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Une subvention au loyer allège la crise du logement, selon une élue

le mardi 06 avril 2021
Modifié à 9 h 41 min le 03 avril 2021
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Présidente de l’Office municipal d’habitation (OMH) Roussillon-Est à Sainte-Catherine depuis septembre, Julie Gauthier veut faire connaître le Programme supplément au loyer (PSL) aux propriétaires privés d’immeubles à logements. Elle estime qu’il s’agit d’une solution gagnant-gagnant, alors que le marché locatif vit des heures tumultueuses. À lire aussi: VIDÉO-Crise du logement : l’aide des gouvernements réclamée Le programme déployé par la Société d’habitation du Québec (SHQ) permet aux personnes, dont le budget est trop serré, de payer un montant équivalent à 25% du revenu total du ménage pour leur loyer. Le Supplément au loyer couvre la différence entre la part payable par le locataire et le loyer convenu avec le propriétaire. En 2020, 1 600 subventions étaient disponibles dans la province, mais moins de 400 ont trouvé preneurs, faute de demandes, fait savoir Mme Gauthier. «C’est un programme peu connu, mais qui peut aider beaucoup de gens», soutient la conseillère municipale de La Prairie. Cette dernière souhaite approcher le milieu politique et les locateurs privés, après avoir constaté les besoins criants dans le milieu. «Un comité d’urgence monté par la MRC de Roussillon et l’OMH de Châteauguay a aidé plus de 80 ménages l’année dernière. Ils ne pouvaient pas se loger et le processus était encore plus difficile avec la pandémie. Le comité leur a loué des chambres d’hôtel et a entreposé leurs biens, le temps que la situation se calme», relate-t-elle.
«En ce moment, des personnes dans la région doivent faire le choix entre se payer un logement ou mettre de la nourriture sur la table.» -Julie Gauthier
Mme Gauthier fait remarquer qu’il n’est pas rare de voir passer sur les réseaux sociaux des annonces de logement 5 et demi au prix de 1 500$ par mois. Or, les salaires pour les payer ne suivent pas, déplore-t-elle. «Par exemple, un parent monoparental travaillant au revenu minimum ne peut pas offrir présentement un logement salubre à ses enfants, affirme-t-elle. Autrement, il coupe ailleurs, dans la nourriture entre autres.» Pour la présidente de l’OMH, qui dessert La Prairie, Delson, Saint-Constant, Sainte-Catherine et Mercier, le PSL est l’avenue privilégiée afin que toutes les parties y trouvent leur compte. «D’une part, un propriétaire dont le locataire est subventionné est toujours assuré de recevoir une partie du loyer. Si la dernière partie n’est pas comblée, il a le droit de s’informer auprès de la Régie du logement et de lui demander de partir», souligne-t-elle, en précisant que peu d’entre eux ont toutefois dû se rendre jusque-là. «D’autre part, les gens qui vivent une mauvaise passe, comme ceux qui ont eu recours au Refuge des grands-froids à La Prairie cet hiver, ont la possibilité d’habiter dans un loyer adéquat, pas un taudis parce qu’ils doivent faire des choix financiers», ajoute-t-elle. Pas la bonne voie, dit la FROHME Bien qu’il «comprenne et appuie la démarche» de sensibilisation au PSL de l’OMH Roussillon-Est, Martin Bécotte fait savoir que ce n’est pas «son option favorite». Il estime que les efforts devraient plutôt être mis dans la construction massive de logements sociaux. À l’heure où la pénurie de main-d’œuvre est aussi un enjeu, le directeur de la Fédération régionale des OSBL d’habitation de la Montérégie et de l’Estrie (FROHME) croit que le logement social permettrait d’héberger des travailleurs pratiquant des emplois moins bien rémunérés dans des commerces de proximité. Les femmes, particulièrement les mères monoparentales, en souffrent davantage, soutient-il. «Les propriétaires n’ont pas de problème à combler les loyers, car il y a une rareté de logements», fait-il remarquer. Selon son expérience avec les locateurs privés, ces derniers ne retournent pas avec le programme lorsque leur locataire subventionné par le PSL part. Pour Mme Gauthier, un travail de vulgarisation et de sensibilisation auprès des propriétaires est nécessaire. «C’est tout à leur avantage, soutient-elle. Pourquoi n’aidez-vous pas votre prochain, en sachant que les revenus seront assurés grâce à la subvention?»

Loyer médian

Pour qu’un PSL soit octroyé, il faut en temps normal que le montant mensuel du loyer ne dépasse pas 110% du loyer médian dans la région. Dans certains cas exceptionnels d’urgence, le PSL a toutefois dû accepter des demandes allant jusqu’à 140%, fait savoir Julie Gauthier. Dans le secteur couvert par le Journal, le loyer médian pour un logement de deux chambres était de 895$ en 2020, selon la Société d’habitation du Québec. Le loyer médian des logements de trois chambres est de 1 075$, puis celui de quatre chambres à coucher grimpe à 1 450$.