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Une intervention impliquant un élève autiste dégénère en pleine rue

le mardi 01 novembre 2022
Modifié à 19 h 58 min le 01 novembre 2022
Par Jules Gauthier

jgauthier@gravitemedia.com

L'école spécialisée Brenda-Milner de Châteauguay a ouvert ses portes en octobre 2019. (Photo: Le Soleil - Jules Gauthier)

Myriam Bourassa, une éducatrice de l’école spécialisée Brenda-Milner à Châteauguay, considère que davantage de sensibilisation doit être faite dans la population au sujet des gens vivant avec un trouble du spectre de l’autisme. Ces derniers mois, elle a vécu une situation déplaisante alors qu’elle était accompagnatrice lors d’une sortie avec des élèves ayant des défis particuliers. Une altercation avec un employé de la Ville et un citoyen lui a laissé un gout amer.

Le 1er juin 2022, Myriam Bourassa et d’autres éducateurs spécialisés ont amené dîner un groupe d’enfants au restaurant McDonald's situé sur le chemin de la Haute-Rivière à Châteauguay.

C’est en quittant l’établissement qu’un jeune garçon de neuf ans a fait savoir à Mme Bourassa qu’il voulait rester au restaurant. « L’élève en question est autiste non verbal et il s’exprime souvent par des gestes violents. Il était fâché de partir et il me l’a fait savoir avec des coups ».

L’éducatrice, qui a 10 ans d’expérience, lui a alors maintenu les mains pour pouvoir communiquer avec lui sans se faire agresser alors qu’ils devaient traverser la rue.

Une rencontre pesante

Au milieu de la rue, alors que la lumière tombait au rouge, le jeune garçon a recommencé à faire des gestes violents. « Je l’ai tiré rapidement pour le mettre en sécurité. Je sais comment faire mon travail et je prends ça à cœur. Mes élèves ce sont comme mes enfants », a déclaré Myriam Bourassa.

C’est à ce moment-là qu’un employé de la Ville de Châteauguay a stationné son véhicule de type pick-up à côté pour s’enquérir de la situation.

« Il était avec son collègue, il est venu me voir pour me demander si j’étais la mère de l’enfant et si tout allait bien, a raconté Mme Bourassa. Je me suis présenté et je lui ai expliqué la situation. Alors que j’étais déjà pas mal stressé, il a commencé à me dire que je ne faisais pas la bonne affaire et que ça n’allait pas régler le problème! », a-t-elle assuré au Journal.

Selon elle, alors que le col bleu se faisait de plus en plus insistant, un automobiliste en colère est arrivé et a dit à l’employé de la Ville de ne pas lâcher l’affaire. « L’homme disait qu’il avait été agressé plus jeune et ce qu’il voyait ressemblait à la même chose. Je suis tombé des nues, a-t-elle dit, je faisais ma job et on m’accusait de sévices, je capotais ».

Les collègues de Myriam, qui ont vu la scène l’autre bord de la rue, ont finalement appelé les policiers. « On a pu finalement repartir vers l’école, mais j’étais sous le choc vraiment, je n’arrivais pas à fonctionner », a-t-elle confié.

Plus de sensibilisation

Cet épisode a été traumatisant pour l’éducatrice qui compte pourtant de nombreuses années d’expérience. Elle a ensuite consulté une psychologue qui lui a diagnostiqué un choc post-traumatique.

« Les fois suivantes, lorsque je sortais avec les enfants, je craignais de croiser quelqu’un qui allait me faire des remontrances. Heureusement que j’ai eu l'appui de mon école et des parents dans cette affaire », a dévoilé Mme Bourassa.

Cet incident lui a fait prendre conscience cependant du manque de sensibilisation de la Ville à propos de Brenda-Milner. « Tu as une école spécialisée pour les jeunes handicapés en pleine ville et tu as des membres du staff qui agissent de la sorte, c’est un manque de respect je trouve ».

Châteauguay se défend

La direction des ressources humaines de la Ville de Châteauguay, de son côté, a procédé à une enquête administrative après avoir pris connaissance de la version des faits de l’employé, du rapport de police et des déclarations de Mme Bourrassa et de sa collègue.

« Rien ne nous laisse croire qu’une faute ait été commise par notre employé puisque celui-ci souhaitait agir comme citoyen responsable et qu’il a agi de bonne foi en fonction de ses valeurs personnelles », a déclaré Christine Arsenault, conseillère aux communications à la Ville de Châteauguay.

La municipalité a également pris contact avec la direction de l’école, qui n’a pas souhaité porter plainte.

Un protocole particulier

Le Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries (CSSDGS) a, quant à lui, indiqué que « dans le cas d’élèves ayant des défis particuliers, il y a un protocole d’action propre à chacun des élèves, connu par l’équipe-école ainsi que par ses parents ».

Selon Hélène Dumais, directrice adjointe au CSSDGS, une personne qui ne connait pas le protocole et qui est témoin de l’application de celui-ci sur un élève, peut trouver cela particulier ou intense puisque ces actions permettent de limiter les conséquences physiques sur l’individu ou ceux qui sont proches.

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