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Une infirmière de Châteauguay réanime son père

le mercredi 08 février 2023
Modifié à 16 h 22 min le 15 février 2023
Par Jules Gauthier

jgauthier@gravitemedia.com

Jennifer Saumure en compagnie de son père, Ronald Saumure. (Photo: Le Soleil - Denis Germain)

Jennifer Saumure, infirmière à l’Hôpital Anna-Laberge, a réussi à sauver son père en arrêt cardio-respiratoire grâce à l’aide providentielle d’une amie, le 14 janvier, dans une station-service de Châteauguay.

«Samedi le 14 janvier, mon père m’a appelée pour me dire qu’il avait des douleurs à la poitrine, une sorte de sensation d’indigestion. Il croyait qu’il avait mangé trop vite», a expliqué Mme Saumure.

Infirmière depuis 15 ans à Châteauguay, elle lui a alors demandé ce qu’il avait fait le matin. Ronald Saumure, 61 ans, lui a indiqué qu’il avait pelleté de la neige toute la matinée un peu partout dans le voisinage.

«Je lui ai alors dit d’aller tout de suite à l’hôpital, mais il ne voulait pas. Il m’a dit qu’il allait plutôt s’étendre un peu pour se reposer», a-t-elle relaté.

Loin d’être rassurée, Mme Saumure est allée chercher son père avec son véhicule pour l’amener aux urgences.

Une situation critique

Voyant qu’il n’y avait presque plus d’essence dans l’auto de sa fille, M. Saumure a insisté pour qu’elle arrête à une station-service. Malgré l’urgence, celle-ci a accepté de faire le plein au Esso de la rue Principale, à l’angle de l’avenue Bourdon.

«En payant, j’ai lancé un 20$ et j’ai couru vers ma voiture pour voir comment allait mon père. Quand j’ai ouvert la porte, il était devenu tout bleu et il avait perdu connaissance. Il était tombé en arrêt cardiaque!» a révélé l’infirmière de formation.

Malgré la panique qui s’est installée en elle à ce moment, Mme Saumure a transporté son père sur le sol enneigé de la station-service et a aussitôt commencé à faire des compressions thoraciques. 

Après avoir demandé à un témoin d’appeler une ambulance, l’infirmière s’est enquise à savoir si quelqu’un autour d’elle était capable de faire des manœuvres de réanimation cardio-respiratoire. Pas de réponse, les gens semblaient figés autour d’elle. Une dame a bien essayé de l’aider un peu, mais sans succès.

La providence

C’est à ce moment qu’un heureux hasard s’est produit; l’une des collègues et amie de longue date de Jennifer Saumure est passée devant la station-service.

«J’étais en auto avec mon garçon pour aller faire des courses et c’est là que j’ai vu Jennifer courir autour de son véhicule avec un air paniqué. J’ai fait un u-turn et je suis allé voir ce qui se passait», a raconté Valérie Malvaud, elle aussi infirmière à l’Hôpital Anna-Laberge.

Après avoir pris conscience qu’il s’agissait du père de son amie en détresse, elle s’est directement mise en «mode infirmière» et elles ont commencé à se relayer pour le massage cardiaque qui demande du rythme et de l’endurance.

Les ambulanciers sont finalement arrivés quelques instants après, au grand soulagement des deux femmes. «J’avais l’impression que ça durait depuis 15 minutes, mais dans les faits, c’était un petit 3 minutes seulement», a déclaré Mme Malvaud.

Les paramédics ont réussi à repartir adéquatement le cœur de Ronald Saumure avec un défibrillateur. Il a ensuite été conduit immédiatement à l’hôpital pour que son état de santé puisse être stabilisé.

Ronald Saumure en compagnie de sa conjointe Leslie-Anne (en bas à droite), de sa fille Jennifer saumure et de Valérie Malvaud (cheveux roses). (Photo: Le Soleil - Denis Germain)

 

Heureux dénouement

Le lendemain de l’incident, M. Saumure s’est fait poser des stents (endoprothèses) coronaires dans les artères bouchées. Après quelques jours de convalescence, il a enfin pu obtenir son congé de l’hôpital.

«On a reparlé de tout ça avec Jennifer au téléphone. Il y avait pas mal d’émotions, je peux vous dire, a confié Valérie Malvaud. Ronald m’a remercié chaleureusement quand je suis allé chez eux. C’était pas rien, on l’a vu mort et on l’a ramené à la vie!»

Les deux femmes ont déploré cependant le manque de réactivité des gens autour d’elles lors du moment critique. Mme Saumure trouve anormal que tout le monde ait figé alors qu’il y avait un homme en détresse étendu devant eux.

«Je comprends que ça peut-être stressant comme situation, mais il y avait une vie en danger et personne ne savait quoi faire, même celui qui a appelé le 911 ne savait pas quoi leur dire», a regretté pour sa part M. Malvaud.

Cette dernière estime qu’un petit coaching pour les situations d’urgence ne ferait pas de mal à certaines personnes.