Actualités

Un pharmacien visé par une action collective

le jeudi 20 juin 2024
Modifié à 15 h 59 min le 19 juin 2024
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

L'action collective vise les pharmaciens dits «de spécialité». (Photo d'archives)

Un pharmacien de Châteauguay compte parmi un groupe de pharmaciens dits «de spécialité» qui font l'objet d'une action collective intentée en Cour supérieure par l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) afin d'obtenir compensation pour les dommages financiers subis par ses membres.

Le pharmacien Martin Gilbert est cité parmi un groupe de six pharmaciens qui se partageraient, selon la poursuite, des revenus estimés à près d'un milliard et demi $ pour la distribution de médicaments de spécialité. C'est plus de 40 % de la distribution de médicaments de spécialité qui est concentrée entre les mains de moins de 0,5 % des pharmacies au Québec, mentionne l'AQPP. 

Les pharmaciens propriétaires demandent de déclarer nulles les ententes formelles ou informelles prévoyant des relations privilégiées entre les pharmaciens défendeurs, des gestionnaires de PSP et/ou des cliniques d’injection et de perfusion puisqu’elles donnent lieu à du dirigisme et contreviennent au principe de la liberté de choix du patient en santé.

Les médicaments de spécialité sont des médicaments prescrits pour des maladies complexes ou rares, ou médicaments orphelins. Ils sont généralement coûteux, qu’ils soient biologiques ou non, en raison des grands bénéfices qu’ils peuvent offrir aux patients et au réseau et qui ne sont généralement pas prescrits en première ligne ou comme traitements initiaux pour une condition de santé. Ce sont des médicaments qui nécessitent des suivis plus réguliers auprès des patients et qui sont prescrits pour traiter des conditions qui ne répondent pas aux traitements de première intention ou qui nécessitent certaines démarches administratives pour en assurer l’accès.

La vaste majorité des médicaments de spécialité sont associés à un « programme de soutien aux patients », dont la gestion est souvent déléguée, en tout ou en partie, à des gestionnaires tiers qui ont développé une offre de services à cet effet afin d'en faciliter l’accès.

Dans l'action collective, il est mentionné que Martin Gilbert est un pharmacien qui dispose notamment de relations
privilégiées et préférentielles avec le gestionnaire de PSP BioScript, et qui est située au 1525, boulevard Ford, à Châteauguay.

Celui-ci avait déjà fait l'objet d'une plainte par le passé au Conseil de discipline de l’Ordre des pharmaciens du Québec, pour laquelle il avait été reconnu coupable. Tout ça en référence au Code de déontologie des pharmaciens, qui stipule qu’est «dérogatoire à la dignité de la profession de pharmacien l’acte d’obtenir de la clientèle
par l’entremise d’un intermédiaire ou [de] s’entendre à cette fin avec un tel intermédiaire ». Dans un article du Devoir, publié en août 2023, M. Gilbert avait mentionné vouloir porter la décision en appel.

En réaction à cette action collective, le Regroupement des pharmacies de médicaments de spécialité du Québec a dit prendre acte de cette démarche. Il mentionne toutefois que, «à première vue, nous constatons que celle-ci semble davantage motivée par des enjeux commerciaux et par le désir de protéger un modèle d'affaires traditionnel plutôt que par la défense des intérêts des patients.»

Le Regroupement trouve «regrettable que l'AQPP ait initié une telle démarche sans d'abord chercher des avenues de collaboration avec les pharmacies visées.»

Le Journal a tenté de joindre Martin Gilbert, mais n'a pas eu de retour au moment de publier.