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Une forêt en héritage

le mercredi 21 juillet 2021
Modifié à 12 h 13 min le 21 juillet 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

La microforêt vue des airs. (Photo gracieuseté)

C’est rien de moins qu’une forêt unique en son genre et porteuse de l’Histoire qui a récemment été aménagée à l’Île Saint-Bernard à Châteauguay.

Le résultat est l’œuvre des efforts de Guy Primeau, propriétaire de Services d’arbres Primeau à Léry, et de ses employés. Ils ont planté exactement 1 038 d’arbres et arbustes d’espèces indigènes (érable à sucre, chêne bicolore à gros fruits, caryer cordiforme…) qu’on retrouve au Québec.

Leur nombre total est une référence directe aux 1 038 Compagnons de la libération, c’est-à-dire les personnes qui ont contribué à la victoire de la France et de ses alliés durant la Deuxième Guerre mondiale. À ce jour, Hubert Germain est l’unique survivant ayant reçu l’Ordre des compagnons.

Grand passionné d’histoire, M. Primeau a eu la chance de le rencontrer lors d’une visite en sol français, il y a plus de quatre ans. Une amitié profonde est respectueuse en a découlé. De même que l’idée dans la tête de M. Primeau de créer une microforêt à titre de don de mémoire à M. Germain et aux anciens combattants.

«Sans leur soutien et au péril de leurs vies, la France et ses alliés [dont le Canada] n’auraient pu repousser l’envahisseur, rapporte M. Primeau, qui réside à Châteauguay. J’ai beaucoup de considération pour cette génération qui a dû faire de grands sacrifices pour se battre contre l’oppresseur et le fascisme.»

À l’annonce du projet, le dernier de l’Ordre des compagnons de la libération s’est exclamé avec émotion qu’il fallait l’appeler «La forêt des compagnons»!

Héritage Saint-Bernard, l’organisme de protection de l’Île Saint-Bernard, a accepté d’être la terre d’accueil de cette micro-forêt de 346 m carrés. Aménagée à proximité de l’entrée du sentier, elle n’échappe pas au regard d’aucun marcheur. L’organisme s’est engagé à clôturer la plantation pour en prévenir le broutage par des cerfs, à l’arroser et à la désherber.

Au terme d’un investissement de quelques milliers de dollars en arbres et en main-d’oeuvre de la compagnie de M. Primeau, la microforêt a été symboliquement complétée le 18 juin, soit le jour même où le président français Emmanuel Macron commémorait dans son pays le 81e anniversaire de l’appel du général de Gaulle.

Don porteur d’avenir

En plus de rappeler un pan important de l’Histoire, les arbres «aideront les générations à venir à combattre l’ennemi commun qui menace notre terre: les changements climatiques et les bouleversements qui désordonnent nos vies» se réjouissent M. Primeau et Héritage Saint-Bernard.

M. Primeau ajoute au sujet de ce projet qui lui tient extrêmement à cœur: «C’est non seulement une façon de commémorer la Deuxième Guerre, mais c’est aussi un message de paix pour les générations futures.»

«Les 1038 arbres s’élèveront hauts et forts, captant les gaz à effets de serre et autres polluants et contribuant à la qualité de l’air et la protection de l’environnement.»

- Guy Primeau et Héritage Saint-Bernard

Guy Primeau (à droite) en compagnie des membres de la Légion canadienne de Châteauguay, filiale 108, lors du dévoilement: Steve Jones, premier vice-président, le vétéran John Lannon, responsable des activités cérémoniales, Jim O’Connor, troisième vice-président, et le vétéran de la Marine royale canadienne Frank Cholette. (Photo gracieuseté)

Une des premières du genre au Québec

Il s’agit d’une micro-forêt Miyawaki, qui tire son nom de son inventeur, le docteur et botaniste japonais Akira Miyawaki. On n’en compterait qu’une poignée au Québec, alors qu’on en trouve quelque 3 000 dans le monde.

Cette méthode de plantation populaire au Japon consiste à utiliser une surface de plantation réduite pour y planter des arbres à haute densité, soit trois arbres par mètre carré, explique Services d’arbres Primeau. Ceci permet une croissance très rapide des végétaux, en seulement 20 à 30 ans.

«On parle ici de forêt multi-étagée avec des grandes arbres et des sous-arbres. C’est certain qu’après 20 ans, les arbres n’auront pas la même grosseur de tronc qu’un arbre centenaire, mais c’est la façon la plus efficace d’atteindre un semblant de forêt mature indigène», explique Vincent Lamothe, chargé de projet chez Services d’arbres Primeau.

Ces micros-forêts deviennent donc particulièrement intéressante en zone urbaine, fait-il remarquer.

Luc L'Écuyer, directeur général d'Héritage Saint-Bernard, en compagnie de Guy Primeau, de Services d'arbres Primeau, et Armande Roy. (Photo gracieuseté)