Rue Ellice à Beauharnois: un secteur commercial en ébullition

Le propriétaire du Local du Barbier Patrick Vigneault. (Photo : Le Soleil – Denis Germain)
Au cours des 18 derniers mois, de nouvelles enseignes sont apparues sur la rue Ellice à Beauharnois. En janvier, un commerce légendaire a fermé ses portes. Portrait d’un secteur commercial en ébullition.
Depuis janvier 2024, Beauharnois a émis 9 certificats d’occupation commerciale sur la rue Ellice. Parmi ceux-ci : Le Local du Barbier et l’Atelier Koko & Karité. L’entrepreneur derrière Accès Croisières & Voyages, une entreprise aménagée sur la rue St-Laurent, compte aussi déménager ses locaux sur la rue Ellice le printemps prochain.
Le propriétaire du Local du Barbier Patrick Vigneault dirige son salon à Beauharnois depuis le mois d’avril. Il a choisi les locaux plutôt que la rue. Des barbiers, raconte-t-il, occupent l’emplacement depuis les années 1950. «Il y a des cheveux dans tous les pores de mon local», lance M. Vigneault. Peut-on parler d’un coup de chance? «Je connaissais le propriétaire de l’immeuble. Quand j’ai acheté [il y a un peu plus de 4 ans], l’autre barbier était en fin de carrière. Les étoiles se sont alignées», répond le jeune entrepreneur de 32 ans.
Au moment d’écrire ces lignes, l’Atelier KoKo & Karité n’était pas ouvert. L’entrepreneure Chérita Wonon Koko prévoyait accueillir ses premiers clients au début juillet. L’atelier, qui sera aménagé dans le même immeuble que Le Local du Barbier, produit et vend en ligne des shampoings pour cheveux crépus, savons et articles pour le corps et le bain depuis 2021. Sa clientèle : le grand public et les entreprises à qui elle offre également de la formation pour concevoir les produits. La croissance de l’entreprise, via une boutique physique, constitue une première. Mme Koko s’installe sur la rue Ellice à Beauharnois parce que le bail des locaux correspond à son budget. «C’est dans mes moyens. C’est un side business, j’ai un travail à temps plein», indique-t-elle.
L’agence Accès Croisières & Voyages a ouvert ses portes sur la rue St-Laurent à Beauharnois peu de temps après la pandémie de la COVID-19. L’entreprise, spécialisée dans la vente de croisières au détail et comme grossiste, a le vent dans les voiles. L’espace dans les locaux est restreint. Le propriétaire Marc-André Bourgie s’est porté acquéreur des anciens locaux des Librairies Boyer succursale de Beauharnois, sur la rue Ellice, au mois de mars. En novembre 2024, les propriétaires des Librairies Boyer, succursale de Beauharnois, ont annoncé sur les réseaux sociaux la fermeture du commerce au mois de janvier suivant.
À l’intérieur des anciens locaux de la librairie, c’est un chantier de construction. «On a enlevé le plancher cette semaine [du 23 juin], on va rentrer une mini-pelle, couler du béton pis on repart à neuf», explique-t-il. M. Bourgie aimerait bien devancer l’ouverture des nouveaux locaux de juin 2026 à mars 2026. L’entrepreneur évalue à près de 400 000 $ le montant des investissements.
La superficie de l’agence de voyages passera ainsi de 1500 à 7000 pieds carrés. Le choix de M. Bourgie s’est arrêté sur la rue Ellice en raison de la superficie des locaux convoités. L’homme natif de Beauharnois confie aimer la ville.
Revitalisation pensée depuis longtemps
Depuis 2017, l’administration municipale envisage sa revitalisation. En septembre 2023, les élus ont adopté un avis de motion en lien avec un emprunt de 20,9 M$ pour réaliser le projet en zone commerciale. Les travaux de réfection commenceront en 2025, assure la Ville dans une infolettre diffusée le 19 juin. Les premières sections de la rue Ellice à être transformées : la rue Richardson, entre la Capitainerie et la rue Ellice ainsi que la rue Ellice, entre le chemin Saint-Louis et le 228, rue Ellice, fait mention la Ville dans l’infolettre.
L’opinion des entrepreneurs, qui ont accordé une entrevue au journal, est mitigée sur l'impact des travaux. Patrick Vigneault se dit «très inquiet», malgré les efforts de la Ville pour le rassurer. «Pendant une période, il va y avoir un cratère devant mon immeuble, affirme-t-il. […] Ils ne sont pas capables de me dire à quel moment ils vont être rendus devant mon immeuble, combien de temps ça va durer.» S'il le savait, M. Vigneault aurait planifié ses vacances durant les travaux. L’entrepreneur demeure réaliste. Il sait que l’on ne peut pas «faire d’omelettes sans casser des œufs».
Chérita Wonon Koko pense différemment. Les travaux ne nuiront pas à ses opérations. La majorité de sa clientèle effectuant ses achats en ligne, le local de la rue Ellice servira d’abord comme atelier pour la fabrication des produits. «Si j’ai une clientèle locale, ce sera un plus», affirme-t-elle.
Marc-André Bourgie salue la Ville pour ses visites de commerce en commerce. L’entrepreneur relate avoir vu les plans, l’échéancier et les initiatives de Beauharnois pour soutenir les commerçants durant les travaux. «Ce qui va être problématique, c’est le stationnement, mais bon. À suivre», dit-il en ajoutant que la revitalisation haussera la valeur de son bâtiment. D’autres commerçants demeurent optimistes devant l’avenir de cette artère.
Fonds de 655 000 $
La MRC de Beauharnois-Salaberry gère un programme de financement pour les entreprises en démarrage, en expansion ou en croissance établies à Beauharnois. Le montant de l’enveloppe du Fonds Rio Tinto Alcan : 655 000 $. «De mai à décembre 2024, 3 entreprises ont bénéficié de financement et subventions RTA et se sont implantées ou ont rénové leurs locaux au centre-ville. Nous avons encore des fonds à consacrer aux projets qui se présenteront en 2025», indique Stéphanie Gosselin, directrice des communications à la Ville de Beauharnois.
Le Local du Barbier n’a pas bénéficié du fonds RTA. L’Atelier KoKo & Karité et Accès Croisières & Voyages y verront. Chérita Wonon Koko y compte bien pour financer la future enseigne aux couleurs de l’entreprise. Marc-André Bourgie entend faire une demande de subvention du fonds Rio Tinto Alcan pour les améliorations locatives du bâtiment. Il attend de se voir remettre les plans des architectes pour aller de l’avant; plans en cours au moment d’écrire ces lignes.
En 2024, plus de 5,9 M$ ont été investis à Beauharnois dans le secteur commercial, soulève le coordonnateur aux communications à la MRC de Beauharnois-Salaberry Christian Lambert. De ce nombre, un peu plus de 3,4 M$ découlent de la rénovation d’espaces commerciaux. «Le Fonds Rio Tinto Alcan a investi jusqu’à présent 105 000 $ en prêts et 38 150 $ en subventions», informe M. Lambert.
Nouveaux commerces établis sur la rue Ellice depuis janvier 2024 :
- Club de boxe Didier Bence
- Le Repère familial
- Les Félins Gourmets
- 9434 9479 QUEBEC INC. (Liquidation Beauharnois)
- Dicaire Portes et Fenêtres
- L’Atelier Koko & Karité
- Le local du Barbier
- Office municipal d’habitation de Beauharnois
- Solution Division Compta Courtier
Source : Ville de Beauharnois