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Une famille syrienne repart à zéro à Châteauguay

le mercredi 27 janvier 2016
Modifié à 0 h 00 min le 27 janvier 2016
Par Patricia Blackburn

pblackburn@gravitemedia.com

«Il manquait de tout. De nourriture, d’eau, d’électricité. Puis il y avait beaucoup de bombes. On n’avait plus le choix, il fallait partir», confie Nour Barbar, arrivée depuis quelques semaine à Châteauguay avec son époux, Samir Karakouch, et leurs trois jeunes enfants.

Il s’agit de la première famille de Syrie à être accueillie en sol châteauguois depuis cette mobilisation mondiale visant l’accueil de réfugiés de ce pays.

La famille ne fait toutefois pas partie du projet de parrainage public du gouvernement canadien. Elle est arrivée ici avec l’aide de Michel Barbar, un Châteauguois d’origine syrienne qui n’avait jamais rencontré la fille de son cousin avant de venir la chercher à l’aéroport Pierre-Elliot Trudeau le 24 décembre. «Quand j’ai quitté la Syrie dans les années 1960, elle n’était pas encore née, précise M. Barbar. J’ai accepté de l’aider pour les enfants. Car, présentement en Syrie, les adultes peuvent peut-être se débrouiller, mais pas les plus jeunes. L’État Islamique a instauré  un climat de terreur constante. Les femmes et les enfants, notamment, risquent de se faire kidnapper.»

Lors de notre rencontre le 15 janvier, la mère de famille était chez son oncle avec sa plus jeune fille de deux ans. Ses deux plus grands, qui ont six et huit ans, étaient à l’école, alors que son époux préparait l’appartement où la famille prévoyait emménager le soir même.

La petite faisait semblant de nous servir le thé pendant l’entrevue.

«Les enfants s’adaptent très rapidement, constate Mme Barbar en observant sa fille. Le plus grand défi, c’est pour nous, les adultes», ajoute-elle. Pour nous, tout et nouveau : nouvelles personnes, nouvelle langue, nouvelle technologie….

Elle enseignait l’anglais en Syrie. C’est dans cette langue que l’entrevue s’est déroulée. Son époux exerçait le métier de technicien en informatique. Ils ne savent pas encore s’ils pourront trouver un emploi dans leur domaine. Les prochains mois, ils les consacreront à l’apprentissage du français.

De la Syrie à Châteauguay

Comme il n’y a pas de consulat canadien en Syrie, les cinq membres de la famille Karakouch se sont d’abord réfugiés à Beyrouth, au Liban, où ils ont attendu pendant six mois l’obtention de leurs papiers officiels pour gagner légalement le Canada.

Car pour quitter leur pays, il n’y avait que deux solutions, nous explique Mme Barbar : immigrer au Canada de façon légale, ou rejoindre les milliers de réfugiés de manière illégale en traversant les frontières vers l’Europe. «Nous avons eu cette chance d’avoir «oncle Michel» à Châteauguay. Sans lui, ça n’aurait pas été possible», confie-t-elle avec reconnaissance.

La famille a également bénéficié de l’aide de l’église Syriaque orthodoxe, qui a transféré leurs économies de la Syrie au Canada. Cet argent leur permettra de subvenir à leurs besoins pour leur première année à Châteauguay, endroit où la famille compte bien rester «pour longtemps».

 

Premières impressions

À son arrivée à Châteauguay, ce n’est curieusement pas la neige qui a le plus impressionné la famille Karakouch, mais la technologie qui est intégrée partout. «En Syrie, ça ne fonctionnait pas comme ça, par exemple à la banque», constate Nour Barbar. Pour la neige, ils en avaient déjà vu avant, «mais pas tant que ça». L’autre grande adaptation, nous dit la mère de famille, est celle qui concerne le système de taxes et d’impôts, bien différent de celui du pays qu’ils ont quitté.