en vie, se souvient-il. Je ne pense pas qu’ils fassent ça à chaque personne qu’ils amènent à l’hôpital. J’ai trouvé ça le fun.» M. Crête a passé plus d’un mois en chaise roulante, puis l’été complet en marchette. À ce jour, un an après l’accident, il commence à marcher sans canne. Il doit se rendre à des rendez-vous de physiothérapie et d’ergothérapie six fois par semaine. Il boîte, ne peut pas descendre des escaliers ni courir, mais garde espoir de retrouver l’usage complet de ses jambes. [caption id="attachment_104226" align="alignleft" width="238"] Le siège conducteur. (Photo gracieuseté)[/caption] «Je travaille sur les toitures, donc je fais tout en mon possible pour marcher. Depuis l’accident, c’est un combat chaque jour», souffle-t-il. Choc post-traumatique Anthony Crête a subi un choc post-traumatique et est aujourd’hui suivi par un psychologue. Il est en mesure de conduire à nouveau, mais il a souvent des flashbacks de ce fameux jour de février. «Souvent, je suis à une lumière ou derrière une vanne et je pense juste à ça», laisse-t-il entendre. Son accident a complètement changé sa manière de voir la vie, confie-t-il. «La vie est fragile, il suffit d’une fraction de seconde pour se remettre en question. Depuis ce temps-là, les choses ont changé dans ma tête. Je ne me casse plus la tête pour des choses banales», dit-il.