chronique

Préposés aux bénéficiaires et Petits Blongios, même combat

le jeudi 14 mai 2020
Modifié à 11 h 29 min le 29 avril 2022
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

(Photo : Dominic Gendron)

Les préposés aux bénéficiaires sont des oiseaux rares. Les Petits Blongios aussi. À lire aussi : Des travaux pour garder des espèces dans l'île Saint-Bernard Les circonstances qui ont conduit le petit héron à faire son nid à Châteauguay m’inspirent une réflexion sur les « PAB ». J’ignorais l’existence du Petit Blongios jusqu’à récemment. En janvier, l’organisme Canada Illimités m’a invité au Refuge faunique Marguerite-D’Youville pour faire le point sur des travaux en cours. L’organisme s’est chargé de restaurer une digue longue de 1,7 km dans l’île Saint-Bernard et de réhabiliter des ouvrages de contrôle des niveaux d’eau. Ces aménagements ont été réalisés en 1999 après un constat : après la crue printanière, les marais du site se vidaient. Toute l’eau retournait au lac Saint-Louis et à la rivière Châteauguay à proximité. Un peu comme dans notre société humaine, les plus riches se remplissaient alors que les terres moins nanties séchaient. Les ouvrages réalisés par Canards Illimités retiennent de l’eau dans l’île sur une plus longue période de l’année. Ce faisant, ils favorisent la diversité de la vie. Grâce à la présence d’eau dans les marais, des poissons vont s’y reproduire et y élever leurs familles. Des reptiles, des batraciens, toutes sortes d’oiseaux y trouvent un habitat favorable. Parmi les histoires à succès, il y a le Petit Blongios, m’a confié Dominic Gendron, coordonnateur à la protection et à l’aménagement du territoire chez Héritage Saint-Bernard. «C’est un héron minuscule qui est très rare, a-t-il exposé. On en retrouve seulement 200 couples au Québec. Il n’était pas connu comme utilisant le site de l’île Saint-Bernard avant les travaux de Canards Illimités à la fin des années 90. Depuis, il a adopté le site. Il y en a jusqu’à 12 couples par année. Ce qui en fait un des sites les plus importants pour la préservation de cette espèce rare au Québec.» Il aura fallu la crise de la COVID-19 pour réaliser à quel point la mission des préposés aux bénéficiaires est importante, combien ils sont précieux et rares. Et combien leurs conditions de travail ressemblent au marais de l’île Saint-Bernard avant 1999. Le premier ministre François Legault a ouvert les vannes pour améliorer leur habitat. Mais comme pour le Petit Blongios, il faudra une structure permanente pour favoriser l’épanouissement et la multiplication des PAB. Ça prend des digues et des vannes pour leur garantir un environnement aussi agréable que l’île Saint-Bernard pour de nombreuses espèces. En fait, ce sont tous les moins nantis qui sont concernés. C’est à l’échelle de la planète qu’il faut transformer la tuyauterie qui assure la distribution des dollars. Actuellement, la popularité l’emporte trop souvent sur l’utilité. Histoire de la photo Merci à Dominic Gendron pour la photo de Petit Blongios qu'il a prise dans l'île Saint-Bernard ! Dans quelles circonstances a-t-il immortalisé le bel oiseau en action ? "Je marchais simplement sur une passerelle quand j’ai observé du mouvement dans la végétation et j’ai aperçu ce magnifique Petit Blongios qui chassait les petits poissons dans l’eau, explique-t-il. Quelques secondes après cette photo il a capturé un petit poisson et s’est rapidement réfugié dans la végétation à l’abri des regards. Ce fut un court moment privilégié avec cet oiseau rare. J’ai aperçu plusieurs Petit Blongios au fil du temps."